Janus se tut, le temps pour Hylas d'intégrer ce qu'il venait d'apprendre. Puis il reprit.
-Non seulement tu va nous aider à vaincre Gaïa, mais tu accomplira aussi d'autres exploits. Tu partira bientôt pour Tirynthe où tu retrouvera Héraklès, le fils de Zeus. Tu l'accompagnera dans ses quêtes. Et, quand le moment sera venu, nous t'appelerons et nous combattrons Gaïa. Cependant, si notre ennemie apprenait ton existence, elle ferait tout pour te tuer. Il ne faut pas que tu te fasse remarquer.
Janus soupira.
-Zeus ne m'a permis de te voir que pour te dire ceci. Je regrette de ne pas pouvoir passer plus de temps avec toi. Cependant, j'ai deux cadeaux pour toi.
Il se leva. Hylas fit de même et les deux fauteuils disparurent. Janus tendit la main vers son fils et lui donna deux magnifiques poignards en bronze ouvragé qui s'étaient matérialisés dans sa main.
-Ces deux poignards, expliqua le dieu, sont des armes divines. Aucun immortel n'y résiste. De plus, j'ai appris que tu n'était pas mauvais au tir. Je n'ai pas pu te procurer d'arc, mais ces poignards te reviendront seuls dans tes mains lorsque tu les auras lancés sur tes ennemis ou lorsque tu les auras perdus.
Hylas n'en croyait pas ses yeux. Il prit les poignards. Ils étaient parfaitement équilibrés, longs d'une trentaine de centimètres, avec des poignées de cuir. Une gaine était apparue autour de la ceinture d'Hylas. Il y glissa les poignards.
-Merci,...père.
-Oh, tu sais, fit Janus d'un ton léger, ce n'est pas le plus beau des deux cadeaux que j'ai à t'offrir. Approche maintenant.
Janus posa les mains sur les tempes de son fils. Celui-ci sentit une vive chaleur irradier dans son crâne. Cette chaleur amplifia, il avait l'impression qu'on le marquait au fer rouge. Il hurla de douleur.
***
Eria, dans la bibliothèque du palais, lisait un traité de magie. Le jour déclinait déjà. La porte s'ouvrit et Hylas lui fit signe de venir avec lui. Eria roula précipitamment le parchemin et sortit le plus silencieusement possible. Ils sortirent du palais tout les deux. Eria le pressait de questions.
-Alors? Comment ça s'est passé? Il était là? Qu'est-ce qu'il t'a dit? C'est bien ton père?
-Tu avais raison, lui répondit Hylas d'une voix posée, c'était bien Janus. Il m'a dit ce que j'allais devenir... Et ce que je devrais faire.
-Une quête? reprit Eria toute excitée. Et alors? Qu'est-ce que tu dois faire?
-Je dois partir pour Tyrinthe, éluda Hylas.
Eria marmonna, peu convaincue.
-On dirait un jeu de piste ton affaire. D'abord Sparte, puis Tyrinthe... et après?
-Je sais que ça peut paraître étrange, répliqua Hylas, mais je n'ai pas le droit d'en parler. Ce que je sais, c'est que je vais partir. Mais avant de me quitter, mon père m'a donné deux choses.
-Quoi donc, demanda Eria, piquée par la curiosité?
-Ces deux poignards...
Il en sortit un de sa gaine. Depuis qu'il était sortit du temple, il avait eu le temps de s'entraîner. Il visa un olivier noueux, à quelques dizaines de mètres. Le poignard se ficha dans l'écorce de l'arbre. Hylas tendit la main. Le poignard se détacha du tronc et revins seul dans la main du jeune homme.
-Incroyable, s'écria Eria, admirative. La magie qui lie ces poignards à toi est très puissante!
-...Et il m'a aussi donné une part de son pouvoir divin.
-Quoi, cria Eria, incrédule?
-Il a amélioré ce que je possédait déjà. Tous mes dons sont amplifiés.
-Incroyable, répéta Eria. Mais alors, tu peut te rendre à Tyrinthe en utilisant ton pouvoir avec les portes!
-Non, répondit le jeune homme, Janus m'a demandé de faire le chemin à pied. Je ne sais pas pourquoi.
-Et quand pars-tu?
-Maintenant.
Eria remarqua qu'Hylas avait déjà préparé ses affaires. Il portait sa besace et son arc en bandoulière.
-Eria, demanda Hylas, veux-tu venir avec moi?
Eria s'assombrit.
-Non. Je suis désolée Hylas mais mon destin m'attends ailleur. Je vais mettre à profit mes drachmes. Mais je pense qu'on se reverra. J'ai encore quelque chose à te montrer.
Elle sortit de sa poche une balle en bronze. Une des deux offertes par le roi de Sparte. Elle la déposa au sol et tendit la main au dessus.
-Alaham Sabaa!
Elle avait prononcé son imprécation en articulant bien chaque syllabe. À ces mots, la boule s'ouvrit, se déploya, se déboita pendant une bonne trentaine de secondes. À la fin, la balle avait pris la forme d'un griffon de bronze aux yeux de rubis, de deux mètres de haut et de cinq mètres d'envergure, ailes déployées. Le ronronnement des moteurs faisait vibrer sa peau métallique.
-Incroyable, dit Hylas.
-Je t'avais dit que le cadeau du roi avait beaucoup de valeur. Il s'appelle Sabaa. Tu peux lui demander ce que tu veux. Il obéit au doigt et à l'oeil à celui qui le réveille. Pour le réveiller il suffit de dire "Alaham Sabaa". Et pour qu'il se rendorme, il faut dire: "Darelam Sabaa". Le griffon se replia et repris sa forme de balle.
-C'est physiquement impossible, grommela Hylas.
-Héphaïstos se moque de la physique, rétorqua Eria. Prends-le. Il te protégera.
-Plutôt deux fois qu'une, s'exclama Hylas!
Eria éclata de rire.
-Tiens, dit-elle.Tes cinq cents drachmes. Bonne chance et au revoir Hylas, d'Athènes, fils de Janus!
-Merci. Bonne chance à toi, qui que tu fasses, Eria de Thèbes, fille d'Hécate!
Elle rentra dans la bibliothèque. Hylas parti.
***
Il sorti de la ville et se dirigea vers la forêt. Une fois arrivé, il sortit Sabaa.
-Alaham Sabaa!
Quand le griffon se tint devant lui, Hylas monta sur son dos. Il y avait une incurvation qui semblait faite pour lui.
-En avant Sabaa, s'écria Hylas! En route vers Tyrinthe!
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Les Chroniques de La Clé
ParanormalLa Mythologie grecque retracée en suivant Hylas, le compagnon d'Héraklès