Il était six heures et demi du matin, Juliette n'avait plus de batterie. Elle avait froid et voulait surtout dormir.
Le poste de police venait d'ouvrir, son père avait fait jouer sa haute place dans sa société très connue pour que les policiers aient enfin dénié recevoir leur plainte. Après avoir expliqué avec une colère contrôlée la situation de sa famille, le policier les fit patienter. Juliette regarda son père. Il était prêt à exploser, le visage rouge.
Stan quant à lui dormait à moitié, sa tête dodelinante. Mme Telliers tentait de convaincre son mari de prendre une chambre d'hôtel.
Au bout de dix minutes d'argumentation, voyant que celui ci ne bougerait pas d'un millimètre, elle fit signe à Juliette et Stan de la suivre.Une fois dehors, elle réussi à trouver un taxi et lui ordonna de faire le tour de Paris.
Puis elle prit son ordinateur portable à la recherche d'un hôtel assez proche de leur maison afin de surveiller le squatteur.
Elle n'en trouva pas, mais mit la main sur une petite maison dont le premier étage était à louer.
Cette maison se trouvait à trois rues de leur propre maison, elle était tenue par une vielle dame à l'air hargneux, veuve depuis peu.La dame les accueillit malgré l'heure. Son visage marqué de rides sévères, ses petits yeux plissés étaient méfiant aussi froid que de la glace, ses fines lèvres étaient serrées comme pour retenir un commentaire acerbe. Ses cheveux blanc, striés de gris étaient tirés en arrière dans un chignon serré et strict. Pour une femme de son âge elle se tenait droite et ses yeux hautains les jaugeaient. Ses doigts crochus étaient crispés sur la porte.
Elle portait une fine robe de chambre à fleur et des gros chaussons.
Mme de Telliers se présenta, la vieille femme plissa des yeux. Puis après quelques secondes de silence, elle fit une grimace qui devait sûrement être un sourire. Juliette détourna la tête devant le spectacle qu'offrait les dents de la vieille dame.
Peu rassuré par le comportement de celle-ci, les De Telliers pénétrèrent dans sa maison.L'entrée était sombre, faiblement éclairée par des petites ampoules à basses consommation disposées aux coins de la pièce. Les murs étaient tapissés de vieux papier peint à motif verts et vieux gris. Au bout de cette petite entrée se tenait le salon, où se tenait une vielle cheminée. L'âtre brûlait, répandant une vague de chaleur. Le canapé rouge, aussi ancien que la propriétaire, aux taches graisseuses se tenait contre le mur, face à une ancienne table basse en chêne qui trônait sur un tapis de velours vert ayant quelques trous. Sur les murs desquels la tapisserie se décrochait par endroits, des tableaux étaient fixés, représentant des hommes et des femmes aux visages hautains et aux regards sévères. Le parquet sombre grinçait sous les pas des visiteurs. Le pire pour Juliette fut cette odeur de moisissures qui était présente partout. La vieille femme et Mme De Telliers discutaient. Juliette mal à l'aise restait debout, immobile.
- Bon bah, j'espère que la police va nous débarrasser vite fait du squatteur, grogna Stan, je crois que je vais devenir fou si je dois rester plus d'une semaine dans cette baraque!
Juliette opina de la tête. Elle se retourna vers sa mère. Celle-ci se mordillait la lèvre inférieure tout en regardant la vieille femme d'un œil désapprobateur, signe qu'elle n'avait pas réussi à négocier le prix bien trop élevé pour un tel endroit.
Puis enfin la "vieille bique" comme l'avait baptisée Juliette, laissa les De Telliers monter à l'étage. Les escaliers grinçaient tellement que Juliette était persuadée que les passant dans la rue les entendaient.
La première porte du long couloir sombre s'ouvrait sur une salle de bain. La moitié de la pièce était occupée par une baignoire dont les rebords étaient couverts de traces de rouille. Deux robinets de couleur orangée dû à cette même rouille ornaient la baignoire. Le mobilier avait l'air si précaire que Juliette se demandait si elle ne devrait pas se chauffer l'eau elle même pour se laver.
Ils sortirent et continuèrent leur chemin dans le couloir. Les trois autres portes étaient des chambres. Les chambres sentaient le renfermé mais elles étaient propres dans la mesure du possible qu'offrait pour l'instant cette maison.
Les grands lits à baldaquin ne prenaient pas beaucoup d'espace mais les draps étaient troués, certainement mangés par les mites qui devaient avoir trouvé leur bonheur dans cette demeure. Une énorme bibliothèque pleine de livres poussiéreux occupait une chambre que Stan prit immédiatement. Sans demander l'avis de Juliette...
Pouvez vous savoir à quel point c'était grave pour elle?!Au final, elle choisit la chambre dans laquelle la fenêtre donnait sur la rue. Le lit a baldaquin rouge craqua quand elle s'assit dessus, ce qui la fit grincer des dents. La chambre était simple, une armoire imposante et un bureau de chêne sculpté à la chaise grinçante étaient disposés de part et d'autre de la pièce. La chambre avait un aspect sombre. Même à la lumière Juliette avait l'impression que les murs aspiraient toute la chaleur de la pièce. La jeune fille fit la moue. De toute façon c'était toujours mieux par rapport à celle qu'avait pris sa mère.
Plus tard dans la journée, Mr De Telliers arriva dans la maison de location, sale et de très mauvaise humeur.
Il faillit faire une scène quand il vit l'état légèrement miteux de la maison mais Mme De Telliers réussi à l'apaiser et le força à aller se coucher.
Juliette pesta, elle devait maintenant s'occuper de ranger ses affaires afin d'être plus à l'aise dans cette maison où ils allaient passer un temps indéterminé (deux jours au maximum espérait elle en son fort intérieur). Elle ne faisait jamais ça et n'avait vraiment aucune envie de le faire.Après quelques difficultés à organiser son rangement, Juliette finit par faire rentrer quelques-uns de ses nombreux vêtements dans l'armoire. Elle s'installa sur son lit et sortit son ordinateur afin de regarder un épisode de sa série avant de dormir. Malheureusement, le wifi était totalement inexistant dans ce trou, et l'adolescente dût se mettre au lit, frustrée.
Stan quant à lui n'avait pas fermé les yeux de la journée. En effet, ces yeux étaient trop occupés à dévorer les romans de la bibliothèque pour faire autre chose. Quand enfin il consentit à s'endormir, il était plus de 3h du matin passées.
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Squattés [Terminé]
Short StoryLa famille De Telliers était une fois encore, partie en Floride, afin d'échapper au froid parisien des vacances d'hiver, ceci au plus grand désespoir de Juliette, la cadette. La jeune adolescente voulait à tout prix rentrer chez elle pour aller à Du...