Oubliez Tout Ce Que Vous Savez Sur Les Nymphos

XXI - Rupture

Yassine avait écouté Erika avec attention, il était déjà convaincu avant qu'elle ouvre la bouche alors bon ça servait pas à grand chose.

«Je te soutiendrai dans ta décision, dit-il.

—Ma mère sera sur les nerfs.

—Non, on la gérera. Mais tu prends la bonne décision.

Elle sourit. 

—Il faut appeler. Tu peux le faire pour moi ?

Il hocha la tête.

—Pas de soucis.»

Et il s'exécuta. Ça y est, elle avait rendez-vous pour dans deux jours.

***

Ils étaient restés allongés ensemble sur le lit, sans rien faire, elle lui avait parlé de son infection et il avait ri en disant qu'elle servait à rien. Elle lui avait répondu qu'il devait avoir le SIDA, il n'eut rien à contester, c'était sûrement vrai. 

Quand il était avec elle, il aimait s'imaginer une vie heureuse, où tout irait bien entre eux. Mais il se souvenait toujours du fait qu'elle avait quatorze ans putain. C'est pas ouf. Il soupira. Il attendrait l'avortement pour lui annoncer qu'il allait rompre tout contact, elle avait beaucoup trop de soucis. Elle était accro au sexe, c'était évident. Et puis au fond, il était certain de pas l'aimer, il la voyait plus comme une sœur.

***

«Ça y est, affirma Erika en sortant de chez le médecin.

—Comment tu te sens ? demanda Yassine en la prenant dans ses bras.

—Bien, bien. Soulagée.

—Tant mieux.»

Ils sourirent.

«Tu veux aller manger quelque chose ? Faut qu'on parle.»

Elle accepta volontier. Et comme au premier jour, Erika étant habillée enfin normalement, ils s'installèrent au grec sans supplément sauce blanche. 

«Riri, commença-t-il après avoir piqué un croc.

—Oui Yas ? elle avait toujours ce petit truc doux dans les yeux, tellement d'innocences et de candeur alors qu'elle avait traversé tant de choses.

—Je suis désolé, mais on ne peut plus se voir.

—Quoi ? Mais... Pourquoi ?

—Parce que t'es trop jeune bordel. J'ai attendu que tu ailles mieux... Et j'aimerais t'aider, mais t'as trop de souci. Tu vas pas bien Erika. Concentres toi sur ta vie, essaie de grandir.

—J'ai fait tout ça pour toi ! cria-t-elle en poussant son plateau, tous les clients du grec se retournèrent vers elle.

—T'as fait quoi pour moi ?

—Tout est de ta faute ! Je voulais être parfaite, pour toi ! Je voulais ressembler à une femme sexy, douée au sexe, pour toi !

—Mais t'as quatorze ans ! 

—Et quoi ? T'en as dix huit ça fait de toi un dieu ?

—Non, ça fait de moi un délinquant. Je t'ai jamais demandé de faire quoi que ce soit pour moi.

—T'as pas compris que tous ceux avec qui j'ai couché j'ai couché avec eux pour t'énerver ? Pour me venger ?

—Et quoi ?

—Ça t'as pas mis en colère ?

—Évidemment que si ! Mais pas pour cette raison Erika. Parce que t'as détruit ton enfance, t'as plus rien maintenant.

—On allait se marier ! pleura-t-elle en lançant sa boisson.

—Tu as quatorze ans putain de merde ! Et je suis une merde ambulante, tu te rends compte de ce que tu me fais ? De ce que te tu fais ? Il faut que t'ailles chercher de l'aide.

—Mais je vais très bien ! J'ai le droit de faire ce que je veux. Tout ce que je veux. 

Il souffla.

—Fais tout ce que tu veux loin de moi, s'il te plaît.»

Et il partit, sans dire un mot de plus (mais il a quand même payé ouehoueh), laissant Erika en déperdition.