Le goût métallique du sang se répand dans ma bouche. Les assauts de Théo sont bruts et vifs, à son image.
Je l'observe, essayant de prévoir sa prochaine attaque. Il me sourit, il me défie. Ses fossettes se dessinent autour de sa bouche, sa mâchoire carrée et barbue se desserre et un sourire enfantin vient illuminer son visage.
Ses cheveux noirs sont en batailles, comme si une femme venait de les agripper et ses lèvres rouges sont gonflées, comme si elles venaient d'être embrassées.
Mon épine dorsale frissonne. Je continue de faire descendre mon regard et embrase son corps. Il est hypnotisant, tout chez lui est attractif, de sa taille étroite jusqu'à ses larges épaules, ses bras aux veines gonflées, ses jambes ciselées.
- Arrêtes Ambre, tu vas encore te laisser avoir, fanfaronne-il en me sortant de ma rêverie.
-Je me rince l'œil en guise de pansement, dis-je en montrant le sang qui coule de ma bouche.
Il lève un sourcil et une lueur amusée passe dans ses yeux d'une couleur étrange, mélange de marrons et de verts profond.
Mon intimité se contracte et j'ai la détestable sensation qu'il le sait. Je me retourne et observe la salle d'entrainement, vide. Il est tard d'après l'heure affichée sur l'horloge en face de moi.
- Je dois y aller.
Théo sourit.
- Non, tu ne vas nul part.
- Oh que si je m'en vais !
- Je te mets au défi de m'arrêter, répond-t-il sur un ton bien trop confiant.
- Nous avons assez jouer pour aujourd'hui Théo.
Il s'approche de moi et vient passer son pouce sur mes lèvres rougeoyantes, le regard brûlant, puis il tend la main vers moi et enfouit ses doigts dans mes cheveux afin de m'attirer à lui.
Sa langue vient caresser mes lèvres et je ne résiste pas à son baiser.
Nos langues se mêlent dans un concert de gémissements et je fonds contre son torse dur et chaud.
Il passe son bras autour de ma taille et me soulève comme une poupée, sans que je ne riposte. A ce moment là mon cœur se serre. Je ne sais pas si nous sommes bons l'uns pour l'autre, en vérité je sais que nous ne le sommes pas, mais je me laisse faire. Il est une tablette de chocolat que je meurt d'envie de croquer, une putain d'addiction.
Il me tiens fermement contre lui, et me colle au mur. Mes jambes autour de lui l'enserrent de plus en plus. Il saisit mes bras, qu'il tiens fermement au-dessus de ma tête.
Je le défie du regard, car c'est ce que nous faisons toujours et il ne me quitte pas des yeux.
Et, dans un mouvement, si doux et imprévisible, il me pénètre, si tendrement que j'ai l'impression d'être un trésor, qu'il aurait peur d'abîmer.
- Tu fais chier tu sais, avait-il murmuré à mon oreille et je l'avais regardé en souriant.
- Je sais.
Tout ça était une catastrophe. Toute cette relation n'était qu'une énorme erreur, un accident. Nous courrions à notre perte, mais avec le sourire, comme deux abrutis. Nous savions que ce n'était qu'une question de temps avant que la réalité ne reviennent s'imposer à nous, mais nous foncions malgré tout à toute vitesse vers le désastre.
Mlle Griimm
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Recueil de Femmes
Short Story"Eden, Eden, de tes mains blanches montre moi le chemin qui mène à ton jardin...." Un bout de vie d'Eden et d'autres femmes qui vous laissent entrer dans leur univers mystérieux.