Cela doit bien faire deux heures que je suis assise dans mon salon en train de fixer la télé. J'entends la voix aiguë des personnages de dessins animés mais je ne comprends rien à ce qu'ils disent.
Je m'ennuie, j'ai besoin de bouger, de faire quelque chose. J'ai du travail en retard et il ne va sans doute pas se faire seul. J'ai un événement dans très exactement une semaine à mon travail et je dois encore finir la moitié de l'organisation. Mais là, tout de suite j'ai pas la tête à ça.
J'enfile un sweat par dessus mon débardeur, attrape mon paquet de clope, mes clés de voiture et mon ordinateur. Je prend machinalement une route que je connais bien. Au moins une fois par semaine, je débarque comme ça sans prévenir.
Bâtiment 11 porte 4.
- Mon p'tit cœur ça faisait longtemps !
- Bonjour à toi aussi Isak. Je réponds en rigolant
Torse-nu, un joint à la bouche et une manette à la main, je vous présente Isak, 27 ans. C'est un garçon plutôt équilibré une semaine sur deux. On se fait une accolade et je le suit à l'intérieur.
- Fais comme chez toi !
Je connais Isak depuis mes 12 ans. Je me rappelle bien de la 1ère conversation qu'on a eu, c'était au collège, à la cantine. Je mangeais seule comme d'habitude, et un garçon est venu s'assoir en face de moi et s'est mis à déblatérer les pires idioties que j'avais jamais entendue. Depuis il se débrouille pour innover dans ce domaine.
Je prend place à côté de lui dans le canapé et sors mon ordinateur et mes affaires.
- Sors pas toute ta vie hein. On va faire les courses j'ai plus rien à graille. Et aussi je dois aller acheter une chemise.
- On dirait t'attendais que je débarque pour faire ta liste de choses à faire.
- C'est exactement ça. Tu sais sans toi j'tourne en rond ma vieille.
- Vas t'habiller p'tit con. Je rigole en le poussant
Il s'exécute tandis que je m'allume une clope. C'est souvent ça les samedis avec Isak, ça part d'une simple visite et on est partis pour faire le tour de la ville.
Enfin bon, si ce n'était pas pour lui, je serais sans doute encore plus renfermée sur moi même et je ne suis pas très sure que ce soit une bonne chose.
C'est mon meilleur ami. Mon côté sombre et ma lumière à la fois, je ne sais pas comment c'est possible mais il l'est. Comme il le dit souvent « T'es mon bras droit », je crois bien que ce petit con serait mon bras gauche.
Si je peux affirmer une chose aujourd'hui c'est que mon bonheur il est là, dans chacun des sourires de ceux que j'aime, leurs blagues, leurs rires, leurs voix, leur joie tout simplement. Peut-être que parfois, il manque un seul élément mais lequel ? Seul le temps nous le dira.
