Dix neufs heures...

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Dix neuf heures, le soleil se délecte encore dans le ciel d'Aix.
Il profite de cette légère brise printanière;
Au plaisir des dames aux visages joyeux, humides, basanés et aux robes colorées, légères, frivoles.
Il y a également des voyageurs, bronzants d'un côté sur les terrasses de cafés, puis au loin, une fanfare de cuivres égaille les rues.
On y croise aussi un ancien ami philosophe en charmante compagnie au bar Le Cezanne.
On se perd dans ses rues foisonnantes de monde, de boutiques, de pâtisseries, de mendiants, des cafés à n'en plus finir.
Et enfin, La Verrerie.
Cette rue qui sent bon la bière, la cigarette, le parfum de femme, la sueur, la pluie de la veille. Un voyage où notre odorat découvre des sensations inconnus, des mélanges incongrus. Ça sent la joie.
Enfin, les amis.
Le blagueur, l'irlandais, l'ivre, l'artiste, le séducteur, le beau frère.
Que j'aime ces merveilleuses soirées où, on rit, on boit, on joue aux cartes et où on raconte avec un ton mélancolique comment Aix, la paysanne, est belle la nuit.
Minuit, on se dit " à bientôt ", en embrassant de gras visages heureux.
Triste que la fête soit finit, soudain, répondant au loin, une mélodie, un orchestre de rue. On marche d'un pas vif, alerte, « d'où vient cette musique ?! ».
On monte vers le palais de justice et le petit groupe est là. Attablé sous la devanture d'un restaurant, rouge, familièrement nommé Le Forum .
Il y a le guitariste, le bassiste, le saltimbanque.
Ça sonne comme un vieux western, mais c'est plutôt bohème, provençale, enivrant.
Je m'arrête un instant. Le tableau s'immortalise.
On m'attrape tendrement le bras, en embrassant ma tête brune:
" On peut y aller ?"
Avec un sourire enfantin, à mi voix :
"Maintenant, on peut".

Recueil de EstelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant