J'ai une proposition à te faire

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Bonjour à tous, petit chapitre aujourd'hui qui j'espère vous plaira...
Bonne lecture

Les jours passent sans que je ne trouve le courage d'aller plus loin dans mes démarches. Tout mon temps libre je le passe enfermée dans mon bureau, assise sur ma chaise à fixer ce fichu bout de papier comme s'il était mon pire ennemi ou un criminel que je devais interroger. Oui, c'est plutôt ça. Mais plus ça va, moins je sais si c'est moi qui mène l'interrogatoire ou si je suis l'interrogée.

Si la maison est toujours vivante de musique et du rire des filles qui apprennent chaque jour un peu plus à vivre ensemble, dans cette pièce le silence est lourd et j'ai souvent peur de craquer sous son poids.

Plusieurs fois d'ailleurs je songe à abandonner parce que je me dis que si je me pose autant de questions, c'est que ce n'est peut-être pas la bonne chose à faire. Je me dis aussi que de toute façon, Sasha a 18 ans maintenant, bientôt 19, et qu'elle n'en aura sûrement rien à faire d'une adoption plus symbolique qu'autre chose. Pourtant, en cas de problème, avoir un parent ou -si elle ne veut pas me voir comme tel- ne serait-ce qu'un représentant légal, ça peut changer beaucoup de choses et je ne voudrais pas qu'un jour Sasha se retrouve dans la panade sans personne vers qui se tourner.

Poussée par ce dernier argument et parce que la voix de Mika qui me dit "Va au bout de la procédure" résonne dans ma tête, je prends, quelques temps plus tard, mon courage à deux mains pour faire avancer les choses. Et c'est justement Mika que j'appelle pour venir m'y aider.

*POV Mika*

Aujourd'hui, Zazie m'a appelée, un peu en panique, pour me demander de passer la voir dès que je serais sur Paris.
Retourner en France n'était pas prévu avant un petit moment mais comme Zazie est l'une de mes meilleures amies et que tout cela doit avoir un rapport avec mon p'tit gars, je n'hésite pas une seconde à modifier mes plans pour venir la retrouver.

C'est trois jours plus tard que j'arrive à Paris, sans trop savoir ce qui m'attend, et je me rends directement chez Zazie. Je sonne, elle ne met pas longtemps à m'ouvrir. Je m'avance pour lui dire bonjour et entrer mais elle m'arrête.
"Ne bouge pas, j'arrive."

Je la vois qui part et qui revient avec son sac à main. Puis elle met ses chaussures et enfile une veste avant de me rejoindre dehors, fermer la porte derrière elle et d'ouvrir la voie.
"On va où ?" Lui demandé-je en lui emboîtant le pas.
Elle ne me répond pas mais plonge la main dans son sac pour en ressortir le formulaire d'éligibilité à l'adoption qu'elle avait manqué de jeter quelques temps plus tôt.

Je savais bien que cette histoire avait un rapport avec Sasha. Mais je suis surpris que les choses n'aient pas évolué depuis qu'on est rentrés de tournée.
"On en est encore là ?" Je dis alors, le ton à mi-chemin entre la question et l'agacement.
Zazie s'arrête net.
"Oui, on en est encore là. Mais justement, si t'es là, c'est pour m'aider. Alors dépêche-toi, on va à la préfecture."

On marche vite, on court presque, Zazie a l'air pressée et me fait même sprinter pour attraper le métro alors qu'on a toute la journée devant nous. Elle me donne l'impression de vouloir en finir vite, comme si on remettait un os en place sans prendre le temps d'y réfléchir à deux fois.

Mais tandis qu'on arrive enfin devant la préfecture, sa démarche ralenti alors que sa respiration s'accélère. Puis soudain, elle s'arrête. Ses jambes tremblent et je la vois qui prend une grande inspiration, sûrement pour se donner du courage, je me dis. Mais non. Au lieu de ça, elle bafouille:
"Ok. Non. Mauvaise idée. Changement de programme."
Puis elle tourne les talons et rebrousse chemin.

Je ne la suis pas et reste les bras croisés, me demandant si elle va me planter là ou revenir me chercher ou même, je l'espère, changer d'avis. Mais quand enfin elle se retourne et revient vers moi, ce n'est que pour me tirer par le bras et me dire tout bas, mâchoire serrée, l'air énervé:
"Reste pas là Mika, les gens se demandent ce qu'on fout là !"
"Et puis quoi, t'as peur de te ridiculiser aussi ?" Rétorqué-je. "Je vais te dire ce qui est ridicule: c'est toi, c'est ce que t'es en train de faire."

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