Drama Queen (Sous Contrat D'édition Chez Black Ink Éditions)

Chapitre 1

Eléonore

Une claque sonore retentit dans la pièce et dans la nanoseconde qui suit, la douleur trace une traînée brûlante sur mes fesses.

Aïe !

Je sursaute, cherche maladroitement la couette pour protéger mon popotin, mais ne trouve rien. Où est passé cet amas de plumes ?

- Allez, debout ! Il est 7h00. Je te rappelle que tu es attendue à 8h30 précises.

Non ! Il est trop tôt !

J'enfonce mon visage dans l'oreiller et j'abandonne ma quête de la couette pour me saisir à tâtons d'un second oreiller dont je me recouvre la tête.

Ahhh... Là je suis bien, dans mon cocon duveteux, même si je ne peux quasiment plus respirer.

Nouvelle et douloureuse brûlure qui secoue la graisse de mon derrière.

Re-Aïe !

La voix d'Antoinette me parvient étouffée, mais pas suffisamment pour atténuer le petit côté bien agaçant, comme le bourdonnement d'un moustique.

- Allez, Eléonore ! Debout !

Je ronchonne pour la forme :

- Nan ! Laisse-moi dormir ! Je fais ce que je veux, je suis une princesse !

Antoinette éclate d'un rire sonore, le matelas s'enfonce sous mon ventre lorsqu'elle se laisse tomber sur le lit.

- Princesse dans tes rêves ! Tu es Reine, maintenant, je te rappelle !

Le poids des responsabilités me tombe soudain dessus comme si un éléphant venait tranquillement de s'asseoir sur mon dos. Je lâche un soupir du fond des âges dans mon oreiller chéri, et un filet de salive en profite pour s'exfiltrer de ma bouche.

Oui je suis Reine, et je bave. Je suis un être humain avant tout.

Je me redresse à contrecœur, ouvre une paupière. La lumière qui inonde la chambre menace de me faire reprendre ma position initiale.

Déjà, je n'ai jamais demandé à être Reine. Princesse ça m'allait très bien. Si tout était resté dans l'ordre des choses, j'aurais dû être Princesse toute ma vie, à aller visiter les écoles primaires et les maisons de retraite du Royaume la journée, et éviter les paparazzis le soir venu.

Si seulement mes parents et mon frère - le Prince, celui qui aurait dû porter la couronne, d'ailleurs, les mesures de sa tête avaient déjà été prises - n'avaient pas décidé il y a six mois de disparaitre en mer. Tous les trois. Me laissant orpheline... Et Reine.

Sourcils froncés et air chafouin, j'observe par la porte entrebaîllée Antoinette qui s'affaire dans le dressing.

- Bon, qu'est-ce que tu vas mettre ce matin ? Un truc sérieux. C'est le Parlement après tout, pas les fiançailles de la Duchesse Alexia... Tu te souviens de cette soirée ? Oh purée...

Je l'entends ricaner depuis le fin fond de mon dressing et mes lèvres s'étirent malgré moi. Si je m'en souviens... Une partie acharnée de ping-pong champagne, une princesse qui vomit dans la piscine du Ritz (pas moi, je le jure !), une autre qui roule des pelles au voiturier et des photos volées parus le lendemain en une des magazines people (bon, là, peut-être que c'était moi...).