Ce soir encore...

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         Ce soir encore, tu les entendras t'appeler. certains crieront, d'autres chuchoteront ton prénom, parfois ce ne sera pas le tien. Peu importe où tu seras, ils te suivront, t'attendront; finalement, c'es toi qui finiras par les suivre, persuadé qu'ils veulent te montrer une chose que tu dois savoir ou que tu désires. Même si tu refuses, par peur ou par lucidité, tu finiras par accepter. Plus tu en aura peur et plus l'envie de savoir te rongeras, chaque partie de ton corps te feras payer ton indifférence et parfois, il te puniras d'avoir cédé à la tentation.

          Les voix que tu entendais deviendront alors des visages, des corps ou de simples ombres; bien sûr, beaucoup te sembleront familières alors tu leur offriras de ton temps puisque, de toute façon, maintenant il font partie de ta vie. Ils te prendront la main, frapperont tes ennemis, t'enfermeront dans des placards, te brûleront, t'arracheront la peau mais ils ne te tueront pas. Assis au bout de ton lit, ils te chanteront des chansons, te raconteront leurs journées, te maudiront et te rappelleront que tu n'es rien. Et, finalement, tu sentiras que ta vie deviendra la leur. Peu importe, la plupart d'entre eux font partie de ton imagination, bien que tu ne saches plus vraiment différencier le faux du réel.

          Si tu es assez résistant, ils t'apprendront à être plus fort, plus rapide et plus malin; pourtant tu continueras à te sentir faible face à eux. Certains te défieront, ne recules surtout pas, ils connaissent toutes tes faiblesses. Acceptes, souris et fixe les sans cesse, ils finiront par te laisser tranquille. Il est possible qu'ils disparaissent un temps, ne te réjouis pas car ça pourrais être un test. Tu cacheras alors tes cicatrices, tu laveras le sang que tu as sur les mains et souvent, ça seras le tien. Les voix reviendront peu à peu sans que tu ne t'en aperçoive, plus paisibles qu'avant, elles te rassureront, te soutiendront pour un temps. Les apparitions reviendront peut être, te feront des signes pour te rappeler que tu ne seras pas seul, qu'à chaque instant ils sauront te venir en aide d'une certaine manière. Et ce sera à partir de cet instant que tu te mettras à avoir peur de tout.

        Les maux de tête deviendront de plus en plus fort, tu perdras probablement la mémoire parfois, tu espéreras qu'elle ne revienne pas, tu chercheras un moyen de lutter via les mots, les sons, les formes ou les couleurs. Tu t'ouvriras toujours plus au monde ou alors tu te fermeras complètement, tu te sentiras prisonnier par ceux qui t'entoureront ou alors tu penseras être de trop. Tes sourires se figeront, tes yeux toujours dans le vague, les bras ballants et tremblants.

      Ce soir encore, tu les entends t'appeler. certains crient, d'autres chuchotent ton prénom, et parfois ce n'est pas le tien. Peu importe où tu es, ils te suivent, t'attendent; persuadé qu'ils doivent te montrer ce que tu dois savoir, ce que tu désires. Si tu refuses, par peur ou par lucidité, chaque partie de ton corps te le fais payer ton indifférence et il te punis d'avoir cédé à la tentation. Et là, tu te vois dans le miroir, debout, les yeux grands ouverts, des silhouettes autour de toi et de l'autre côté. La lame se rapproche de ta gorge, tremblante comme la main qui la tient, elle ne réponds plus. Ton sourire revient en entendant les voix qui t'encouragent car tu sais que tu peux le faire, tu as toujours été plus forts qu'eux et tu vas enfin le leur prouver. La douleur est insoutenable, la lame tombe, tu la rejoins lourdement sur le sol puis, après quelques minutes, tu te relèves, le corps endolori. Tu as survécu une nuit de plus, juste une nuit comme toutes les précédentes en fait. Tu sais que ce n'est pas la dernière alors tu attends la lumière du jour, affaibli mais vivant une fois encore.


4 murs blancsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant