Chapitre VI

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La suite se passa comme dans le brouillard. Après tant de nouvelles informations ahurissantes et d'aventures assez peu banales, son cerveau était au bord de la saturation. On les emmena à l'hospice de la ville ou un médecin et un prêtre d'Asklépios°, se disputèrent sur son cas pendant trois jours. Trois jours ou il ne put voir personne et ou il se rétabli doucement.

Lorsque ses soigneurs bien-pensants eurent décrété qu'il était remis d'aplomb, il reçut une missive du roi Eurycratidès pour le convier à un banquet dans son palais pour fêter sa victoire. Après avoir eu l'occasion de goûter l'austérité des spartiates, Hylas hésita avant d'accepter. Il se trompait: c'était une fête magnifique. Tous les plus nobles de la ville étaient présents. Il faisait très doux et une longue table surchargée de mets et de convive s'étendait dans la cour du palais.

Cependant Hylas était mal à l'aise. Lui, pauvre petit Athénien, ne se sentait pas à sa place au milieu de tout ce luxe. Eria, elle était comme un poisson dans l'eau. Elle s'était parfaitement remise de ses blessures te mangeait et buvait beaucoup en riant très fort. Les spartiates, loin de s'en offusquer l'encourageait en l'abreuvant de vin. Mais elle avait l'air de très bien tenir l'alcool.

Hylas ne savait pas quoi penser d'elle. Ils n'avaient pas pu parler depuis leur victoire et un malaise s'était installé entre eux. Tout s'était passé tellement vite...Il se promit de lui reparler. Il avait encore du mal à réaliser ce qu'il avait vu, encore moins ce qu'il avait entendu.

Alors qu'il se décidait à manger et qu'il prenait une olive dans un plat devant lui le roi se leva et le silence se fit. Eurycratidès prit la parole en s'adressant aux vainqueurs.

-Mes chers invités! Malgré que vous ne soyez pas de cités amies-il glissa un regard en coin à Hylas- nous sommes fiers de vous recevoir dans notre belle cité de Sparte. Pour tous vos exploits accomplis pendant la course au trophée, j'ai l'honneur de vous récompenser comme il se doit.

Il claqua des doigts et le maître des jeux apparut, suivit de deux esclaves qui portaient, l'un un coffret, l'autre, un coussin de velour où reposaient deux couronnes de lauriers. Le roi reprit:

-Nous sommes heureux de remettre ces milles drachmes aux vainqueurs!

L'esclave qui portait le coffret l'ouvrit, dévoilant un tas de pièces d'or et d'argent.

-Et, continua le roi, les lauriers de la victoire!

Le maître des jeux s'avança avec l'autre esclave et posa délicatement la première couronne sur la tête d'Eria et un peu moins délicatement la deuxième sur celle d'Hylas. Les spectateurs applaudirent à tout rompre. Eria rayonnait mais la gêne d'Hylas persistait. Il pressentait autour de lui de la haine, ou, du moins de l'animosité à leur encontre. Aurait-il pu en être autrement? Sparte et Athènes étaient en guerre depuis des siècles. Que ce ne soit pas un des leurs qui ait remporté la course les blessait profondément dans leur orgueil. Hylas tenta de ne plus y penser mais c'était difficile. Toute cette colère lui portait sur les nerfs. Il afficha un sourire crispé en tentant de faire bonne figure.

-Et voici enfin la récompense spéciale, s'écria le roi en prenant un écrin posé derrière lui. Un présent qui nous a été offert par Héphaïstos° lui même!

L'imagination d'Hylas s'emballa. Un objet venant de l'atelier du dieu forgeron ne pouvait être qu'incroyable. Un arc, une épée magique... Peut-être un char? Puis il prit conscience que l'objet en question devait tenir dans l'écrin, de la taille d'une brique. Il en fut très déçu. Cela devait être un anneau, une bague peut-être? En tout les cas rien de quoi s'enthousiasmer.

Le roi ouvrit lentement la boîte. L'assistance retint son souffle...Le couvercle tomba en arrière.

C'étaient des billes. Deux simples billes en bronze polies, de la taille d'une noix. Un silence crispé plana. Puis Eria posa à voix haute ce que tout le monde pensait:

Les Chroniques de La CléWhere stories live. Discover now