Chapitre 1

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Avant de me présenter, je vais parler de mon monde. Celui dans lequel je suis née, celui dans lequel mes parents aussi sont nés et ainsi de suite.

Ma planète s'appelle Ciolia, nous ne connaissons ni depuis quand elle existe, ni où et dans quel univers elle est. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elle existe et qu'on peut vivre dessus. Les habitants de cette planète s'appellent les Ciolians, c'est un peuple particulier où peu d'élus possèdent des pouvoirs. Peu de gens ont accès à ses pouvoirs pour multiples raisons, comme le fait que ses pouvoirs sont très rarement héréditaires et pourtant, c'est l'un des seuls moyens d'en avoir. 

Deux parents possédants des pouvoirs ont très peu de chances d'avoir des enfants avec eux-même des pouvoirs. Et généralement, les enfants héritent seulement d'un seul pouvoir. Dès que l'un des parents est un Ciolian normal, les chances d'avoir des enfants avec des pouvoirs sont totalement nulles. Seulement, aucun parent ne souhaiterait à son enfant d'acquérir des pouvoirs car ils procèdent comme une malédiction : dès qu'on utilise nos pouvoirs, on paie un coût. Ce prix à payer est de l'énergie vitale. Plus on utilise nos pouvoirs, plus on perd de l'énergie vitale. On perd facilement 5 mois à 1 an de vie en fonction de la quantité de pouvoirs que l'on utilise à chaque fois. C'est tellement nocif que généralement les possesseurs de pouvoirs décèdent aux environs des 30 ans, sans descendance. Les utilisateurs de pouvoirs sont donc en voie disparition.

L'autre moyen d'accéder aux pouvoirs serait, selon les légendes, de créer un pacte du sang avec un dieu. Le prix à payer serait plus lourd, allant jusqu'à la folie ou la mort, mais nous ne connaissons personne de vivant ayant fait ça.

Aussi, si je mentionne justement les dieux, c'est parce que mon peuple vit avec eux. Il est commun de croiser des dieux sur notre planète, ce sont eux qui nous instruisent à l'école et parfois nous aident. Quand bien même ils sont supérieurs à nous, presque tous nous considèrent comme leurs égaux. Personne ne peut tuer un dieu, mais on peut presque les égaler sur certains points. Toutefois, la cohabitation a ses limites... L'union d'un dieu et d'un Ciolian est prohibée. Les enfants nés de cette union sont alors appelés des "bâtards". Les "bâtards" ne sont pas autorisés dans ce monde, dans le meilleur des cas, ils vivront dans la honte et la solitude pour toujours. Les "bâtards" grandiront sans parents puisque le parent Ciolian sera tué et le parent divin sera puni en perdant son enveloppe corporelle, condamné à être un esprit divin pour toujours et à errer à travers les mondes. Aussi, ces enfants maudits n'auront pas le droit d'avoir accès à l'éducation.

Dans l'histoire, il y a eu peu de "bâtards". A l'heure actuelle, il y en a plus qu'un et c'est moi. Je m'appelle Elia, je suis venue au monde il y a 16 ans. Mon père, ainsi que ses parents, sont des Ciolians normaux qui ne possédaient pas de pouvoirs mais ma mère, elle, était une déesse très connue et respectée. Elle était une femme fabuleuse et aimante, l'une des plus belles femmes à ce qu'il paraît. Elle était blonde et avait des yeux d'un bleu clair magnifique, un physique très similaire au mien d'après mes sources. Mais ce ne sont que des dires. Je ne l'ai pas connue, et mon père fut assassiné pendant sa grossesse. Cela fait de moi une "bâtarde", une demi-déesse en quelque sorte, qui n'a jamais connu ses parents et qui est née d'un péché. Cependant, malgré cette situation plus que handicapante, j'ai grandi aux côtés d'un dieu s'appelant Horus. Il m'éduqua, me racontant l'histoire des mathématiques mais aussi des légendes à propos d'autres mondes. J'ai grandi heureuse grâce à lui, et puis un jour, il a disparu. Je n'ai pas cherché à le retrouver parce que si Horus avait disparu, c'est qu'il le voulait forcément.


[Ciolia, endroit exacte inconnu, année inconnue.]

Alors que l'herbe me paraissait franche, je posais mes fesses dessus tout de même en faisant attention de ne pas m'asseoir sur mes longs cheveux blonds. Tous les matins j'avais pour rituel de me poser près de l'eau pour regarder l'étoile de lumière se lever. C'était mon seul plaisir dans la vie, le seul moment de solitude que j'appréciais.

 C'est alors qu'un mouvement dans l'eau attira mes yeux. Je jurerai avoir vu l'espace d'un instant Horus. Je voulais être sûre. Afin de m'approcher, je me remis debout, secouant alors ma longue jupe grise et remettant mes manches de chemisier en place. Alors que je me penchais au-dessus de l'eau, je glissais maladroitement sur l'herbe fraîche et tombais dans le lac. Et encore une fois, l'espace d'un instant, j'eux l'impression de voir Horus. Mais l'instant d'après, je clos mes deux yeux en réalisant que je n'avais plus d'air.

J'allais mourir ici ? Comme ça ? Pourquoi ? Horus, où es-tu... J'ai peur.


[Planète, lieu et année inconnus.]

Alors que je sentais l'étoile de lumière me réchauffer la peau, mes yeux ne voulaient pas s'ouvrir de peur de se confronter à la lumière brutale et chaude. Soudain, je réalisais que mon corps reposait sur un sol fait de sable. Chose que nous n'avons pas près de chez nous. Ni une ni deux, j'ouvris mes yeux et vis du sable et des dunes à perte de vue. Je me suis alors rappelée de la scène qui c'était déroulée au lac.

Où suis-je donc arrivée ? Où est Horus ? Où est le lac ? Suis-je morte ?

Ayant un caractère bien trempé, je me mise debout : je ne suis pas du genre à abandonner. Mais soudain des maux de tête me prirent d'assaut, je devais être faible physiquement. Quelques secondes après, je me sentis tanguer et tomber en arrière. C'est alors que j'entendis des pas derrière moi, et des fortes mains me rattraper juste à temps. Je n'ai pas eu le temps de rien faire, ni de dire merci, ni de voir cette personne. Je me suis sentie fermer les yeux et partir dans un sommeil profond alors que j'étais logée dans les bras d'un inconnu, dans un lieu encore inconnu lui aussi. Au diable les bonnes manières et ma fierté personnelle, mon corps était étrangement fatigué et avait besoin de se ressourcer.

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