Mauvaise nouvelle ?

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Étienne se réveilla le lendemain.
Un grand soleil éclairait l'avenue des Champs-Elysées, faisant refléter un éclat de lumière sur la carcasse de tank.
Il se leva, et vit Philippe, à côté de la tombe du soldat inconnu, en train de s'habiller en sifflotant.

Le français s'approcha du Belge.
- "Tu pourrais me passer la bouffe ?
- Non, répliqua Philippe d'un air taquin et sérieux en même temps, tu as oublié le mot magique !
- Tu pourrais me passer la bouffe S'IL TE PLAÎT ?
- Oui, oui ne t'énerve pas tu vas l'avoir ton petit dej...tiens !, lui dit il en lui lançant deux maigres barres de céréales, désolé si c'est peu.
- Y'a que ça ?!
- Bah désolé, rétorqua Philippe en levant les épaules, tu iras te plaindre au mec qui organise le rationnement.
- Si le gouvernement croit que c'est en nourrissant ses soldats comme des gosses qu'il pourra sauver la démocratie, s'emporta Étienne, il se fourre le doigt dans le c...
- Ranbo, Verdieu, cria une voix proche, au rapport !
Ils se retournèrent, et virent un lieutenant s'approcher d'eux.
- "Qu'y a-t-il ?, demanda Philippe, vous voyez pas qu'on était tranquille la ?
- Le général veut vous voir, répondit l'homme d'un air impassible, devant le Panthéon. Vous avez deux heures".
Sur ces mots, il s'en alla, comme si de rien n'était.

Les deux jeunes hommes se dépéchèrent de se préparer, et partirent en direction du lieu du rendez vous.
Sur le chemin, Étienne finit enfin par dire à voix haute ce que lui et Philippe ressentaient :
- "Ça a un rapport avec le mexicain d'hier je pense...
- Je ne vois pas pourquoi on se ferait convoquer à part pour ça, murmura Philippe d'un air inquiet, ne manquerais plus que ce soit Kowalski qui nous ait demandé...
- Kowalski ? C'est pas le Hongrois ou le Polonais que les Russes ont faillis tuer ?
- Premio, il est Tchèque, et secondo, il n'ont pas faillis le tuer...mais sa tête est en effet mise à prix depuis qu'il a prit le contrôle des "FAT", les "forces armées tchèques".
Les forces armées tchèques étaient un groupe de résistants s'étant formé après l'invasion de la République Tchèque par les Russes.
- Il me fait un peu penser à un De Gaulle des temps modernes pas toi ?, demanda Étienne en esquissant un sourire.
- Mais au moins De Gaulle n'était pas aussi con !, s'écria Philippe avant de se retourner pour voir si personne ne l'avait entendu.
- En même temps, s'exclama Étienne en levant les yeux au ciel, tu n'avais qu'à te montrer plus calme...

Philippe, en terme de caractère, était l'exacte contraire d'Étienne : Rebel, indépendant, susceptible et impulsif.
Il fallait connaître ce sacré personnage pour s'apercevoir que se cachais, derrière les crises de colère, un homme blagueur et en général sympathique.
Étienne, par contre, était obéissant et sérieux...parfois trop sérieux selon Philippe. Il aurait voulu parfois être aussi décomplexé que son ami...même si il lui arrivait quelques accès de colère devant son ami uniquement.

Philippe était dans le viseur de Kowalski depuis un certain temps, pour des raisons plus ou moins justifiées, en particulier pour des crises de colère dont il avait le secret (la plus connu étant sa prise de tête avec le cuisinier, accusant ce dernier d'avoir mis "de la merde de piaf" dans la soupe du déjeuner, avant de lui avoir assèné un puissant coup de citrouille. Résultat : trois à l'hôpital et un Belge en prison pendant un mois).
Philippe avait été condamné à s'occuper de l'épluchage des légumes pendant son petit séjour en prison, ce qui avait été pour lui une énorme souffrance pour sa dignité et une raison de sa haine de Kowalski, qui avait choisi la sanction.

Kowalski était responsable de la section étrangère de l'armée française, composée aussi de quelques français dont Étienne.
C'était un général respecté par ses hommes, à l'exeption de deux ou trois éléments dissidents.
Il ne passait pas inaperçu lors de ses sorties, en arborant sa grande tunique rouge et blanche épinglée de médailles et d'un petit pin's aux couleurs de la République Tchèque.

Ils arrivèrent au Panthéon, ou un soldat les attendait.
Ils le suivèrent à travers le monument, jusqu'à entrer dans un petit bureau.
Ils y entrèrent, et la porte se ferma derrière eux.

- "Bonjours messieurs veuillez vous asseoir je vous pris.
Ils se retournèrent brusquement, et virent Kowlaski, assit derrière un bureau dans un fauteuil de cuir noir.
Le bureau était plein de paperasses, mais ce que Étienne vit en premier fut un pistolet posé à côté d'une carte du monde, sur le coin du bureau.

- Je vous le répète, redemanda le général, asseyez vous.
Les deux hommes s'asseyèrent.
- Pourquoi vouliez vous nous voir, demanda Etienne, on a fait quelque chose de mal ?
- Vous n'êtes pas le principal concerné, s'exclama Kowalski en tournant la tête en direction de Philippe, mais j'avais besoin de voir votre ami pour diverses raisons...
- Ça a un rapport avec le Mexicain ?, demanda Philippe visiblement agacé à la vue du Tchèque.
- Pas que...mais cela est une raison de plus pour laquelle je souhaitais prendre rendez-vous avec vous, soldat Verdieu.
- Dépêchez vous qu'on en finisse, lança un Philippe bouillonnant.
Étienne tenta de calmer son ami en lui donnant un coup de coude dans le ventre.
Kowalski regarda alors le Belge dans les yeux.
Ce dernier, à la surprise d'Étienne, baissa légèrement la tête, comme intimidé par les yeux du général, d'un bleu métallique.
Il commença alors à parler d'une voix glaçante et pleine de colère.

- Je sais parfaitement que si vous vous êtes engagé dans les forces européennes c'est pour éviter de finir en taule. Je vous rappelle au cas où vous l'auriez oublié que la justice belge vous a condamnée à 25 ans de prisons pour trafic de stupéfiant et pour le braquage d'une banque du Nord-Est de Bruges il y a maintenant quelques années. Si vous refusez de coopérer et de stopper votre comportement honteux je vous fait extrader ! Ou même plus si vous continuez...le peloton d'exécution vous attend à ce rythme là !
Philippe ne répondit pas.
Étienne lui le regarda d'un air surpris.
Il n'avait jamais été au courant de cette histoire de trafic.
Le commandant reprit alors la conversation d'un ton calme et posé, comme si rien ne s'était passé.
- Mais bref...tout ça pour vous dire que le président souhaite vous rencontrer. Je tenais juste à prévenir Verdieu de se tenir à carreau avant sa rencontre avec votre...chef. Je suis au courant de ce qu'il compte vous dire. Sur ce, vous pouvez y aller soldat".
Au moments où ils allaient partir, Kowalski se leva :
- "Ranbo restez avec moi je voudrais  vous dire un ou deux mots...
Quand Philippe fut parti, le général reprit la parole, sur un ton plus profond :
- Écoutez moi bien mon garçon, je sais que vous appréciez ce type mais méfiez vous de lui. Les meilleurs amis peuvent parfois devenirs les pires traîtres...l'histoire l'a montrée. Ils est très instable psychologiquement et son passé ne montre pas le contraire.
Vous croyez le connaître mais il n'en est rien. Alors s'il vous plaît retenez mes mots : votre Philippe seraig prêt à tout pour survivre...VRAIMENT tout.
- Mais mon géné...
- Partez soldat...et bonne chance".
Etienne partit rejoindre Philippe.

Ils prirent une voiture en direction de l'Elysée.
Pendant le trajet, ils ne s'addressèrent pas un mot.
Quand soudain leur apparu une grande grille, avec derrière une cour menant à un grand bâtiment doré.
Un soldat s'approcha, et toqua à la vitre du conducteur.
Ce dernier l'ouvrit et lui lâcha ces mots en lui montrant un bout de papier qui ressemblait à un pass :
- "Je viens de la part de Kowalski ces hommes ont rendez vous avec le président Macron".
La grille s'ouvrit, et ils rentrèrent dans l'Elysée.

L'endroit le plus protégé de France.

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