Épilogue

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Bonjour à tous, dernier chapitre de cette fiction... Je suis encore une fois sincèrement désolée de l'absence, j'ai eu beaucoup de travail et un décès dans ma famille proche...
Bonne lecture!

Après de très longues minutes de silence, Sasha s'est endormie dans mes bras. Je me rends compte alors de la force avec laquelle je la tenais et relâche ma prise car elle ne va aller nulle part, du moins pas de suite. Mais c'est elle qui, inconsciemment dans son sommeil, se blotti de nouveau le plus contre moi possible et l'une de ses mains vient agripper ma manche. Ça me fait sourire et je veux partager l'étreinte avec Lola, mais quand je me retourne vers elle, je remarque qu'elle fixe Sasha d'un air étrange.

Des tas de questions se bousculent alors dans ma tête: est-ce qu'elle regrette ma décision ? Est-ce qu'elle espérait que Sasha ne signe pas les papiers d'adoption ? Est-ce que j'ai l'air de la mettre de côté et d'être trop attachée à Sasha ? Est-ce qu'elle est jalouse ? Encore biens d'autres questions viennent bombarder mon esprit, mais je me contente d'un:
"Ça va ma chérie ?"
Lola ne détourne pas son regard de Sasha et répond:
"Elle a l'air terrifiée."
Et avant que je n'ai le temps de lui demander ce qu'elle entend par là, elle ajoute:
"Tu sais quand tu t'apprêtes à vivre une expérience incroyable genre saut en parachute ou rencontre avec ton artiste préféré, et que tu sais que ça va être génial mais que t'es mort de trouille et t'es pris entre l'excitation et le stress ? C'est exactement la tête qu'elle fait là..."

Mon regard se porte de nouveau sur Sasha et je comprends de quoi Lola veut parler. Mais ce n'est pas un mélange de stress et d'excitation que je vois sur son visage, moi: c'est un mélange de peur et de soulagement. Le soulagement d'être sauvée et la peur de l'inconnu, la peur des autres et la peur d'elle-même. Même lorsqu'elle dort, je distingue très clairement ces émotions, les mêmes que son visage arborait lorsque je l'ai récupérée à moitié morte chez elle à Bordeaux, exactement les mêmes.

Je crois que jamais je n'oublierai cette vision, elle me hante chaque jour. Sasha par terre, pâle et la peau sur les os, baignant dans une marre d'alcool et de médicaments, la lumière de la salle de bain qui vacille, l'odeur de mort qui y régnait et les cris strident de Sasha quand je l'en ai sauvée. Souvent encore des flashs de cette scène d'horreur viennent se projeter sur ma rétine et me donnent envie d'hurler comme je l'ai sûrement fait ce jour là, ça je ne me souviens plus. Mais je tente d'oublier, même si je sais que c'est vain.

Lentement, ma poigne se serre de nouveau sur le corps fragile de ma protégée et alors que je sens les larmes monter, mon autre fille vient me tirer hors de mes sombres pensées, comme si elle avait deviné de quelle nature elles étaient.
"Tu crois qu'on arrivera à oublier ce qu'il s'est passé ?"
J'enroule un bras autour de ses petites épaules et la serre contre moi, elle se laisse faire et va même jusqu'à répondre à mon étreinte tout en posant délicatement une main sur le bras de Sasha.
"J'espère, Lola, j'espère..."

Le silence s'installe de nouveau et puis Lola soupire:
"Je pensais que ça serait plus simple..."
"On ne peut pas régler les problèmes d'une vie en quelques secondes avec de simples papiers." Je lui réponds.
"C'est pas juste des papiers, tu viens de l'adopter !"
"Si Lola. Pour l'instant, ce ne sont que des papiers. Des crises de colère et d'angoisse comme celle qu'elle a sûrement eu là-bas dehors et comme celles qu'elle a déjà eu avant, il en faudra des centaines avant que la tempête ne passe. Des concerts dans l'ombre de Mika ou d'un autre artiste, il en faudra des dizaines avant qu'elle n'ose se lancer seule sur scène. Et des moments comme celui-là, il en faudra peut-être des milliers avant qu'on ne devienne réellement sa famille."

Épuisées des émotions de la journée, Lola et moi décidons enfin de partir nous coucher. Sasha a repris pas mal de poids depuis que je l'ai ramenée à la maison mais je la porte quand même parce que je n'arrive pas à me résoudre à la réveiller. Arrivée à l'étage, entre sa chambre et la mienne, je m'arrête. Gauche ? Droite ? J'hésite. Puis finalement, c'est dans ma chambre que je nous dirige et dépose Sasha le plus délicatement possible sur le lit. Je vois alors Lola qui me regarde d'un œil bizarre avant de partir vers sa chambre. Cette fois c'est sûr, je me dis, elle est jalouse.

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