Chapitre 2

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Là, je me trouvai dans une banque.

Murs en imitation marbre, guichets dorés, personnel tiré à quatre épingles.

Discrètement je passe aux rayons X une employée. Sur son badge il était écrit "Monique- Personnel guichetier". Monique était petite, replète et de jolies cheveux poivres et sels ondulaient sur ses épaules carrées. Elle avait l'air d'avoir une petite cinquantaine d'années. 49 ans je dirais. Un joli rouge à lèvres couleur " Perle de sang" dessinait magnifiquement bien ses fines lèvres.

Elle servait un client que j'appelerai Patrick. Petit, avec une discrète bouée qui dépassait de chaque côté de son vieu jean. Il avait un début de calvitie et un visage marqué par les rides. D'après sa carte de crédit c'était un habitué de la Luxurious Bank.

Soudain, ma vue se troubla les écritures devinrent des tâches puis mes yeux firent une espèce de mise au point et tout redevint normal. Je commençai à me sentir fatigué, c'est complètement normal.

Enfin bref, Bernard venait de faire un retrait de 150£.

Une montre, un dîner gastronomique ou juste un retrait de routine? Ca, je ne le saurai sans doute jamais.

Il rangea ses billets dans son vieu portefeuille en cuir tout craquelé.

Je décidai de le suivre à l'extérieur. Quand il sortit dans grouillant de monde, de vie, de joie et d'envies il se dirigea vers le premier vendeur de hot-dog. Le mélange qu'il fît m'écoeura.

Moutarde, ketchup, salade et double supplément fromage sans oublier le soda maxi format qu'il choisi zéro sucres pour se donner bonne conscience.

Maintenant je comprends le pourquoi du comment de la petite bouée qui dépasse de son jean.

Après avoir goulument avalé la dernière miette et bu la dernière goutte de son soda trop froid à son goût il se releva de son banc crasseux se dirigea vers une poubelle et jeta ses papiers par terre.
Je suis aussi sidéré que toi.

Puis, il se décida enfin à marcher.

Je le suivi aussi discrètement qu'une ombre.

Il marcha pendant de longues minutes tournant parfois la tête pour regarder un costard qu'il ne pourra jamais s'acheter ou pour observer une femme visiblement bien trop attirante pour lui.

Patrick, il aimait bien le luxe, l'extravagance, sans en avoir les moyens. Il aimait tout ce qui est "trop" pour lui. Trop beau, trop cher, trop grand, trop attirant...

Il aimerait bien avoir une vie de luxe sans vraiment s'en donner la peine.

Il partait aux Seychelles sans pouvoir payer ses factures d'électricité, il était dans une banque prestigieuse alors qu'il était dans le rouge tous les mois...

Comment je savais ça?

Tu ne te rappelles pas? Je t'avais bien dit que j'étais un ob-ser-va-teur.

Son billet d'avion pour les Seychelles était soigneusement plié en quatre dans son portefeuille, la guichetière, Monique, lui a annoncé que c'était le dernier retrait qu'il pouvait faire ce mois-ci et pour l'électricité... j'ai confié ma parole au hasard.

Nous nous dirigeâmes Patrick et moi vers une ruelle sombre. Un vieux néon rouge éclairait la scène d'une manière totalement aléatoire.

Bien sûr, on se demande comment j'ai pu être assez discret pour le suivre sans me faire remarquer. Je suis comme l'ombre des gens, je les suis qu'ils le veuillent ou non.

Sans prévenir Patrick ouvrit une porte cachée par plusieurs centimètres de crasse.

Nous nous retrouvâmes dans une immense salle rouge et or.

Le bruit incessant des roulettes, des jetons et le frottement des cartes nous engloba.

Un casino, apparement clandestin.

C'était tellement excitant qu'on se sente en sécurité malgré le fait qu'il puisse arriver quelque chose à tout moment. Un sécurité dangereuse.

Il avança d'un pas décidé comme s'il était habitué à venir là.

Voilà ce qu'il voulait faire avec ses 150£. Les miser. Il ne doit pas gagner souvent vu ce qu'il avait sur son compte. Et encore, on était que le 8 du mois!

Tout à coup, deux armoires à glace shoppèrent Patrick par les épaules et le soulevèrent tel une feuille de papier. Pour une fois je ne voulu les suivre ( et oui je ne suis pas psycopathe à ce point) et sortis du casino.

Après m'être extirpé de cet endroit à faire tousser un mort j'entrepris de chercher Patrick qui avait dû être expulsé.

Tournant à un coin de rue j'aperçus Patrick allongé par terre, le visage ensanglanté en train de se faire tabasser par les deux armoires à glace.

Je ne pu plus rien faire alors je le laissai livré à son propre sort.

DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant