- Alors, ça va mon pote ?
- Ouais. Toi ?
- Tranquille. 'Fin, comme d'hab quoi. Tu traînes toujours avec ta vieille ?
- Elle est pas vieille.
- Elle est jolie ?
- Ta gueule. Elle est malade.
- Bah... Me dit pas que t'as jamais pensé à...
- Tu finis ta phrase j'te fais bouffer tes clopes.
- Oh allez, ça va quoi. T'as ouvert son carton ?
- Non.
- Et ta daronne, ça va ?
- J'ai dû appeler les urgences. Une crise de panique terrible. Ça avait jamais été aussi violent que ça. J'ai pas dormi.
- Merde alors... Si tu veux venir t'reposer à la maison t'es le bienvenu. On te fera de la place. J'irai dormir sur le canapé.
- T'inquiète. Mais j'veux pas laisser ma mère toute seule.
- Ouais, j'imagine... Elle est toujours à l'hosto ?
- Je l'ai récupérée ce matin.
- Pourquoi elle a eu sa crise cette fois-ci ? Encore l'argent ?
- Mon frère. Elle se fait un sang d'encre pour lui.
- Ah ouais... Il sort quand ?
- Trois mois. Normalement. Ils ont toujours pas prouvé que c'était lui qui avait tout organisé. Et p'têt bien qu'ils le prouveront jamais.
- Il reviendra chez vous ?
- J'sais pas. En tout cas il se rangera jamais. Et j'veux pas avoir de problème à cause de lui. Peut-être que sa bande lui dégotera un truc. C'est un mec respecté dans ce milieu. Et il lâchera pas son business.
- Après ce qui est arrivé il devrait faire profil bas. Pauvre gosse. Elle avait que 12 ans, ça aurait pu être ma sœur...
- Ça l'a fait cogiter. Ça se voit qu'il se sent responsable mais... Ses autres drogues préférées c'est l'adrénaline et le danger. Il aime trop ça pour arrêter. Mais de l'autre côté il veut pas que ça recommence. Il veut plus aller en taule. La dernière fois que je l'ai vu, je lui ai fait lire mes poèmes et il a trouvé ça beau, il a pleuré.
- C'est marrant que tu parles de ça, j'ai retrouvé un de tes machins dans mon sac.
- Héhé. T'en a pensé quoi ?
- C'était... C'était sympa quoi. Et arrête ton sourire fier steuplait...
- Je sais que t'as trouvé ça mignon.
- N'importe quoi. Déjà rien que le début avec ton truc de nacre là... Bon c'est bien écrit mais c'est un peu niais voilà.
- Ça fait 16 ans que je te connais, j'ai bien fini par comprendre que t'étais un petit sensible...
- La ferme.
- Tout le monde t'a vu pleurer devant PS : I love you.
- J'avais 12 ans.
- T'as pas changé.
- On devait aller voir Taken à la base, ça s'rait jamais arrivé si tu t'étais pas trompé de salle.
- N'empêche que c'est arrivé.
- De toute façon, tu peux rien dire, toi t'as un prénom d'vieux.
- Aucun rapport.
- Grmbl...
- Quoi ?
- Ferme-là. T'es vraiment un connard.
- Et si je paye l'addition ?
- C'est pire. Ça fait de toi un connard friqué... C'est quelle heure d'ailleurs ?
- 18h07. On a encore 40 bonnes minutes devant nous.
- Mmh, ouais. Ça va ton travail ?
- Ça va ouais.
- Mouais. T'es surexploité, t'es sous-payé, et toi ça te vas ouais.
- T'exagère.
- Tu te souviens de ma cousine Lisa ? Elle était payée à répondre au téléphone et jouer au solitaire 5 heures par jour, 5 jours par semaine dans une pièce climatisée, machine à café gratos et 30 minutes de pause. Et bah, elle gagnait plus que toi alors que tu passes 30 heures de ta semaine dans une pièce étroite aux recoins moisis, surchauffée et qui pue les relents de bière et la chair trop cuite. Quel trou à rats.
- Mmh. T'exagères.
- Pff, arrête. Tu sais bien que cet endroit est pas réglo. Les mecs y vont pour faire leur trafic chelou. Sérieux, casse-toi.
- J'peux pas perdre mon travail.
- T'en auras un autre. Tu sais écrire.
- Ça suffit pas et ça veut rien dire. J'envoie des CV tous les mois. J'ai jamais de réponse.
- C'est tous des cons. Sérieux mec, on s'inquiète pour toi.
- C'est pas nécessaire.
- Ta gueule. Avec ta vieille qui va crever, ta daronne, ton travail à chier, ton frère, l'argent que t'as pas et tous les tracas un peu nul du quotidien genre Rebbie qui a perdu son hamster et qui soule tout le monde avec ça...
- Claquette est mort ?
- C'est pas le sujet. Tous les potes sont inquiets. Tu vois plus personne. Regarde ça fais genre, un mois qu'on s'est pas vu ? T'es même pas venu aux 22 ans de Rebecca. Tu te montres que quand tu te sens capable de faire semblant d'aller bien. Vraiment, t'es chiant. Les autres ils osent même plus parler de leurs soucis parce qu'ils trouvent que c'est rien à côté des tiens et que toi tu te plains jamais. Jeremy il s'en veut encore de t'avoir fait faire trois nuits blanches pour te parler de sa rupture alors que t'avais besoin de dormir et que c'était toi qui avait le plus besoin d'aide, et que t'avais pas à porter un malheur de plus sur tes épaules.
- Tu essaies de me faire culpabiliser...
- Carrément ouais. Tu fais le con là. Et puisque tu dis rien ben on sait pas quoi faire.
- J'te dis que ça va.
- En plus avec ta Flora là...
- Fleur.
- Ouais on s'en fout, avec ta Fleur, sérieux c'est super dur à vivre un truc comme ça, et pas que de son côté, du tien aussi. Tu sais, t'es vraiment un héros mais t'es aussi très con. Si tu continues comme ça tu vas crever avant elle. Tu dis plus rien hein ? Tu sais que j'ai raison. Tu veux faire le fier pour inquiéter personne mais tout le monde le voit et c'est super frustrant parce que tu nies tout ou tu minimises les faits. Et tu sais quoi ? C'est vraiment une attitude de salopard. La vie c'est chiant mais quand t'es pas idiot ben ça l'est moins pour tout le monde. T'as compris ? Alors... Hé, arrête ça ! Mec c'est la cinquième que tu crames en 30 minutes.
- Rends-moi ma cigarette.
- Non. Tu vois ? T'es sur-stressé, c'est dingue, assume un peu.
- Faut que j'y aille.
- T'es vexé en plus ? Tu me parles pas comme ça.
- Salut.
- J'y crois pas. Attends-moi.
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On se reverra dans les étoiles.
General Fiction"Dans le cosmos je t'attendrai, Je te regarderai avec fierté. Réalise ton rêve tu en es capable, Parce que tu es quelqu'un de formidable. Ne sois pas triste de me voir partir, Ne sois pas triste de me voir mourir, Parce que voilà quelque chose que j...