Enchanteresse

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{L'inspiration de ce texte vient du rêve d'un ami, nous continuons d'écrire ensemble une histoire dont le commencement est basé sur ce texte.}

Je m’apprêtais à sortir quand je le vis, seul au fond des rayons des livres d’aventure, le regard cherchant une âme sur qui s’appuyer. Ses yeux voulaient pleurer mais il n’y arrivait pas, comme déjà vidé de toutes les larmes de son corps. Il fuyait mon regard chaque fois que j’essayais d’attraper le sien, comme s’il avait quelque chose a se reproche, comme si je l’effrayais. Je voulais m’approcher de lui, lui demander s’il allait bien, s’il me connaissait et si je pouvais l’aider mais j’en était incapable. Mon corps tout entier était paralysé. De peur. D’une peur bleue que je ne contrôlais pas. D’une peur qui ne m’appartenait pas. C’était ses sentiments les plus profonds. Les larmes commençaient à couler sur mes joues quand l’homme s’approcha. N’importe qui dans la pièce aurait cru qu’il voulait juste sortir de la pièce comme moi il y a quelques secondes mais je savais qu’il ne voulait pas sortir. Il venait vers moi. 
Plus il s’approchais plus mon pouls s’intensifiait. J’avais envi de m’enfuir en courant vers lui et de lui sauter dans les bras mais en même temps de fuir très loin, où il ne pourrait jamais me retrouver. Je le sentais tout près, je sentais son souffle sur mon visage et sa main se poser sur ma joue. Mes larmes coulaient de plus en plus sans vouloir s’arrêter. Je crois que tout le monde autour de nous nous regardait mais je m’en fichais car maintenant je me souviens. Comment ai-je pu oublier ?
Je suis une enchanteresse et nous avons parcouru le monde pour retrouver ses fragments de mémoire égarés. Il est tout pour moi. La seule chose qui compte dans ce monde où tout semble corrompu. Mon grand blond d’habitude si souriant et énergique semble vidé de toute émotions mais pourtant je sens dans son cœur une incroyable tristesse qu’il n’arrive pas exprimer. 
Mes larmes ont arrêté de couler mais mes jouent sont trempées et mes yeux n’ont jamais été aussi rouges. J’aimerai parler, le serrer dans mes bras, lui dire que tout ce qu’on a accompli été extraordinaire et que j’aimerai recommencer. Lui dire combien il est fantastique de m’avoir supporté pendant autant de temps, de m’avoir fait confiance et de ne m’avoir jamais menti. Mais une pensée me bloque, pourquoi est-il si triste ? Pourquoi suis-je si triste ? Nous devrions nous réjouir d’être ensemble, pourquoi est-ce ça me semble si dur d’être avec lui ?
Je m’apprête à lui poser la question quand je vis ses lèvres se crisper légèrement pour me dire, dans un souffle à peine audible, comme s’il avait pu lire dans mes pensées :
« Ce n’était qu’un rêve Sydney. »
Tout mon visage se crispe et mes yeux se remette à pleurer, mon cœur se brise en un millier de morceaux et mes jambes lâchent prise. Ilvick me rattrape juste avant que je me m’effondre et m’aide à m’assoir par terre à côté de lui. Nous sommes en plein milieu d’une allée entre deux rangées de livres, nous gênons tous les amateurs de livres d’auteur mais nous nous en fichons. 
Nous avons fait tout les deux un rêve qui nous a amené dans une aventure de plus d’une année dans laquelle on n’aurait jamais pu être plus proche. On a traversé des villes, des océans, des continents. On a affronté notre destin et je lui ai sauvé la vie. On a rigolé, on a pleuré, on a eu peur et on s’est engueuler, beaucoup de fois. Mais jamais on ne s’est laissé tomber. Nous avons toujours été là l’un pour l’autre.
Mais tout cela n’été qu’un rêve. Un simple rêve d’une nuit. Le genre de rêve que tout le monde oublie en se réveillant. Ce genre de rêve dont tu souviens plusieurs jours, voire plusieurs mois, après l’avoir fait. Mais au fond de toi tu te souviens de ce rêve, tu sais quels sentiments tu as éprouvé et tu les ressentiras en toi jusqu’au jour où tu te souviendras d’où ils viennent.
« Ça ne peut pas être qu’un simple rêve, me surpris-je à dire sans m’en rendre compte, on ne peut pas avoir fait tout ça pour rien. »
Dans le cœur d’Ilvick les larmes cessèrent instantanément et se transformèrent en doute. Lui aussi pensait la même la chose. Il voulait savoir. Moi aussi.
Nous nous levâmes en même près à résoudre ce mystère. Je crois qu’il voulait autant que moi retourner dans ce rêve fabuleux où nous étions des enchanteurs, où nous pouvions faire ce que l’on voulait sans jamais rien devoir à personne. Un monde où nous étions importants l’un pour l’autre et où rien d’autre ne comptait. 
Et puis, en sortant de la bibliothèque je me remis à pleurer. Et je suis sûr d’avoir vu des larmes sur les joues d’Ilvick.

Le Vrac d'une DuchesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant