Partie 7

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Poissy, le 15 novembre 2017.

Cher docteur Vossel,

Vous m'aviez demandé de vous tenir au courant de l'état de Viviane et je l'ai fait, comme tout ce que vous m'avez conseillé de faire auparavant. Je ne l'ai pas informé de qui je suis, vous pensez que c'est mieux pour elle. C'était peut-être vrai il y a trois mois, mais plus maintenant.

Elle semble plus éveillée, je sais vous allez me dire que c'est une bonne chose qu'elle sorte de son état végétatif et croyez-moi, je suis la première à m'en réjouir. Seulement, elle n'est plus la même qu'avant. Il y a une espèce d'ombre qui plane toujours dans son regard quand elle le pose sur moi. Comme si elle me considère comme un ennemi. Et je la comprends. Elle ne sait pas qui je suis et pourtant je vis avec elle. Il y a de quoi être perturbé... Alors, je pense tout lui dire, qu'elle sache enfin ce qui s'est passé depuis sa crise.

Je sais ce que vous en penserez, que c'est une mauvaise idée et qu'elle risque à nouveau de me faire du mal en croyant avoir blessé un monstre. Mais là c'est différent, je le sens, si je ne lui explique pas elle va faire du mal à quelqu'un d'autre. Et ça, je ne le souhaite pas, ni que Viviane soit internée à nouveau. Si j'ai refusé de porter plainte contre elle la première fois c'est car je suis convaincue qu'elle peut sans sortir.

Rien n'est perdu, vous l'avez-vous-même dit et c'est pour cela que vous lui avez permis de sortir. Je ne cesserai jamais de vous remercier pour cela et vous savez l'importance que j'accorde à votre opinion. Malheureusement, cette fois-ci je pense votre jugement erroné.

Viviane ne se comporte certes pas comme avant et son état s'approche plus de celui de l'automate. Mécanique, dénué de sentiment, incapable de créer des liens. Elle n'est pas la bête féroce qu'elle a pu être, elle est bien pire. Froide et convaincue de savoir, de détenir la vérité sur moi. Une bien sombre vérité. Bien évidemment fausse.

Ma décision est prise docteur, j'informerai Viviane dès ce soir. Si je vous écris cette lettre ce n'est pas pour vous consulter sur ma prise de position mais plutôt pour vous en informer et pour appuyer sur la nature réfléchie et irrévocable de celle-ci.

Viviane est peut-être votre patiente, mais elle est surtout ma fille, même à vingt-cinq ans et je suis celle qui est en devoir de la protéger. Je ne l'ai certes pas eu en observation clinique durant un an, mais je l'ai mise au monde, élevée et éduquée. Cela me semble suffisant pour prétendre la comprendre mieux que vous et vos collègues.

Bien évidemment je continuerai à vous tenir au courant de son état et je n'oublie pas que c'est grâce à vous qu'elle m'a été rendue.

Bien à vous.

Anne Hublay.

Fin.

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