Assis sur une poubelle, dans une impasse sombre, Raijin commençait à se demander si Fallen Angel viendrait au rendez-vous qu'il lui avait fixé. Elle semblait parfaitement capable de lui poser un lapin, et cela l'agaçait prodigieusement. Si elle ne coopérait pas, il devrait attendre des semaines encore.
Ses doigts se serrèrent sur l'objet qu'il avait emporté, emmailloté dans du tissu bleu. Il avait mis tellement de temps à le trouver ! Il espérait ne pas l'avoir cherché pour rien.
-Tu comptes rester longtemps comme ça ?
Il se retourna d'un bloc. Une adolescente était adossée à un mur, quasiment au fond de la rue. Ses cheveux étaient noirs ; l'un de ses yeux rubis, l'autre topaze. Mais elle était indubitablement la fille qu'il avait rencontrée au bar des super-vilains.
Comment s'était-elle débrouillée pour arriver là ?
Il refusa de lui donner la satisfaction de poser la question.
-FA, la salua-t-il. Ou devrais-je dire... Arya Gatihara ?
Pas déroutée le moins du monde, elle haussa les épaules.
-Ça dépend à laquelle tu veux parler. L'avantage, quand on n'est personne, c'est qu'on peut devenir qui on veut.
Il sourit.
-Tu t'es bien foutue de la gueule des héros... Elève à Yuei, vraiment ?
-Ce n'était pas si difficile, rétorqua-t-elle.
-Tu n'as pas de problème avec la ponctualité ? Tu t'es un peu fait attendre.
-J'ai croisé deux ou trois mecs arriérés qui ont voulu « jouer » avec moi.
Il serra les dents. Son sens de la morale n'était peut-être pas le meilleur au monde, mais il ne supportait pas que l'on s'en prenne aux femmes de la sorte.
-Tu leur as échappé ?
Elle ricana.
-J'ai fait mieux encore. Ils ne vont plus s'attaquer aux filles, ça, c'est certain.
Il frissonna.
Bon sang, comment une gamine d'un mètre cinquante-cinq pouvait-elle lui donner la chair de poule, à lui, le super-vilain insaisissable ?
-Bon, lâcha-t-elle. Tu es là pour me faire chanter, c'est ça ?
Elle avait sorti l'un de ses kerambits de sa manche, et en testait la lame d'un air absent. Elle avait un bandage autour de la main gauche, nota-t-il.
-Non.
-Super. Comme ça, je n'aurais pas à te tuer. Qu'est-ce que tu veux, alors ?
-C'est à propos d'un type de ta classe.
-Kenshin Haiko ? Celui qui traumatise les appareils électriques ?
-Comment...?
-Vos yeux, entre autres. Vous êtes les manifestations d'un alter. Tu voudrais que je localise celui qui vous a créé. J'ai raison ?
-Ça me fait mal de l'admettre... Mais oui.
-Pourquoi je ferais ça pour toi ? On te paye déjà pour tes services.
-Ce type que je veux tuer. Il connait le vrai nom de Mister Main.
-Tomura ? Ça m'étonnerait.
-Il s'appelle Tenko Shimura. Sa mère est Yuna Athame. Et il est le demi-frère disparu de celui que je cherche. Maintenant, tu me crois ?
Elle pencha la tête sur le côté, une lueur dangereuse dans le regard.
-Donc, en fait, tu cherches bien à me faire chanter.
-Pas tout à fait. Je te signale juste que tant qu'il sera vivant, ton pote sera en danger.
-Soit tu es stupidement courageux, soit tu es courageusement stupide. Peu importe, en fait, lâcha-t-elle en s'écartant nonchalamment du mur, couteau à la main. Parce que je ne peux pas te laisser en vie avec des telles informations. Donc je vais te tuer, et ensuite, j'irai m'occuper de ton créateur. Problème réglé.
Il leva la main pour l'interrompre.
-Un instant ! Je m'attendais à ce que tu dises ça. Donc, avant que tu n'essayes de me tuer, je te propose autre chose.
Il tendit son paquet devant lui.
-Tu acceptes de regarder ce qu'il y a là-dedans ? Tu pourrais l'avoir, ainsi que mon silence sur l'identité de Mister Main, en échange de l'adresse de Rinku Tsuihō.
Elle lui jeta un regard dubitatif, mais son arme disparut dans sa manche et elle croisa les bras.
-Essaye toujours.
Il déplia lentement le tissus, dévoilant un sabre dans son fourreau. Il l'en tira doucement, pour dégager la lame, qu'il posa sur ses poignets pour les tendre vers l'adolescente.
Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent légèrement. Un éclat émerveillé s'y alluma.
-Mais c'est... Non... C'est impossible.
-Si. C'est le Honjo Masamune.
Elle ressemblait à un enfant le jour de Noël. Elle saisit doucement le sabre, observa attentivement la lame. Avec une habileté déroutante, elle démonta la poignée pour observer la signature dissimulée dessous.
-Masamune... C'est le vrai... Je ne pensais pas le voir un jour... Le meilleur katana qui ait jamais été forgé. La légende raconte que Masamune avait un tel talent que ses lames évitaient d'elles-mêmes de tuer des innocents. Celles de son apprenti, Murasama, étaient au contraire avides de violence, si bien que son propriétaire devait leur donner de leur sang. J'ai acquis l'une d'entre elle récemment (elle leva la main pour lui montrer son bandage). Elles sont plus adaptées pour nous, les vilains. Même si, techniquement, si on oublie les enfants, les innocents ne courent pas les rues...
En une fraction de seconde, elle remonta l'arme.
-Qu'est-ce qui te dit que je ne vais pas te tuer et te voler le sabre ?
-Donner un katana, c'est un acte sacré, non ?
-Possible. Mais... je suis plus ninja que samouraï, tu sais. Moi, l'honneur...
Elle sourit, et glissa le sabre dans son fourreau, qu'elle prit entre ses mains.
Il se demanda ce qu'elle allait faire. S'il devrait se battre contre elle.
C'était une tentative désespérée, il le savait.
Mais il n'en pouvait plus. Fuir, sans arrêt. Pour ça, il n'y avait qu'un moyen. Il fallait qu'il arrête de tuer.
Mais s'il le faisait, il mourrait.
Il n'était qu'un avatar. En temps normal, il aurait été maintenu en vie par l'énergie de Rinku.
Sauf que s'il existait, c'était justement parce qu'ils avaient été séparés l'un de l'autre.
Il ne survivait que grâce à l'énergie de ses victimes. Mais seule la force vitale de son créateur était compatible avec son organisme.
En le tuant, il vivrait pour de bon.
Une fois encore, il maudit cet être qui l'avait condamné à être une créature de l'ombre, le conditionnant pour être un assassin.
Arya sourit.
-A vrai dire... Je suis surprise que tu n'aies toujours pas trouvé ton Rinku, Raijin. J'espère que tu as de quoi noter.
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Three Lives Player (MHA)
FanfictionJe suis le coupable. Je suis une victime. Je suis le tueur. Je suis celui qui doit l'arrêter. Il y a deux ans, j'ai fait une erreur. Une erreur qui a détruit ma vie, et celle de dizaines d'autres personnes. Mon seul but est de la réparer. Et c'est...