Les murs étaient blancs, un ordinateur noir était posé sur un bureau en bois vernis. Derrière la vieille machine électronique une grande femme blonde pianotait.
Dans cette pièce chaque chose avait sa place et chaque place avait sa chose .
Revenons à la femme. Elle était posée là, la mine maussade comme si elle était scotchée à sa chaise. Toutes les minutes elle regardait une photo.
Malgré l'horrible migraine qui s'était ajoutée à ma fatigue j'arrivai à distinguer sans trop de problème que c'était son chat qui posait sur l'image.
Un persan gris chiné qui faisait la même tête que sa maîtresse.
Je tounai la tête pour observer le reste de la pièce
L'horloge indiquait 16h52.
Je vis qu'à côté de la vieille horloge se trouvait un diplôme.
Cadre en bois laqué, verre immaculé; elle y tenait à ce bout de papier. En m'approchant je vis qu'elle était comptable.
L'aiguille tournait, les secondes s'égrainèrent. Sophie( son nom était écrit sur son diplôme) s'impatienta de plus en plus. Ses mouvements se firent plus pressants, ses pieds trépignèrent.
17h00. Elle éteignit son ordinateur, remit sa veste, quitta la pièce et verrouilla ce bureau qu'elle n'avait pas plus l'air d'aimer que son travail.
Une fois sortie de l'immense bâtiment elle traversa la route si précipitamment qu'elle manqua de se faire percuter par une voiture.
Quand elle eu fini de crier tous les jurons possibles et inimaginables, elle entra dans un petit bâtiment au crépi tou défoncé. La salle dans laquelle elle s'imisca sentait le baume du tigre à plein nez. Elle passa devant une rangée de sac de boxe plus grands qu'elle et se dirigea vers les vestiaires. Je l'attendis dans cette immense salle entourée de grands miroirs. Quelques uns étaient brisés, d'autres si sales qu'on avait du mal à se voir dedans. Des dizaines de gants de boxe étaient abandonnés dans un coin et un vieu poste des années 80 passaitla bande- originale de Rocky 4 entrecoupée de grésillements.
Sophie arriva prête à en découdre. A peine eu-t-elle le temps de prendre une paire gants qu'un colosse entra dans la pièce. C'était un immense black de deux mètres qui était tellement musclé qu'il y avait plus de bosses sur lui que sur une piste de ski non damée. C'était pour dire.
Une fois que deux ou trois autres personnes furent arrivées et se furent changées ils se mirent tous en cercle et commencèrent l'échauffement.
Oui, comme moi tu as dû penser que le grand black (que j'appelerai Patrick) était un était un excellent prof. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître Patrick n'est pas le prof. En fait tout ce monde était géré par un homme d'une petite soixantaine d'années. Il devait mesurer aux alentours des 1m70 et avait la barbe poivre et sel.
Sur-ce, ils commencèrent à véritablement boxer. Ce fut ma partie préférée. Colère, agressivité, douleur... bref que des bons sentiments. Comme à mon habitude je ne participai pas, je me contentai d'a-n-a-l-y-s-e-r.
Une fois que la séance fut terminée et qu'ils furent tous plus rouges qu'un bouton d'adolescent, ils se dirigèrent vers les vestiaires.
Malheureusement à mesure que le temps passait je me sentai de plus en plus fatigué. Au fil des jours mes jambes devenaient de plus en plus lourdes,comme du plomb, mes cernes se marquaient... Je savais ce que je voulais faire mais je n'en avais aucune envie. J'espérais pouvoir encore tenir 2 ou 3 jours.
Sophie arriva fatiguée mais étrangement souriante. En même temps qui suis-je pour juger de l'étrange...
Quand on sortit la nuit était tombée et une brise fraîche lui faisait voleter quelques petits cheveux qui étaient tombés de sa queue de cheval.
Malgré le fait qu'elle venait de faire une bonne heure et demie de boxe intense, elle se dirigea d'un pas relativement décidé vers un vieux pub. Le verre galant (oui je sais, super jeu de mots).
Quand elle fut assise sur un tabouret brinquebalant, elle commanda un sandwich jambon beurre soit disant maison et un mojito. Elle bu son mojito d'une seule traite mais le sandwich eu plus de mal à passer. Oh et puis zut! Elle commanda un autre mojito, deux autres mojitos, trois autres mojitos,... Quand elle eu enfin finit de raconter pour la troisième fois au barman la mort de son chien Lascar, elle estima qu'il était peur-être temps de rentrer chez elle.
Par je ne sais quel moyen, elle arriva devant son immeuble en un seul morceau ( même si le corps est composé de plusieurs morceaux et que par conséquent cette phrase est fausse. Bref, je m'égare).
Après qu'elle eu passé cinq bonnes minutes à composer son digicode elle pu enfin entrer dans son immeuble. Non sans tituber elle parvint à son appartement. C'était un petit studio très mal rangé. Deux jeans traînaient par ici, trois souvêtements par là... Il y avait même un pull sur la télévision.
Dès qu'elle arriva, elle s'affala (pour ne pas dire se jeta) sur son canapé, prit la télécommande et alluma sa télévision.
Elle zappa une bonne dizaine de fois avant de s'arrêter sur un vieu film des années 90 qui parlait du meurtre de la belle-soeur du cousin à l'inspecteur.
" Inspecteur, je dois vous dire quelque chose.
- Qu'y a-t-il mon cher Grégoire?
- Marie-Madeleine vient d'être retrouvée morte dans son lit.
- Marie-Madeleine la belle soeur de Marc mon cousin adoré?
- Malheureusement oui.
- Morbleu! Donnez moi mon imperméable taupe et allons-y!"
Bref, ce fut ça pendant une bonne heure et demie.
Malheureusement ( ou heureusement) Sophie n'eut pas le loisir de regarder la course poursuite finale car elle s'endormit au bout de dix minutes.