Le vent soufflait, il soufflait fort. Deux silhouette se dessinaient vaguement dans le néant. Mes mains glacées se cramponnaient avidement à quelque chose... Un bras, une main. Plus loin, les silhouette s'éloignent, m'abandonnant en arrière. Pourquoi s'en vont-ils? Pourquoi me laissent-ils, pleurante, démunie, sur un terrain inconnu? Je sanglotte, sur le sol flou, je vois une marre se former... Une marre de sang. Je suis debout, agenouillée sur un corps qui en surplombe un, puis un autre, puis un autre. Je perds l'équilibre, je tombe, bas, bas ,bas. Devant moi, quelqu'un me tend la main... qui est-ce? Le bras auquel je me cramponnais a disparu, lui aussi me laissa derrière. Je prend cette grande main calleuse et ample. Je pleure encore, mais le liquide visqueux et rebutant qui coule sur mes joues n'est pas ce liquide salé qui me soulage tant de mon angoisse permanente. C'est un liquide bourgogne, qui ne veut pas me laisser tranquille. Il coule et je sens ma tête devenir si pesante, si pesante. La main m'agrippe avec une force telle que je me redresse, comme un pantin, sur mes jambes molles. La colline de membres ne cesse de grandir et de grossir et les flots de sang visqueux m'arrivent maintenant aux genoux. La main héroïque me prend par la taille, puis me soulève. Je suis dans les bras de quelqu'un. De grands bras si forts, un souffle rauque... À une de ses mains... un couteau. Un couteau taché de sang plus noir et dense que tout. Je tente de me dégager, je n'y arrive pas, je frappe, je cris, mais à quoi bon? Personne ne m'entend. Seul le vent sinistre me frôle la joue, me pousse, me murmure des choses que je ne comprends pas, mais qui me font peur, si peur.
-Traitre! Traitre!
Je me retourne, qui a dit cela? Puis les mots se répètent. Ma gorge me fait mal, si mal. Je suis le son, je marche, je cours, plus personne ne me retiens. Les larmes ne cessent pas de couler, mais elles ne sont pas sanglantes, elles sont acides. Un rire de désespoir me perce de toute part, j'ai mal, mais je cherche toujours cette voix, ce rire, ces paroles... -Traitre! Traitre!...
Soudain, je fonce dans un objet. Je reste par terre un instant, puis la terre semble disparaître. Je vole horizontalement. Mon coeur cogne dans ma poitrine, mon regard se perd. La voix est si proche maintenant, je la touche, je la sens, je la goûte. Sur ma langue, un goût si désespéré, si sinistre.
Un miroir trône devant moi. Je me regarde. Je vois mes lèvres bouger, mais je n'entends pas ce qu'elles semblent chuchoter, sadiques. Puis, tout devient clair. Dans ce miroir, c'est moi. Cette voix qui me blesse, qui me perce, c'est la mienne. Je me retourne. Ma terreur se multiplie lorsque, tout autour de moi, les miroirs s'imposent. Je suis prise au piège. Je ne peux pas m'enfuir. Mes genoux se dérobent sous mon corps lourd. Je suis maintenant recroquevillée et je pleure, encore et encore. Ma gorge me fait mal, alors je tousse, je crache, je vomis l'écume de tous les océans. Quelque chose arrête le flot soudain et je crache un objet. Un couteau d'une couleur trop rouillée, trop sinistre. Il se retrouve dans ma main. Qu'ai-je fais, oh, qu'ai-je fais? Devant moi, une main, qui, cette fois, n'est pas la mienne. Je ne fais que la regarder tristement puis, je lève mon regard. Tout ce que je vois, ce sont ces yeux bleus, trop profonds, trop cruels. Puis, mon cris se perd, diminue...et disparait...
Alexe se redresse subitement dans ce qu'elle croit être son lit. Son oreiller est mouillé, sa gorge lui fait mal. Elle pleure, mais cette fois-ci, se dit-elle, c'est de soulagement. À côté d'elle, Lily pleure aussi. Ses yeux sont bouffis et elle est réveillée. Pourquoi pleure-t-elle? Pourquoi toutes ces larmes? Elle commence à se recoucher, quand la voix de Lily vient, telle un pieu, s'enfoncer dans son coeur.
-Nous sommes seules, Alexe, tout est mort, ils ont attaqué. Nous sommes seules comme nous l'avons tant redouté. Ils ne nous ont pas tuées. NOUS SOMMES SEULES ALEXE! NOUS SOMMES SEU...
-FERME-LA! TAIS-TOI, VEUX-TU?
-A-Al-Alexe, i-ils so-sont p-passés. J'ai fais un cau-cauchemard. Des cri-cris me p-perçaient Alexe. I-ils me p-poignardaient. Ces c-cris, ils étaient ré-réels, ils ét-t-taient vr-vrais.
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Plania, Terre de Personne
Science FictionUne ville au dix ans est décimée par un gaz inconnu. Personne ne sait pourquoi. Habituellement, personne ne survit à l'apocalypse, mais en 2090, lorsque l'évènement s'est reproduit pour la dernière fois, deux adolescentes et trois adolescents se son...