Brève introduction aux perspectives de la psychologie

Perspective cognitive

HISTOIRE

Introduction

Il faut remonter jusqu'à l'Antiquité pour trouver des traces de l'intérêt des êtres humains pour leurs propres processus mentaux.  Ce sujet préoccupait notamment les philosophes, qui se penchèrent sur cette question pendant plusieurs siècles.  Avec l'invention de la psychologie, les propositions des philosophes sur la nature, les structures et les fonctions des processus mentaux ont pu être étudiées empiriquement, c'est-à-dire en faisant des recherches.  Les adeptes de la perspective biologique ont, depuis les tout premiers débuts de la psychologie, contribué à mieux comprendre les processus mentaux.  Ainsi, en s'intéressant à la conscience, les adeptes du Volontarisme et du Structuralisme ont étudié les processus mentaux.  Par la suite, les recherches effectuées dans le cadre de la perspective biologique ont été réorientées sur le système nerveux, mais les processus mentaux ont continué à occuper une place de premier plan dans les intérêts de recherche des adeptes de ces perspectives.  De leur côté, et à leur manière, les adeptes de la perspective psychodynamique ont aussi étudié le fonctionnement des processus mentaux en s'intéressant à l'inconscient.

Critique de la perspective béhavioriste

Contrairement aux êtres humains en général, à un certain nombre de philosophes en particulier, et à une vaste majorité de personnes associées de près ou de loin à la psychologie, les adeptes de la perspective béhavioriste s'intéressaient très peu aux processus mentaux.  C'est en réaction à cette prise de position que des critiques ont commencé à être exprimées de façon généralisée à partir de 1950 environ.  Ces critiques peuvent être résumées en trois principaux points.

Premièrement, même si la perspective béhavioriste était largement dominante en Amérique du Nord à cette époque et que l'étude des processus mentaux était devenue secondaire dans les recherches de la psychologie en général, l'intérêt pour les processus mentaux continuait malgré tout de se développer.  Ainsi, l'approche de la Psychologie de la Gestalt, fondée en 1912, comptait des adeptes qui s'intéressaient entre autres à la perception visuelle.  De plus, la perspective constructiviste, inventée par Jean Piaget et développée à partir de 1926, porte essentiellement sur la cognition et son développement chez l'humain.  Enfin, à l'intérieur même de la perspective béhavioriste, des adeptes modérés mais influents, comme Edward C. Tolman (1886-1959) et Clark L. Hull (1884-1952), commencent dès les années 1930 à utiliser des concepts reposant sur des processus mentaux non observables pour expliquer les résultats de leurs recherches.

Deuxièmement, les travaux de recherche des adeptes de la perspective biologique ont continué à progresser pendant que la a perspective béhavioriste été développée.  Les résultats de ces recherches sur le système nerveux appuyaient l'idée selon laquelle l'être humain est extrêmement complexe.  En tentant de résumer l'être humain à quelques principes sur l'apprentissage, les adeptes de la perspective béhavioriste présentaient une vision simpliste du fonctionnement de l'être humain.  Les adeptes de la perspective biologique considéraient que ces principes ne décrivaient pas correctement les possibilités du système nerveux de l'être humain.

Troisièmement, le développement des technologies a créé une contradiction, une sorte de décalage entre les propositions des adeptes de la perspective béhavioriste sur l'être humain et les propositions des scientifiques ainsi que des ingénieures et des ingénieurs sur la machine.  D'un côté, les adeptes de la perspective béhavioriste proposent que l'étude de la cognition humaine - la pensée - est peu intéressante dans le meilleur des cas.  De l'autre côté, les scientifiques, les ingénieures et les ingénieurs inventent des  « machines qui pensent » !  Ainsi, Norbert Wiener (1894-1964) invente la cybernétique (voir note 1) en 1948.  Claude E. Schannon (1916-2001) et Warren Weaver (1894-1978) publient la Théorie de l'information (voir note 2) en 1949.  Alan M. Turing (1912-1954) invente l'intelligence artificielle (voir note 3) en 1950.