Epilogue

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Quand je suis rentré dans les jeunesses hitlériennes, j'étais un enfant. Un enfant brisé par la mort de son père, et plein de rancoeur, mais un enfant quand même.

Quand je suis revenu de la guerre, j'étais un homme. Je n'avais pas eu le choix. Il m'a fallu grandir plus vite. Pour pouvoir supporter l'horreur. Ceux qui ne l'ont pas fait sont soit morts soit brisés à jamais.

Je suis rentré chez moi après la défaite de mon pays. J'ai revu ma mère. Quand je l'ai aperçue je suis redevenu l'espace d'un instant l'enfant que j'avais cessé d'être. Je l'ai serrée dans mes bras et mes larmes ont coulé.

Elle aussi elle a pleuré. Et c'est dans cette étreinte au goût de sel, de sang et de terre que je me suis senti enfin libéré. Libéré du fardeau de la guerre.

Mon frère est rentré quelques jours plus tard. Il a eu moins de chance que moi. Sa jambe droite est amputée au milieu de la cuisse. Mais il est en vie. Et c'est tout ce qui compte.

La vie a repris son cours, Hitler est mort, les nazis furent jugés, le pays fût reconstruit. Ça a pris du temps, sous les ordres des Alliés. Mais on y est arrivé.

Je crois que mon frère et moi n'oublierons jamais ce que nous avons vu, comme tous les autres. On ne peut pas oublier les morts par dizaines, le sang, les explosions et les hurlements. On ne doit pas oublier.

Le monde est cruel, le monde tue, le monde saigne. Le monde est injuste. Des millions d'enfants ont perdu l'innocence, des millions d'enfants ont grandi trop vite. Parce que les adultes n'ont pas su tenir leur rôle, et parce qu'ils n'y arriveront jamais.

Si les combats m'ont bien appris une chose, c'est que la guerre n'est pas un jeu. Jamais.

La guerre n'est pas un jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant