La piste Iranienne

4 0 0
                                    

Mon premier souvenir du réveil c'est le dos en compote... Le deuxième c'est l'odeur d'omelette. Le troisième c'est de vérifier le Glock.

Hmm, omelette. D'habitude c'est moi qui préparait le repas à ma chère et tendre...

Rha ! Putain, arrête de parler d'elle au passé ! Bordel...

Je me redressai, les idées brumeuses, l'estomac au bord de l'émeute. Je m'avançai et poussai la lourde porte déverrouillée. Je cherchai l'origine de l'odeur.

La cuisinière à gaz émettait les petites flammèches bleues typiques du butane, les deux agents se tenaient à côté.

Hé mais !

Je saisis mon arme, paré. Je la maintins cachée et saluai les deux agents inconnus.

Ils interrompirent leur bavardage et me saluèrent. L'un des deux hommes me serra la main.

"Brigadier Langlai, à votre service. Nous avons été informés par les policiers d'astreinte de votre situation, M. Barrens. Voici mon binôme, le gardien de la paix Delois."

Je rengainais discrètement mon arme. Voir deux autres policiers m'avait surpris, mais il devait se faire tard, et la relève s'était faite pendant mon sommeil.

Je saisis donc sa main, puis saluai son équipier.

"Nous sommes à votre disposition. Plus d'instructions venant d'en haut devraient arriver sous peu. Vous avez de quoi vous défendre contre ceux qui vous en veulent ?"

Je sortis le Glock.

"Je prends ça pour un 'oui'. Vous avez un gilet pare-balle ?

- Non, pas chez nous. Mais je suis pour."

Le policier Delois prit la parole :

"Léger ? Médian ? Lourd ?

- Vous avez vraiment des gilets en céramique ?

- Moui. Le GIGN  a une armurerie dans l'un des sous-sols.

- Un standard, médian." conclus-je avec un petit sourire.

Il hocha la tête et s'absenta. Le brigadier me fixa :

"Omelette ?

- Oui ! Une bonne part, je meurs de faim. Faut croire que les émotions d'hier m'ont creusé !"

Il ricana et me donna un tiers du contenu de la casserole, qu'il servit sur une assiette de grand-mère, qui n'avait rien de règlementaire. Il s'en servit et laissa sur le feu la dernière part pour le flic parti en quête d'un gilet.

Nous mangeâmes efficacement la bouillie d'œufs et de fromage, qui me ragaillardit rapidement et me réchauffa les entrailles.

Le gardien de la paix remonta, tenant un gilet frappé d'un "GIGN" sur l'arrière, d'un "POLICE" sur l'avant, visiblement propre, et assez récent.

Je levai un sourcil et reniflai :

"Vous avez pas écrit plus gros ? Des gilets pour poulet en civil ?"

Le brigadier, indulgent, répondit calmement :

"Un simple sweat et les acronymes disparaissent, ne vous en faites pas. Vous pensez pas que le moment est mal venu de faire la fine bouche ?"

Je haussai les épaules et retirai mon sweat, laissant apparaître le holster et l'arme. J'enfilai l'équipement et me rhabillai.

"Ancien flic ?"

Et c'est reparti... Je fis mine d'ajuster mes vêtements, pour masquer l'inconfort de cette question.

"Ex-stagiaire BRI. Secret Défense."

Ils écarquillèrent brièvement les yeux, sans insister.

La matinée passa, ennuyeuse, entre les plaintes de voisinage et les routines administratives. Pour ma part, j'écoutais distraitement le travail des fonctionnaires en attendant.

"Police Nationale 17, j'écoute. ... Oui... Oui il est ici... Oui Monsieur, je vous le passe."

Il me fit signe de venir et me tendit le téléphone.

"Nick Barrens.

- M. Barrens, Nicolas Lerner, DGSI.

- Monsieur Lerner ? Mes respects. La situation est-elle si grave, que le directeur de la DGSI s'en charge ?

- La disparition d'une opératrice, encore plus d'une agente assermentée Secret-Défense, qui de fait possède des informations cruciales, est grave en soi. Rien n'a bougé depuis votre déposition ?"

Soupir.

"Non, rien n'a bougé...

- Bon. Deux choses. La première, à partir de maintenant, vous serez sous la protection du RAID. Ensuite, nous allons mener l'enquête. Amélia travaillait sur une opération de renseignement sensible en Iran, concernant la volonté du pays de reprendre l'enrichissement d'uranium à des fins militaires.

- Elle n'était pas protégée ?"

Il se racla la gorge.

"Il y a eu une faille. Le pouvoir iranien a été partiellement informé de l'opération en cours. Nous avons exfiltré les agents concernés par cette faille. Mais jamais l'identité de l'opératrice coordinatrice Barrens n'a été compromise. Du moins à notre connaissance.
Notre ambassadeur va prendre contact avec les autorités iraniennes afin de s'assurer de leur coopération. En attendant, on ne peut qu'attendre."

Je gardai la silence. Je ne savais rien de cela.

"Nick ? Toujours là ?"

J'hésitai.

"Oui, toujours là.

- Je vous envoie un détachement de protection des VIP. On se reparlera. Bon courage, on fait tout pour la retrouver. Vous avez ma parole.

- ... Merci monsieur.

- Bonne journée, Nick."

Il raccrocha.

Une putain d'bonne journée ouais...

Une putain d'bonne journée....


Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Feb 01, 2020 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

PhantomsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant