Bonsoir.
Ceci est une petite histoire, qui se déroulera sur quelques chapitres.
Bisous.
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La bonne odeur douce et sucrée de la tarte aux pommes s'élevait dans l'air en zigzaguant, embaumant la pièce d'un bon parfum qui rappelait l'insouciance de l'enfance. Nathalie déposa le plat sur la table du salon et appela les enfants qui ne tardèrent pas à arriver, alléchés par cet effluve suave. Les trois loupiots attaquèrent leur part de tarte avec bonheur et le salon s'anima soudainement. Nathalie regarda avec tendresse les enfants discuter entre eux, et s'éloigna d'un pas léger afin de vaquer à ses occupations. La porte de la cuisine s'entrouvrit, et la chevelure dorée de Simon, son mari, se pointa à travers l'entrebâillement. D'un signe de tête, il l'invita à le rejoindre. Une fois tous deux dans la pièce, Simon referma doucement la porte, et avant que Nathalie n'ait pu faire quoi que ce soit, il déclara en indiquant son téléphone portable :
- C'était Fleur.
- Mes fleurs ? fit son épouse d'un air faussement surpris.
Simon passa sa main sur son visage, emplit d'une lasse exaspération.
- Nathalie...
- Oui, bon... dit-elle d'un ton un peu plus dur en croisant les bras. Elle voulait quoi ?
- Elle... hésita Simon. Elle ne peut pas garder les enfants ce week-end.
Nathalie décroisa vivement les bras en soufflant d'agacement et posa les mains sur le comptoir du bar. Sa stupide ex-femme allait encore tout faire foirer, comme elle avait bien l'habitude de faire.
- Simon, elle avait promis qu'elle les garderait.
- Elle n'est pas en forme...
- C'est une excuse, peut-être ? On avait prévu ce week-end romantique depuis des mois, on a dû le reculer deux fois à cause d'elle. Hors de question qu'on l'annule encore une fois.
- Ne fait pas l'enfant Nath... Tu sais bien que... C'est compliqué.
- Arrête de lui trouver des excuses.
- Je ne lui trouve pas d'excuses enfin ! Fleur est malade, et ça pourrait être dangereux pour les enfants de rester seuls avec elle !
- Et bien il faudrait qu'elle crève vite parce que j'en ai marre moi, qu'elle empiète à ce point sur notre couple !
Même le regard courroucé de son mari ne lui fit pas regretter ses paroles. Elle détestait Fleur jusqu'à la démesure. Le venin de la haine l'attaquait jusqu'à la moelle. Elle en était extrêmement jalouse. Elle était jalouse de sa beauté, de son intelligence, de sa minceur, de sa gentillesse, de son caractère poli et discret, de son aura apaisante, de ses beaux enfants, de sa relation très amicale avec Simon. Elle priait tous les soirs pour apprendre sa mort le lendemain.
- Nathalie, je t'interdis de parler de Fleur de cette manière, déclara fermement Simon.
- Non mais, c'est vrai quoi... riposta Nathalie en pleurnichant presque. On peut plus faire des activités de couple, vu qu'elle peut jamais garder ses gosses... Et moi, ça me rend triste, parce que je t'aime...
Simon était naïf -pour ne pas dire simplet- et aimait Nathalie, et Nathalie était sournoise -pour ne pas dire perfide- et aimait Simon. Elle s'avança vers lui et passa ses bras autour de son cou d'un geste tendre, il soupira, vaincu, et enfoui son visage dans ses cheveux en faisant courir ses doigts le long de sa taille.
- Je t'aime aussi Nathalie, mais...
Elle l'interrompit en posant son doigt sur ses lèvres puis l'embrassa doucement.
- Alors, on fait quoi pour ce week-end ? demanda Simon après leur baiser.
- Tu vas emmener les enfants chez tes parents.
- Mais ça fait 5 heures de route... Il va falloir que je prenne ma journée vendredi et mon boss va vouloir me faire rattraper mes heures, donc je devrais rentrer plus tard le soir et...
Nathalie lui lança un regard implorant. Simon s'interrompit, et amoureux et soumis comme il l'était, fit un petit sourire.
- D'accord, oui... Je les emmènerais chez mes parents, aucun problème...
Nathalie le regarda amoureusement en cachant sa sordide satisfaction, et quand elle fut dos à lui un sourire vicieux naquit sur son visage. Quel adorable petit pantin, ce Simon.
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La petite tâche sur le plafond ressemblait à quelqu'un en train de passer le balai. Ou alors à un poisson dans une tasse. Ou alors à un nuage évoquant un dragon en train de faire du pédalo.
Fleur n'avait jamais fait attention à cette petite tâche marronnasse (d'ailleurs comment avait-elle pu se retrouver au plafond ?) mais depuis quelque temps elle n'arrêtait plus de la voir. Sa fatigue se faisait de plus en plus ressentir, et elle n'avait pas d'autres choix que de s'allonger sur son lit et fixer son plafond en attendant de récupérer un peu de force. Fleur délaissa la tâche, tourna la tête vers sa table de nuit et regarda tristement son téléphone posé sur une boîte de médicaments. Elle venait de converser avec son ex-mari pour l'informer de son épuisement croissant et donc de son incapacité à s'occuper de ses enfants. Depuis combien de temps ne les avait-elle pas vu ? Au moins trois semaines, depuis le dimanche où Simon était venu avec eux prendre de ses nouvelles en apportant un clafouti à la cerise. Elle lui avait ensuite demandé de repasser les semaines suivantes, mais il disait avoir trop de travail. Elle soupçonnait l'emprise immense que Nathalie avait sur lui être la cause de son refus de venir. Nathalie avait dû lui faire une crise infernale de jalousie quand elle a su qu'il s'était rendu chez elle. Mais Fleur n'aimait pas penser du mal des autres, alors elle choisi de croire Simon.
Elle tendit lentement pour ne pas se faire mal son bras jusqu'au tiroir de sa table de chevet et en sortit un paquet de cigarette ainsi qu'un briquet. Son médecin lui avait presque ordonné d'arrêter de fumer, que cela pourrait aggraver son état, mais son état se dégraderait quoiqu'elle fasse, donc autant ne pas se priver. Elle organisa ses coussins dans son dos pour pouvoir s'asseoir sans se faire mal, puis alluma la cigarette et la glissa entre ses lèvres. Parfois, elle se disait que si sa maladie avait été diagnostiquée plus tôt, Simon ne l'aurait pas quitté pour Nathalie. Il serait resté pour la soutenir. Pour qu'elle ait ses enfants avec elle. Pour qu'elle puisse terminer sa vie enveloppée dans l'affection.
Mais elle était toute seule, seule dans son petit appartement étouffant, seule dans ses larmes et sa condamnation.
Fleur écrasa sa cigarette à moitié consumée dans son cendrier, recroquevilla son corps frêle comme si elle voulait prendre le moins de place possible dans son lit ou dans le monde, et pleura.
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On se reverra dans les étoiles.
Fiction générale"Dans le cosmos je t'attendrai, Je te regarderai avec fierté. Réalise ton rêve tu en es capable, Parce que tu es quelqu'un de formidable. Ne sois pas triste de me voir partir, Ne sois pas triste de me voir mourir, Parce que voilà quelque chose que j...