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- Bon, vous avez bien compris ? Tout ceci est confidentiel. Ils ne doivent pas vous voir ni connaître vos prénoms. Ce que vous entendrez et verrez devra rester confidentiel. Vous devez suivre les consignes à la lettre. Un seul faux pas et vous êtes virés. Cela va sans dire que vous ne toucherez pas d'argent. C'est clair ?

- Oui, monsieur Kim, répondent les jeunes hommes présents dans la salle.

- Réfléchissez bien cette nuit et si vous refusez ce contrat, ne venez pas et nous comprendrons. Par contre, si vous venez demain, vous devrez rester quoiqu'il arrive.

Le petit homme à lunettes et en costume, prend le temps de regarder chaque personne dans les yeux. On n'entend pas un bruit dans la salle, chacun attendant la suite.

- Demain, reprend l'homme, sera une mise à l'épreuve. Vous réussissez, vous restez. Vous échouez, vous partez. C'est compris ?

Les hommes présents dans la salle hochent la tête.

- Vous pouvez y aller. Bonne soirée à vous, messieurs.

- Merci monsieur Kim.

Ils se lèvent et s'inclinent devant l'homme avant de sortir de la salle. Certains restent devant le bâtiment, pendant que d'autres rentrent ensemble pour faire connaissance.
Jekyun n'a pas le temps ni pour l'une ni pour l'autre chose. Il prend son vélo et pédale à toute vitesse dans Séoul évitant les voitures et les passants.

Il n'en revient pas de ce qu'il s'apprête à faire. C'est complètement dingue, mais il n'a pas le choix.
Son domaine, c'est la danse, mais il a besoin d'argent rapidement. C'est pourquoi, quand monsieur Kim est venu le voir, il a pris le temps de l'écouter et a accepté son rendez-vous.

Il repense à ce soir-là. Est-ce un de ces événements qui change une vie ? Ou est-ce que ce sera un échec ? Il ne sait pas, mais il doit tenter le coup, pour sa mère.

Ce soir-la, donc, il était, comme tous les soirs, dans Hongdae pour faire une démonstration de danse avec ses amis. Ils profitent toujours de cette occasion pour faire la publicité de leur studio de danse et pour récolter un peu d'argent.
Ils dansaient et faisaient leur petit numéro qui se résume en un mot : fanservice. Ils ont beaucoup étudié la question et savent exactement où placer les mains, à quel moment toucher l'autre, quand lancer un petit regard. Ce petit jeu subtile qui plaît tant au public n'a plus de secret pour eux.

A la fin de leur prestation, comme à chaque fois, les gens viennent les aborder pour leur offrir des cadeaux, donner de l'argent, leur parler, demander des photos, prendre des renseignements sur leurs cours de danse etc.

Cependant, ce soir là, un monsieur l'a abordé. Il lui a dit s'appeler Kim et être à la recherche de profils comme le sien pour un travail bien payé et atypique. Puis, il lui a donné sa carte et lui a donné rendez-vous le lendemain soir. Il n'y croyait pas, bien sûr. Il n'est pas idiot.
Seulement, en rentrant chez lui, il a reçu un appel de l'hôpital lui indiquant que sa mère n'avait toujours pas payé.
Alors, il s'est dit : pourquoi pas.

Ça fait 1 an que ses amis et lui ont racheté un vieil immeuble et l'ont réaménagé pour en faire un studio de danse. Ils commencent à avoir une petite notoriété, seulement, ça ne leur rapporte pas encore suffisamment d'argent.

Ça ne le dérangeait pas jusqu'à présent, du moment qu'il pouvait faire ce qu'il aimait. Malheureusement, sa mère est malade et elle a besoin de soins. Jekyun a donc besoin d'argent et vite.

Ainsi, il s'est retrouvé le lendemain soir devant un grand bâtiment anonyme à l'heure du rendez-vous donné par cet homme étrange. D'autres jeunes étaient déjà là à attendre. Monsieur Kim est apparu et leur a demandé de le suivre dans une salle. C'est dans cette salle que ce type a commencé à expliquer la raison de leur présence et le travail qu'il leur proposait.

Devenir coach.
Pas n'importe quel coach. Un coach en fanservice. Le travail consiste à murmurer dans l'oreille des idoles le comportement à avoir au bon moment pour entretenir le doute et faire du bon fanservice. Le groupe qui recrute a besoin de quatre coachs. Demain, pendant le fansign, ils vont se succéder et monsieur Kim sélectionnera alors quatre d'entre eux pour suivre le groupe et devenir leurs coachs personnels.

Jekyun ne pensait pas du tout qu'un tel métier existait. Il ne pensait pas non plus que les idoles avaient besoin de conseils. Il paraît qu'elles ont déjà tellement de pressions et de préoccupations qu'elles ont besoin d'un coach. Lui, tout ce qu'il voit est que c'est un travail bien rémunéré et que ça lui permettra peut-être de faire connaître leur studio de danse un peu partout.

Il arrive enfin à l'hôpital. Au moment d'entrer dans la chambre de sa mère, le médecin l'intercepte.

- Monsieur, pouvez-vous me suivre je vous prie ? Je dois vous parler avant que vous voyiez votre mère.

Inquiet, Jekyun suit le médecin dans son bureau.

- Comment va ma mère ? demande t-il sans préambule.

- Elle a besoin de soins, de surveillance et de beaucoup de repos. Son assurance peut prendre en charge les frais d'hôpital. Par contre, je m'inquiète beaucoup pour son retour chez elle. Elle aura besoin d'une aide à domicile le temps de guérir et d'appareils médicaux.

- Je comprends. Ne vous en faites pas, je trouverai l'argent. Je veux qu'elle rentre à la maison.

- Je suis d'accord avec vous. Elle ira mieux chez elle, mais pourrez-vous payer les frais ?

- Oui, affirme Jekyun. Je trouverai l'argent. Quand pourra t-elle sortir ?

- Si son état reste stable, elle pourra sortir ce week-end, dit le médecin.

L'inquiétude se lit sur les traits de son visage, mais Jekyun n'y prête pas attention. Il trouvera l'argent. Il n'est pas question qu'il en soit autrement.

- Nous en reparlerons ce week-end, dit le médecin après une minute de silence.

Jekyun hoche la tête et sort du bureau pour aller retrouver sa mère. Il prend une grande inspiration et expire lentement pour évacuer toute la tension. Il ne veut pas que sa mère le voit inquiet. Il frappe à la porte et entre.

- C'est toi Jekyun ? demande sa mère en regardant vers la porte.

- Oui, maman. Comment tu te sens ? demande t-il.

- Je me sens bien. Quand pourrai-je rentrer chez moi ? demande t-elle d'un air triste.

- Bientôt maman, répond Jekyun en s'asseyant sur le lit et en prenant la main de sa mère.

- Je déteste les hôpitaux. Ça me rappelle tellement de mauvais souvenirs avec ton père.

Son père est décédé d'un cancer et il a passé plusieurs mois à l'hôpital avant d'y mourir. Pendant ces longs mois, sa mère et lui ont vu son père perdre son sourire et déprimer à force d'être enfermé dans sa chambre d'hôpital.

- Je sais maman, dit Jekyun. Tu as soif ?

- Non merci, mon chéri. Dis moi plutôt, comment ça s'est passé ce soir ? Tu as bien dansé ?

Jekyun sourit, sa mère l'a toujours soutenu dans sa passion. Elle n'a raté aucune de ses vidéos et elle adore le voir danser. Le travail de coach étant confidentiel, il ne doit en parler à personne. Même si ça l'ennuie, il doit mentir à sa mère.

- Oui. Les gens étaient contents et nous ont applaudi.

- C'est bien mon garçon. Et tes cours ?

- Nous avons de nouveaux inscrits. On commence à être connus.

- Je suis fière de toi, murmure sa mère.

Jekyun remarque qu'elle essaie de restée éveillée pour lui.

- Je vais te laisser maman. On bosse sur une nouvelle choré. Je repasserai demain. D'accord ?

- D'accord, dit-elle. Je t'aime mon fils.

- Moi aussi maman.

Il l'embrasse sur le front, vérifie qu'elle a tout ce qu'il lui faut et il part.

Arrivé chez lui, sa tension est revenue, ainsi que la boule dans son ventre. Il doit réussir la mise à l'épreuve de demain. Il ne peut pas en être autrement. Il prend une douche, mange des ramens et part se coucher. Malgré le stress et la pression, il tente de se relaxer pour trouver le sommeil.

Un Travail Un Peu ParticulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant