Deuxième partie - Renaissance - Chapitre 1 - Promesses

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Le lendemain matin, j'avais attrappé un beau rhume, et l'honneur de me faire railler pendant des heures. J'éternuai, et Michael se retourna habilement pour rire. Je le regardai méchemment. Oui, je sais, ce n'est pas extrêment convaincant comme menace mais... Sur le coup, aucune phrase épique m'est venue. Il s'approcha alors de moi et enleva son manteau mais Eric s'interposa. Il me tournait le dos.

- Lâche-la. 

Surprise, je ne réagis pas. Un léger silence s'installa. Je ne comprenais pas. Pourquoi se montrait-il si possessif. 

- Qu'est-ce qui te prend? lui demandai-je alors.

- Je t'ai fait une promesse, Rosalie, et je compte bien la tenir.

Oui, bien sûr. Mes souvenirs. A présent, il me semblait presque stupide de m'enlever tout ça. Cette expérience m'avait fait changer, évoluer. J'étais désormais prête, à n'importe quoi. Je n'étais plus stoppée ni par mon invisibilité ni par mon argent. Rien de tout cela ne comptait plus à mes yeux. 

- Oh... Ce n'est plus... D'actualité, je crois. Je veux garder mes souvenirs...

Eric me regarda, une espèce de lueure dans les yeux qui ne me dit rien qui vaille.

- Je tiens toujours mes promesses.

- Ce n'est plus une promesse, Eric. Je te demande de me laisser mes souvenirs.

Michael écarta Eric et le tira hors de ma vue. Je restai seule avec Elizabeth, qui n'avait toujours pas prononcé un mot. Je ne savais que lui dire.

- C'était comment? finis-je par dire. 

Elle me regarda. Elle n'ouvrit pas la bouche. Ses yeux voulaient me parler, je le voyais. Mais elle n'ouvrait pas la bouche. Pourquoi? Elle finit par former de multiples gestes avec ses mains. Je la regardai, ébahie.

- Tu es muette?

Elle hocha la tête. 

- C'est John qui t'a fait ça?

De nouveau, elle hocha la tête, mais comme à contrecoeur. Je ne savais que dire. Comment oser un jour lui reparler sans éprouver de la culpabilité par rapport au fait que je parlais alors que qu'elle n'y arriverait jamais plus? Alors, je me tus. Enfin, Michael et Eric revinrent.  

- Très bien, Rosalie, on est d'accord sur le fait que tu peux garder tes souvenirs. De toute façon, quand tu deviendras une vampire, tu retrouveras tes souvenirs. 

- Et... comment ça se passe, cette transformation?

- Tu ne t'en rends même pas compte. Le tout se passe sur une durée de deux ou trois mois. Petit à petit, tu te transformes, ton corps change...

- Ah. Et... ça fait mal?

- Pas du tout. 

- Bien... Et... Quelle différence entre un vampire né et un vampire... euh... mort?

- Eric est un vampire né; il est de sang pur. Je suis mort avant de devenir un vampire; j'ai donc eu un contact très direct avec la non-vie. En ressortir a fait changer des choses non pas dans mon corps mais dans mon esprit. C'est ainsi que je peux modifier tes souvenirs, retrouver quelqu'un en pensant à lui... 

- Oh... Et donc... Euh...

- Et... Deux vampires nés ne peuvent pas... euh... avoir d'enfants...

Je me tus. C'était assez.... spécial. Et triste, aussi. Et ça voulait dire qu'Eric et moi n'aurions jamais pu... Bref! Ce n'était pas important, puisque j'étais plus attirée par Michael. 

Je me figeai. A quoi venais-je de penser? Je me mordis les lèvres et me retournai. 

- Il me faut... Un peu d'intimité. Je reviens.

En effet, ma vessie menaçait d'exploser. Je m'en fus en catimini, sous le regard surpris de Michael. Avait-il surpris mes pensées? J'espérais bien que non. Ou peut-être qu'au contraire, j'espérais que si... Je ne savais plus quoi penser. Soudain, j'entendis des pas derrière moi. Je me retournai et découvris Michael.

- Tu peux pas me laisser un petit moment d'intimité? J'ai envie de faire pipi, là, m'exclamai-je.

Michael sourit. 

- Désolée. Il faut que je te parle.

- Eh bien fais vite.

Michael hocha la tête. Il baissa les yeux, et chercha les mots. 

- Rosalie, je... Je voudrais que tu saches que... Je suis content que tu ne veuilles pas effacer tes souvenirs.

- Moi aussi, répondis-je avec un petit sourire. 

Je ne voyais pas où il voulait en venir. 

- Parce que si tu les avais oubliés, j'aurais été le seul à me rappeler de ce que j'ai vu dans ton esprit.

Je restai un instant figée. Il l'avait vu. Il le savait. Il savait à quel point j'étais folle d'aimer l'homme qui avait voulu m'utiliser comme monnaie d'échange pour sa propre liberté, prêt à me tuer s'il estimait cela nécessaire. Et moi, j'en étais tombée amoureuse. 

- Et aussi parce que j'en ai marre de devoir te rappeler à chaque fois ce qu'est un vampire, fit-il avec un immense sourire.

J'éclatai de rire. Ce n'était pas particulièrement drôle, mais ça ramenait un peu de légereté dans la discussion, parce qu'elle était soudainement devenue très tendue. Michael finit par s'éloigner. Si nous étions dans un film, nous nous serions embrassés et le vent aurait commencé à faire voleter des feuilles mortes qui nous auraient entourés, alors qu'une musique allant crescendo aurait transposé le spectateur dans un autre monde. 

Mais au lieu de ça, Michael s'éloignait, et je me baissais au milieu de la forêt. Vraiment très gênant. Lorsque je revins vers les autres, Eric me regardait bizarrement, et Elizabeth était en pleine "discussion" avec son frère.  Je tentai de cacher le rouge qui me montait aux joues, mais sans succès, je crois. Eric s’en aperçut et secoua la tête. Je m’assis près d’eux.

- Alors, que fait-on? demandai-je.

Michael s'assit face à moi et me regarda un instant. Puis, il haussa les épaules et se retourna vers Eric.

- D'acord, je tiens à au moins t'offrir la vie que je t'avais promise, Rosalie. Ensuite, je pense que je partirai ailleurs.

- Ailleurs, où?

- Loin, finit-il par dire.

Eric ne voulait plus rien avoir à faire avec nous. Il lui tardait déjà de partir. Michael réfléchissait quand Elizabeth lui toucha le bras. Ils restèrent un instant connectés, puis Michael déclara:

- Tu ne peux pas rester dans le pays, Rose. Il te faut changer de nom, de nationalité... Sinon, John te retrouvera.

- Il pense que je m'appelle Rose, non? 

Eric hocha la tête. Il me regarda et me contra:

- Michael n'était pas le seul chasseur. Il y en a d'autres. Ils te retrouveront rien qu'en pensant à toi. Mieux vaut que tu ne sois pas dans les limites de son territoire. 

Je hochai la tête. Il avait raison. Mais je voulais être près de Michael. Celui-ci me lança un regard perplexe. Je savais que ma présence à ses côtés nous mettaient tous les deux en danger. Mais je ne voulais pas aller me terrer dans un coin perdu juste pour vivre une vie tranquille et morne. Ces quelques jours avaient étés les plus stressants mais aussi les plus intenses jours de ma vie. La dangerosité me manquait. J'en avais envie; elle m'appelait inlassablement. Comment lui résister?

- Michael, promets-moi que tu prendras soin d'elle, dit Eric. 

Je le regardai. Lui aussi lisait dans les esprits? Ou alors peut-être était-ce tellement évident qu'il n'y avait pas besoin de tout cela.

- Je te le promets, répondit Michael.

C'était un engagement. Non seulement envers Eric, mais aussi envers moi. Je le connaissais à peine, mais pourtant, j'allais apprendre à vivre avec lui. Et ça me faisait autant peur que plaisir.

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