Chapitre 2 : La mise en garde

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Pour rejoindre les montagnes de Khazdon depuis Ladros, il n'existait qu'une seule route praticable. Elle lézardait à travers la forêt, et comprenait de nombreux obstacles à franchir. Seules deux prairies permettaient aux voyageurs de se reposer, et elles servaient de lieu de campement pour les collecteurs.

Gardant à l'horizon les sommets de Khazdon, si colossales qu'elles restaient visible par delà la cime des arbres, le groupe commença à arpenter de sentier, d'un pas soutenu.

Vincent ouvrit la marche aux côtés du loup gris Isil. Les trois elfes progressaient quant à eux quelques mètres en retrait, pour laisser à la bête le soin de déceler tout danger, et à l'esclave de le contenir en cas de besoin. Les collecteurs ne craignaient pour autant pas d'être attaqué durant leur premier jour de voyage.

Leur communauté inspectait régulièrement les bois autour du village, et le remplacement des demi-elfes, ligotés à certains troncs, généraient suffisamment d'activité pour tenir à distance la nature sauvage. Le ciel couvert constituait la plus grande menace pour le groupe. S'ils avaient pour le moment la chance de progresser rapidement sur un sol sec ; ils risquaient de ne pas arriver à temps au campement si jamais la neige s'invitait à leur expédition.

— Mes maîtres, je perçois du mouvement, avertit Vincent, peu après la mi-journée.

Les elfes se tendirent un instant, puis, se laissèrent rassurer par l'absence de réaction d'Isil. Si le loup ne grondait pas, c'est qu'il ne percevait pas de risque pour leur sécurité. Un bruit sourd parvint aux oreilles des collecteurs, et une immense silhouette se dessina sur le chemin, sortant lentement du cœur de la forêt.

A la vue de la créature grande contre quatre hommes, constituée entièrement de bois, Vincent recula derrière ses maitres. Lorsqu'un ent, gardien de la forêt, approchait, un humain n'avait nulle place dans les discussions.

Volonario, Homa et Anzu reconnurent ce gardien, qui rôdait souvent autour de Ladros. Son visage d'écorce sèche, ses troncs massifs sans aucune ramification de branches qui lui servaient de membre et son absence totale de feuillage rendait Thorrig unique parmi les gardiens.

L'ent travaillait régulièrement de concert avec les elfes, œuvrant au bon déroulement des rituels de vie, vitaux pour la propagation de son miracle au travers de la forêt. Thorrig proposait régulièrement son aide aux elfes en danger, et apparaissait aux devant de ceux quittant Ladros, pour connaître leurs motivations.

Thorrig s'arrêta à trois mètres des collecteurs, et les regarda un par un. Il dévisagea plus longuement Vincent, et Volonario crût percevoir une pointe d'agacement dans les yeux du géant, cachés derrière la mousse qui envahissait son écorce.

"Je comprends," compatit le mage dans son esprit. "Moi non plus, je n'apprécierais pas de voir ces infectes créatures dans mon domaine. Ces humains ne ressentent pas la nature, ni ses besoins. Il n'y a qu'à voir leur culte abject envers leur dieu. Ce sont nos ennemis."

— Jeunes elfes, résonna la puissante voix de Thorrig en un craquement dans son bois. Quelle raison motive la traversée de notre forêt ?

— Elle est multiple, entreprit de répondre Hana, avançant d'un pas. Nous souhaitons rejoindre Khazdon pour extraire du minerai de la montagne, et retrouver nos camarades disparus.

— Je ne vois aucune raison de vous en empêcher... Souffla l'ent, alors que l'immense corps de la créature s'écarta du chemin. Cependant, je dois vous mettre en garde... Les bois sont agités, perturbés, par un intrus indésirable.

— Quelle sorte d'intrus ? Demanda Anzu, alors que Thorrig s'enfonçait déjà à nouveau dans les bois.

— C'est à vous de le déterminer, répondit le gardien, ne devenant déjà plus qu'une simple silhouette. La même histoire va-t-elle se répéter ? J'en témoignerais.

Les collecteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant