41. Se Dire les Choses

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Plus tard, après nous être chamaillés comme deux gamins, nous nous séchons et je raccompagne Sarah jusqu'à son arrêt de bus, elle qui n'avait pas voulu que je passe la prendre ne veut pas non plus que je la ramène, et elle prétexte qu'elle a encore des courses à faire et qu'elle ne veut pas m'embêter. Je finis par laisser tomber, me disant que la prochaine fois ce sera mon argument pour me déplacer.

Après qu'elle est partie, je n'attends pas beaucoup avant de voir débarquer Alexandre, comme convenu. Je n'avais pas vu le temps passer, Sarah est rentrée après dix-huit heures. A la demande de mon ami, nous retournons sur la terrasse pour discuter, et je lui prête même un maillot de bain pour que nous profitions de la piscine, même si personnellement j'en ai déjà tellement profité que la peau de mes doigts, de mes pieds et de presque tout le reste de mon corps est déjà bien fripée. Mais je retourne barboter avec grand plaisir, et je suis fier de commencer en disant à Alex que Sarah est ma copine. Il sera le premier au courant, et d'ailleurs il est content pour moi. Je lui parle de tout ce qu'il ne sait pas, sur ce que m'a dit Sarah sur Estéban par exemple, même avec Johan, je lui parle du journal vert que Sarah a étrangement conservé sous forme de photocopie, je lui explique ce que je sais maintenant sur les vrais parents de Sarah, et surtout je réponds à la tonne de questions qu'il me pose. On en revient à faire des théories sur la jeune femme, visiblement c'est ce qu'Alexandre préfère.

A un moment, il m'explique que c'est une dangereuse psychopathe qui a une maladie mentale grave, qui fait qu'elle tue les gens avec qui elle sort, et qu'elle a donc bien tué Estéban. Les années scolaires de perdues sont des années passées en prison, et là bah elle s'est fait violer et Cloé serait donc sa fille et celle d'un vieux taulard dégoutant et pervers. Et c'est à cause de ça qu'elle est sortie de prison, pour s'occuper de la gosse et donc reprendre ses études. C'est pour ça aussi qu'elle ne voulait pas sortir avec moi, parce que sa maladie la pousserait à me tuer et qu'elle ne voulait pas retourner en prison avec Cloé. Sauf que maintenant c'est trop tard et je dois prendre bien garde à ne pas lui tourner le dos la moindre seconde.

Cette invention me fait bien rire, il arrive à caser énormément de détail en intégrant même ses parents. Mais il oublie de parler du fait que les parents d'Estéban ne seraient pas restés proches de l'assassin de leur fils, ce à quoi il répond que Sarah les manipule comme elle a manipulé tout le monde pour faire croire à son innocence. Pendant un moment il parait très sérieux et parviendrait presque à me faire croire à son idée, mais il finit par en rire alors je ris aussi en oubliant mes doutes. Je sais que je peux faire confiance à Sarah, peu importe ce qu'elle a pu vivre, faire ou dire avant que je ne la connaisse. Je lui fais part de mes nouvelles hypothèses, d'ailleurs, sur sa possible dépression et sur le fait que sa mère soit morte en accouchant de Cloé. En fait ce n'était pas une bonne idée, parce qu'il repart sur des théories encore plus bizarres.

- C'est pas de ma faute si ta meuf est trop cheloue, se défend-t-il lorsque je le lui fais remarquer.

- C'est la tienne qui est cheloue, je rétorque comme un gamin.

- N'empêche ça te donne un but : avant septembre tu dois découvrir son histoire, s'amuse-t-il.

- Pourquoi avant septembre ?

Il ne répond pas tout de suite, alors je l'observe pincer les lèvres avec un air coupable, prêtant attention à ses mots.

- Laisse-moi profiter avant de parler de malheur !, je rétorque en fronçant les sourcils.

- Oh, désolé, parait-il bougonner. Tu préfères attendre de devenir aussi proche de la gamine, de vivre avec elles et que Sarah soit enceinte pour te barrer ?, rigole-t-il bêtement.

Juste un SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant