23 Octobre
Juliette en avait marre. Les vacances en Floride? Trop banal! Cela faisait au moins deux ans de suite qu'ils y allaient: elle, son frère et ses parents.
Juliette se prélassait sur le long canapé de quatre mètres qui remplissait à peine le salon, tout en se morfondant sur les injustices de la vie. Elle qui voulait tant allez à Dubaï!
Avec un profond soupir elle prit une une pistache posée sur la table basse, puis la télécommande de l'immense écran plat. Il ressemblait presque à un mini-écran de cinéma tant sa taille était imposante. Il partait du mur opposé à la porte-fenêtre et s'étendait tout le long de la cloison.Après avoir zappé quelques chaînes, elle se leva dans un profond soupir et alla se regarder devant le miroir.
Son nouveau maillot de bain Bailla à deux pièces, qui épousait parfaitement ses formes naissantes, était déjà démodé depuis une semaine!
Elle grimaça et rejoignit son frère sur la terrasse.Une grande piscine rectangulaire occupait la moitié de celle-ci. Des parasols, transats et petites tables occupaient l'autre espace.
Son frère de 21 ans, bronzait sur un matelas gonflable, tenant dans la main un verre de rosé.
Les lunettes sur les yeux, allongé, face au soleil, il semblait dormir. Ses traits calmes et paisibles changeaient son visage qui d'habitude était toujours barré d'un rictus.
Sur les chaises longues, son père au lunettes rondes tenait un journal.
Juliette se mit délicatement à l'eau et alla retrouver son frère le plus discrètement possible.
Après l'avoir aspergé une bonne douzaine de fois celui-ci consentit enfin à lui parler.- Quoi? demanda Stan agressivement.
- Calme toi, je t'ai presque rien fait!
- Rien fait, marmonna t-il, mais bien sûr! il reprit plus fort, tu veux quoi?
- Les vacances sont nulles, je m'ennuie à mort, il faut convaincre les vieux de partir.
Stan pris une gorgée de sa boisson puis leva ces lunettes et la regarda fixement de ses yeux bleus intense.
- N.O.N.
Juliette s'énerva. Pourquoi lui refusait-il toujours tout? Il s'opposait toujours à elle, il ne lui cédait rien et ils n'avaient aucune complicité! À quel moment un frère et une sœur se comportaient-ils comme ça!?
- Tu es vraiment égoïste, tu ne penses jamais aux autres, juste à ton nombril! Vous parlez d'un frère on dirait un vieux gâteux!
Sur ces mots doux, son frère se redressa d'un coup, ses yeux furieux lançaient des éclairs.
- Vas t-en Juliette, son ton se fit menaçant et un rictus mauvais barrait son visage.
Juliette fit une grimace et s'en alla avec d'énormes éclaboussements. Ceux-ci firent hurler Stan. Son père sorti de la concentration qu'il portait au journal et demanda à Juliette d'approcher. Elle lui expliqua alors ce qu'elle désirait le plus actuellement: sortir de cette villa et rentrer à Paris pour enfin aller à Dubaï.
Le père de Juliette interrompit les longues jérémiades de cette dernière quant une femme aussi mince qu'une brindille fit son apparition. Des cheveux blonds ondulés brillants, des lèvres rouge sang et un magnifique chapeau se penchèrent sur le père de Juliette.- Juliette, mon trésor, ton mascara coule!
- Je sais, ce nouveau mascara Waterproof ne marche absolument pas, rachètes m'en un nouveau!
- Bien sûr mon trésor, bien sûr, mais avant chérie, j'ai une réunion importante je dois être de retour à Paris demain soir, j'ai pris les billets retour.
- Vous ne voulez pas restez encore un peu, cette location coûte cher, cela serait dommage de partir plus tôt que prévu...
- Chéri, réunion importante et trop tard, les billets sont déjà pris.
Le père de Juliette soupira mais fit un signe de tête. Il se leva enfin puis se dirigea vers la villa. Stan qui avait tout entendu parti préparer ses affaires avec mauvaise foi.
En fin d'après midi, les valises en mains, la petite famille se dirigea vers la salle d'embarquement.
Le grand aéroport offrait l'asile à plusieurs milliers de voyageurs. Les halls immenses étaient remplis d'une marée humaine, des visages, des traits tous des voyageurs venus de loin.
Au bout d'une heure les De Telliers étaient enfin installés dans l'avion en classe business. Ils étaient peu nombreux, le repas était au goût de Juliette juste mangeable mais pour nos malheureux de la classe économique, ils auraient été fou de joie par ce repas «juste mangeable».Le trajet se déroula sans incident notable. Les voyageurs vaquaient à leurs occupations, tandis que d'autres tentaient tant bien que mal de dormir.
Juliette s'ennuyait à mourir. Et s'en plaignit durant tout le trajet à son voisin de vol qui n'était autre son frère. Celui-ci se contenta de l'ignorer, le visage impassible ou son rictus barrant quelque fois son visage.L'arrivée se fit dans un grand calme, le chauffeur de la petite limousine était stoïque, séparé par une vitre en verre teinté.
Disposée sur deux sièges face à face, la petite famille des De Telliers discutait posément.
De politique surtout; le passe temps favoris de Mr De Telliers était de critiquer. Il passait son temps à commenter ce que faisait l'un ou de ce que disait l'autre. Le plus souvent, Juliette l'ignorait.La voiture bifurqua à gauche et ils entrèrent dans la grande ville de Paris. Les lumières éclairaient la Seine et la tour Eiffel sur toute sa hauteur, projetant un long regard sur la ville.
A plus de 5h du matin, la Seine sombre s'écoulait paresseusement. Les lumières des lampadaires éclairaient faiblement les rues sinueuses de Paris.Les écouteurs vissés dans les oreilles Juliette observait le paysage, l'œil à moitié fermé de fatigue.
Elle n'avait pas dormi du vol, ce fut donc épuisée qu'elle traîna les pieds jusqu'à son chez soi.
Elle tâta ses poches et lorsqu'elle tira enfin les clés pour les insérer dans la serrure celle-ci bloqua. Quoiqu'elle fasse, ne fusse que pousser la porte, cette dernière bloqua. Elle poussa de toute ces forces mais elle ne la fit pas bouger d'un millimètre. Rageuse, elle donna un coup de pied.
Et se retourna. Stupéfaite, elle vit les visages de ses parents et son frère dont les traits inquiets étaient striés de fatigues.- Que?
Elle se retourna et vit les lumières allumés.
- Oui, madame Spriel, vous êtes chez vous? Pourquoi avez vous laissez les lumières allumées en partant? Son père fit une pause. COMMENT CELA VOUS N'AVEZ PAS FAIT LE MÉNAGE?! C'est une plaisanterie j'espère! Ah la porte était bloqué... Comment? Vous pensez que se sont des squatteurs! Mais enfin, avec notre système de sécurité ! Hum, je vois, bien, très bien au revoir.
Il décrocha puis appela un autre contact aussitôt.
- Oui, Monsieur Delil, oui, êtes vous allé vous occuper du jardin récemment? Ah vous n'avez pas réussi à rentrer... Hmm porte bloqué... Et pourquoi ne m'avez vous pas appelé? Comment ça vous n'y avez pas pensé! Mais vous êtes incompétent! Franchement vous devriez avoir honte ! Oui oui.
Le père de Juliette lui raccrocha au nez. Les traits crispés par la colère il se retourna.
- Nous avons un squatteur chez nous et mes employés n'ont rien fait c'est une honte, un scandale!
- Peut être parce que tu leur as refusé une augmentation, murmura Stan.
Le visage rouge de colère Mr De Telliers s'avança frappa à la porte en hurlant aux squatteurs de sortir. Bientôt effrayée, Mme De Telliers essaya de calmer son mari quand un bruit se fit entendre.
- Nous avons emprunté cette maison et nous vous la rendrons quand nous partirons, clama une voix aiguë.
Nous? Pensa Juliette.
Mme De Telliers rappela son chauffeur et avant que Juliette ait eu le temps de saisir complètement leur situation, ils partirent au poste de police.
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Squattés [Terminé]
Short StoryLa famille De Telliers était une fois encore, partie en Floride, afin d'échapper au froid parisien des vacances d'hiver, ceci au plus grand désespoir de Juliette, la cadette. La jeune adolescente voulait à tout prix rentrer chez elle pour aller à Du...