Chapitre II

14 1 3
                                    

J'entendis le magicien qui revenait. Tap-tap-tap.Vite,je refermai mon poing sur la pierre et la fourré au  fond de ma poche. L'obscurité reprit sa place . Au moment où je me retournais ,en clignant les yeux pour chasser les restes de lumière étincelante, le vieillard apparut au coin de la ruelle et,tendant sa grosse main, il me saisit par l'épaule.               
 -Eh bien, mon garçon.                    Sa voix était puissante et rocailleuse .Je me pétrifiai. Je sais reconnaître les ennuis quand ils me tombent dessus. Il me toisa de son regard vif et intimidant . Le silence perdura pendant un long moment .         
Au fond de ma poche,la pierre était lourde et chaude.
Finalement il dit:                              -Tu as l'air affamé.                        
Je l'étais, en effet. Prudemment,avec méfiance ,je hochais la tête.
-Dans ce cas,je t'invite à dîner,proposa le vieil homme.
Que dirais-tu d'un rôti de porc ? Avec des pommes de terre et une tarte ?                                                 J'en bavais déjà. Mon cerveau me disait que ce n'était pas une bonne idée . J'avais affaire à un magicien, de toute évidence, et qui était assez fou pour dîner à la table dans magicien ? Mais mon estomac vide depuis la veille criait encore plus fort : il voulait du rôti de porc, des pommes de terre et de la tarte . Il m'ordonna de hocher la tête encore une fois et je lui obéis.     
-Bien,fit le vieux magicien . L'auberge  au coin de la rue est encore ouverte.Il me lâcha et s'éloigna de la rue. Tap-tap-tap. Je lui emboîtai le pas .                  -Je m'appelle Nihil,dit-il. Et toi, quel est ton nom ?                            Dire son nom à un magicien n'est généralement pas une bonne idée non plus . Je ne répondis point. Je continue à marcher près de lui. Il semblait regarder l'auberge située droit devant nous ,au coin de la rue, mais j'entraperçus ses  yeux perçants qui m'observaient sous les bords de son grand chapeau .                                         
L'intérieur de l'auberge était éclairé par un feu de cheminée. Il n'y avait personne, à l'exception du patron.        
-À dîner! ordonna le magicien en le pointant du doigt.
Bizarre comme manière mais j'ignora.                            L'aubergiste disparut prestement. On s'assit à une table ; j'avais le mur dans le dos, alors que Nihil était assis entre moi et la porte.                               
-Eh bien, mon garçon, dit-il en ôtant son chapeau.                          Je découvris que ses yeux étaient noirs , ses cheveux, sa barbe et ses sourcils, d'un gris argenté. sous son manteau anthracite, il portait un pantalon et une pull à col de velours, noir, et un gilet, noir lui aussi , brodé.         
L'ensemble semblait un peu miteux. Comme s'il avait connu des jours meilleurs. Il posa sa canne à pommeau d'or contre la table .                 
-C'est une nuit bien froide et humide pour les voyageurs, n'est-ce pas ?
Pour n'importe qui, pensais-je. J'acquiesçai. Il m'observa. Je sentais son regard pesant sur moi.                       
-Tu sembles en bonne santé, dit-il comme s'il se parlait à lui-même. Pas d'effets indésirables, à ce que je vois.

Des effets indésirables ? De quoi parlait-il ?                                         

-Tu ne m'as pas dit ton nom.           

Et je n'en avais pas l'intention. Je répondis par un haussement d'épaules.Nihil ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose , mais, au même moment, l'aubergiste deposa devant nous deux assiette pleines. les côtes de porc étaient odorantes et croustillantes, les pommes de terre nageaient dans le beurre, leur dos brun et brillant était parsemé de poivre noir. L'aubergiste réapparut brièvement pour ajouter sur la table deux parts de tarte dégoulinantes de fruits rouges et saupoudrées de sucre.  Les lèvre du magicien articulèrent quelque chose , mais je ne l'entendis pas. Avec ma fourchette , je coupai une pomme de terre en deux . Je laissais le beurre pénétrer à l'intérieur puis avalai une énorme bouchée .                            Le magicien ne me quittait pas des yeux.                                            -Je me disais que ma locus magicicalicus allait te tuer , mon garçon...                          

LE VOLEUR DE PIERREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant