Je me réveillai quelque temps après, il me semblait être dans une chambre d'hopitâl. Je réalisai qu'il y avait d'autres personnes dans la même pièce, elles parlaient. J'étais incapable d'entendre clairement ce qu'elles disaient, un bruit sourd résonnait dans mes oreilles. Mes yeux s'ouvrirent avec difficultés et je cru apercevoir ma mère parlant à quelqu'un que je ne voyais pas.
Ma vision troublée ne me permettait pas d'identifier cette personne, la lumière me faisait un mal de chien à la tête. Et sans même savoir à qui je m'adressais, je demandai de baisser le store. Elle s'éxécuta sans un mot et vint se placer juste au bout de mon lit. Avec un ultime effort, je tentai de stabiliser mon regard droit devant moi. Tout tournait, j'avais l'impression d'être dans un manège contre mon grè. Enfin, je réussissai à l'identifier, c'était la jeune fille qui m'avait déjà aidé auparavant. Mais que faisait-elle ici alors que l'on ne se connaissait que de vue ?
"-Salut, dis-je fébrilement.
-Salut. Ça va mieux ?
-Si on peut dire... Ça pourrait être pire..
Un petit rire gêné m'échappa, l'ambiance et la situation étaient plutôt embarrassantes. Elle m'avait probablement vu me faire détruire sur place et j'avouais que mon ego avait quelque peu honte.
-Tu sais... Je t'admires pour ce que tu as fais. Je crois que c'est un peu pour ça que je suis là.. enfin.. non, je ne sais pas.
J'en venais à me demandais qui était le plus gêné, elle paraissait si timide, si fragile. Je ne réalisais pas néanmoins ce qu'elle venait de dire. Alors comme ça, elle ne voulait pas se moquer de moi, tout au contraire ?
-Ah.. euh, merci.
Je ne savais pas vraiment quoi dire à ce moment même et cela n'améliorait pas le fait que j'étais mal à l'aise.
-Au fait, tu t'appelles comment ? Demandai-je pour tenter de me rattraper.
-June Sonata.
-Moi c'est...
-Ashton Irwin, je sais.
Elle esquissa un petit sourire, comment connaissait-elle mon nom ? Moi qui croyait toujours que j'étais totalement invisible, inexistant pour tout le monde. Avec le temps, c'était comme si j'avais perdu mon identité, je n'étais plus que l'ombre de moi-même.
-Co.. comment tu le sais ?
-Je ne sais pas, un coup de chance.
Dieu que cette fille pouvait être mystérieuse, j'étais complètement perdu face à elle. June s'approcha de mon lit et vint s'asseoir sur le fauteuil juste à côté, je la vis alors poser son regard sur mes bras dénudés. Mes joues devinrent rouges de gêne.
-Tu le fais souvent ? Me demanda t-elle avec l'air le plus naturel du monde.
-De quoi ?
-Tu sais de quoi je parle.
-Non, j'ai arrêté il y a un bon moment.
-Je ne suis pas dupe, elles sont fraîches. Je dirais qu'elles datent d'il y a un ou deux jours pas plus.
-Exact.
Je baissai alors la tête, évitant son regard. C'est à ce moment qu'elle fit une chose que jamais je n'aurais pu m'imaginer, elle releva ses manches, laissant apparaître ses bras zébrés de cicatrices.
-Tu n'es pas seul, tu sais. C'est la première fois que je le montre à quelqu'un, les autres ne comprennent pas..
-Je.. je suis désolé.. Malheureusement, je ne peux que confirmer..
Un long silence s'en suivit, elle venait de me dévoiler ce qui était peut être l'un de ses plus grands secrets, secret que je me devais de garder. Je compris alors que cette fille n'était pas comme les autres, non, elle aussi était considérée comme "différente", mais à mon coeur, elle était comme moi. Après tout, les gens différents ne font que rejoindre un cercle plus petit de la communauté.
-Tu dois te demander pourquoi je suis là au juste, le pire est que je suis incapable de te répondre. C'est probablement mon empathie qui m'a poussé jusqu'ici mais ne crois pas que je fasse ça sous le terme d'une bonne action, loin de là. C'est juste que, j'avais despérement besoin de me retrouver et c'est en toi que j'ai cru m'apercevoir.
-Je ne sais même pas quoi répondre, quel incapable. Je te suis... terriblement reconnaissant d'avoir pris du temps pour moi.. Et.. putain..
Je sentais les larmes me monter aux yeux, je ne voulais pas pleurer devant quelqu'un, je ne l'avais jamais fait. Pour moi, pleurer était un signe de faiblesse, mais après tout, je n'étais qu'un faible désormais.
-Non.. Ce n'est rien... Les mots ne sont que des accessoires, parfois le silence peut exprimer bien plus de chose qu'un long discours. Il faut juste savoir le comprendre mais surtout l'écouter.
Pourtant, les mots sortaient de sa bouche si délicatement, on aurait dit que tout sonnait juste. Ils semblaient danser sur un rythme invisible mais bien présent. Elle avait raison, je laissai alors une larme couler sur ma joue, sans un bruit.
Nous restâmes ainsi longtemps, respectant cette règle, "La parole est d'argent mais le silence est d'or". Pour une une fois dans ma vie, je me sentais bien, je me sentais exister. Cette présence à mes côtés était l'une des plus belles choses que j'avais connu, elle remplaçait ce vide bien trop habituel.
"People talking without speaking, People hearing without listening, People writing songs that voices never share And no one dared Disturb the sound of silence." The Sound of Silence - Simon & Garfunkel
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Destructive Love
Fiction généraleJe n'aime pas les histoires d'amour, à vrai dire, je déteste ça. Oubliez donc l'eau de rose et partagez cet amour destructeur, loin des doux contes enfantins. Dans une réalité effrayante où le rêve n'a de place que dans la tête, une jeunesse en déri...