Jour 6
Être ou ne pas être : telle n'est pas la question. La question c'est plutôt peut-on être ? Peut-on être conscient de la moindre partie de nous, pouvons-nous avoir un quelconque contrôle sur ce que nous sommes ? Devient-on ce que l'on décide ou alors sommes-nous destinés à être ? Est-ce que le destin c'est justement ce chemin qu'on s'apprête à arpenter sans même sans rendre compte et en croyant avoir le choix d'être ou non alors que nous sommes nés conscients qu'à moitié ?
Voici ce que j'ai répondu au juge quand il m'a demandé si j'étais consciente de mes actes au moment du meurtre. Je savais que cela ne plairait pas à mon avocat commis d'office. Il m'avait prévenu, je ne suis pas responsable de mes actes, je dois plaider la folie. Mais je ne l'ai pas fait. La vérité et rien que la vérité, qu'on veuille la croire ou non...
Sont-ils tellement habitués à entendre les accusés mentir pour sauver leur liberté qu'ils ne reconnaissent pas un coupable disant la vérité ? Pourquoi est-ce si difficile d'être reconnu coupable quand on l'est vraiment ? Aurais-je dû dire que je ne l'étais pas pour qu'on se décide à clôturer mon dossier et à le jeter aux oubliettes ?
Les hommes sont décidément bien étranges...
Mais désormais je suis tranquille, je ne suis plus qu'à moi, qu'à mes pensées et qu'à l'écriture de ma vérité. Je ne donne plus d'explications quand on m'en demande, j'en donne car je le veux. Pour une fois, j'ai une volonté propre, si je décide de raconter mon histoire ce n'est pas pour ce que penseront les gens de moi ni pour faire comme les autres.
Non si j'écris ce journal c'est pour rendre cela plus réel, pour que je sois sûre de l'avoir fait, pour que je ressente à chacune de mes relectures ce soubresaut d'euphorie et d'horreur qui m'a agité, pour être sûre qu'elle n'est plus et que je suis une meurtrière.
Je pense qu'il n'y a rien d'autres à ajouter, je devrais conclure sur les mêmes mots qui ont été prononcés avant de m'envoyer dans cette cellule sombre.
« Après délibération, le tribunal vous déclare coupable du meurtre de Anne Hublay avec préméditation. Il vous condamne à la détention à vie au centre pénitentiaire du Sud-francilien. »
Viviane Hublay
Le : 01/03/2018
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Qui y croira ?
Kısa HikayeJe suis une meurtrière. Enfin j'ai tué, je ne m'en croyais pas capable mais je l'ai fait. Je ne regrette rien. Je ne ressens aucun remord ni culpabilité... Avais-je tort ? Avais-je raison ? C'est le genre de questions qu'on a le temps de se poser...