Le dernier repas d'un condamné

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      Les rires, les sanglots, le concerto des klaxons, le bruit d'un freinage trop rude, celui de deux voitures qui se heurtent, les hurlements. Les sonneries de téléphone, les gens qui les gardent greffés à leurs oreilles, leurs voix perçantes qui cherchent à cacher leurs vraies émotions. Un ange passe, puis un train, un avion, soyons fous en disant une soucoupe volante. Une syllabe, un mot, une phrase, un discours sortant de la bouche d'un muet s'adressant à un sourd. Au fond, le pire ce n'est pas le silence mais le bruit qui s'accumule autour.
         Un sourire, un soupir, un clin d'œil, un signe de la main, une main qui en agrippe une autre, une gifle, l'autre main qui se serre sur la gorge, un coup de couteau dans le thorax, un corps qui tombe lourdement. Un pliage, un lancer, un avion en papier, un regard par la fenêtre, un saut, une chute. Et là, vous vous rappelez qu'on vous as dit qu'il suffisait de déployer les ailes et regarder en avant.
          Un parfum doux, âcre, léger et épicé. Une odeur de sucré vous rappelant celui des gâteaux de votre grand mère, celle âcre de la mort. Une fragrance brute et audacieuse, celle de votre moitié, qui repose encore sur l'oreiller, celui que vous avez pourtant lavé des dizaines de fois. Un parfum de vos plus beaux souvenirs qui se transforment en cauchemar.
        Des images familières et étrangères à la fois, de la violence hors de sens, comme celle de votre enfance. Ces photos que vous avez accumulées, vestiges de souvenirs matériels dignes d'être partagés, tapisseries de votre jardin secret. Et ces images défilent rapidement dans votre tête.
     Un goût de merveilles, celui du chocolat et de la crème anglaise, un parfait mélange de chantilly et de de fraise. Les arômes encore inconnus qu'ils vous restent encore à découvrir, ceux que vous reconnaîtraient entre milles, comme si vos pupilles étaient les guides d'un musée s'extasiant devant ces nouveaux trésors à garder.

      Hélas, vous n'avez plus faim. Pourtant, vos entrailles se mettent à hurler, vous paralysant de l'intérieur. C'est ça la vie, savoir quand savourer la mort.

         

4 murs blancsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant