Mickaël a toujours senti que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde. Jamais il n'avait pu se résoudre à croire qu'il ne pouvait y avoir que ça ; cette petite vie minable et ce quotidien sans intérêt. Il avait toujours nourri de vagues espérances sur un "ailleurs"... ou simplement, autre chose que ce qu'il était contraint de vivre, jour après jour.
Il avait maintenant vingt ans et poursuivait ses études de médecine dans une université du Maryland. Il partageait sa passion des ordinateurs et des techniques virtuelles en tout genre avec Léo, un ami de longue date. Celui-ci n'épousait pas les idées utopistes de son camarade sur l'espoir d'un autre monde. Cartésien et bon vivant, il jugeait souvent son ami trop rêveur.
Lundi matin, 9h00.
Le cours de biologie animale venait à peine de se terminer et Mickaël était déjà assis dans l'herbe du parc voisin, un carnet de notes entre les mains. Il avait commencé à y noter ses pensées et ses impressions journalières, il y avait un an.
« ... Pourquoi tout me parait si différent de ce qu'il devrait être ? Ses arbres, ses rochers, ses gens, pourquoi tout cela me semble-t-il faire partie d'un film mal interprété où l'on ne peut croire au déroulement malsain ? Pourquoi ces faux-semblants, ces apparences ? Serais-je un précurseur qui dévoilera au monde son vrai visage ? Suis-je le seul à comprendre qu'il se trame quelque chose ? Que la vie n'est pas ce qu'elle parait être, qu'on nous trompe et qu'on nous manipule ?... »
Léo arriva à sa rencontre :
- Eh, Mike !
Il releva la tête. Son ami s'installa à ses côtés.
- Tu viendras samedi à la soirée qu'organise Jennifer ? Tu es en tête de liste à qu'il parait ...
- Je ne sais pas, répondit-il en se replongeant dans ce qu'il venait d'écrire.
- Voyons, Mike ! Cette fille est super sexy et ce sera vraiment chouette... D'autant plus qu'à mon avis, elle en pince sérieusement pour toi, tu ne voudrais pas laisser passer une chance pareille ?
- A ton avis... oui ? Bon... si tu veux.
- Génial, s'exclama-t-il en lui tapant dans le dos. Je viendrai te chercher à neuf heures. Tu n'as pas fait réparer la voiture encore... (il baissa la tête) Excuse Mike....
Mickaël ne lui jeta même pas un coup d'œil, lorsque son ami s'éloigna, penaud de sa maladresse.
Cette voiture pourrait être réparée, mais ce qu'elle avait entrainée était irréparable.
Il y avait de cela six mois, Mike avait une amie, Alix. Leur relation durait depuis près d'un an. Un soir, en revenant de boite, Mike avait pris le volant. Moins ivre que les autres, il avait été désigné pour les ramener. Il roulait trop vite. Et les autres jeunes, déchainés, lui hurlaient d'accélérer, grisés par la vitesse et l'air glacé qui s'engouffrait par les vitres ouvertes. Seule Alix, recouvrant ses esprits, lui disait de ralentir. Si seulement il l'avait écoutée ! Mais non, il a appuyé sur l'accélérateur. Ils transperçaient la nuit. Les arbres sur les bas cotés n'étaient même plus visibles, ils se fondaient dans un flou obscur... plus rien n'existait que cette voiture qui fonçait à toute allure dans la nuit... et Mike a perdu le contrôle. Il ne s'est même rendu compte de ce qui se passait, des graviers sur la route peut être ou autre chose. La voiture s'est retournée. Une fois, deux fois... puis s'est stoppée en heurtant un arbre. Mike était à peine sonné, il s'est retourné pour demander si personne n'avait rien. Et il l'a vue. Alix, le visage en sang, ses beaux cheveux blonds maculés de rouge, ses grands yeux encore ouverts, empreints d'une expression de surprise.
Aucune conséquence, aucune plainte des parents, aucune arrestation.
Mais la mort d'Alix était pire que tout ça.
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Vi(e) .rtuality
Science Fiction"Vous êtes-vous déjà demandé si les choix que vous faisiez vous appartenaient vraiment ?" Nous connaissons tous ces jeux de simulation de vie dans lesquels on crée un personnage auquel on doit attribuer un nom, un métier... une existence. Imaginons...