(1881 mots)
Harry attendait à l'entrée de son bureau. Il était arrivé spécialement plus tôt que d'habitude pour faire ça. Il avait l'air flippant et il réfléchissait aussi à retourner là-bas récupérer ce qu'il avait posé sur le bureau de Louis. Il avait encore le temps, le temps d'y aller, de le rattraper et de laisser tout ça là où c'était et de ne jamais plus y penser, de laisser Louis tranquille puisqu'il voulait tant être seul. Mais à bien y réfléchir, exactement comme il l'avait dit à Louis, il l'avait retrouvé et il ne voulait pas le perdre à nouveau, pas déjà, pas si vite. Pas alors qu'il savait très bien que ça pouvait aller franchement bien entre eux. Pourquoi devrait-il aussi vite renoncer à pareille chose ? C'était Louis bon sang, et si c'était aussi bien que dans ses souvenirs, s'il n'avait jamais vraiment nourri un rêve fantasmagorique, alors il ne voulait pas perdre cette histoire avant qu'elle ne commence.
Par conséquent il décida de se détendre et d'attendre. Quand il vit Louis à travers la porte vitrée de l'entrée il fit un pas de recul pour ne pas qu'il le voit. Il le vit entrer et dire bonjour à son collègue en souriant. Puis s'arrêter étrangement devant son bureau. Il ne pouvait pas voir son visage d'ici mais il pouvait deviner que ce n'était pas quelque chose d'agréablement surpris. Il le vit tendre sa main hésitante et saisir l'avion en papier plié sur le bureau. Il le guida vers ses yeux en le dépliant lentement pour y lire les mots qu'il avait inscrit. Louis tourna lentement sa tête vers lui et il recula un peu plus, un peu honteux. Il entendit un soupir venir de lui et une boule s'installa dans sa gorge, douloureuse. Puis il entendit un son de papier froissé et son sang se glaça dans ses veines alors qu'il se penchait par l'embrasure de la porte, juste à temps pour voir Louis jeter le papier dans la poubelle de bureau, soupirant en s'asseyant sur sa chaise.
Il recula dans son bureau pour retourner s'asseoir et fit un rictus de peine. C'était presque évident, il n'allait pas si facilement le laisser renouer avec lui, pas même en utilisant les avions en papier, quelque chose qui leur avait permis de tout de suite se rapprocher quand ils étaient jeunes. Ça avait été comme montrer sa vulnérabilité presque tout de suite, sans attendre, sans problème, invitant l'autre à venir directement sous la façade, sous la carapace. Il avait bêtement pensé que peut-être recommencer par-là, maintenant qu'ils se souvenaient tous les deux l'un de l'autre, aurait pu être un point fort. Il avait juste eu tort.
Ou alors... Ou alors il fallait juste qu'il redouble d'efforts. Qu'il continue à tendre des perches jusqu'à ce que Louis réponde et attrape l'une d'entre elles. Ce n'était qu'une question de temps. Il refusait de laisser Louis comme ça et, exactement comme Olive lui avait demandé, il ne le laisserait pas tomber, ni lui, ni ce qu'il ressentait pour lui. C'était la période de Noël, les cœurs se gonflaient d'amour et d'espoir, les miracles pouvaient se réaliser si on y croyait assez fort. Son miracle serait de sauver Louis de lui-même et de ce trou de solitude dans lequel il avait décidé de se terrer. Il ne le laisserait pas faire.
Il ouvrit un tiroir de son bureau pour récupérer une autre de ces feuilles spéciales pour les origamis, il aimait en faire des petits avions colorés comme celui qu'il avait posé sur le bureau de Louis, il serait même bête de ne pas admettre qu'il les avait achetés juste pour ça, pour faire des avions en papier à envoyer à Louis. Il aplatit le papier sur son bureau, tout ça pour simplement le laisser pourrir là tout le reste de la journée quand il dût commencer à se mettre au travail, distrait par ses propres occupations.
Il se rendit compte qu'il n'avait pas gardé le stock de feuilles uniquement quand il fut chez lui, comprenant qu'elles étaient toujours dans son bureau au cabinet. Il ne s'apitoya pas vraiment sur son sort, il n'avait pas spécialement le temps pour ça, il avait passé une journée assez occupée. Et même si c'était bien le cas, il était mauvaisement surpris que sa journée, la première sans interagir avec Louis, ait été étonnamment très vide. Il lui manquait sûrement. Il n'avait rien fait d'autre que son travail, en regardant Louis de loin sans vraiment l'atteindre, comme s'il y avait une muraille invisible entre eux. Imposée par Louis évidemment. Il supposa qu'il n'avait pas le choix, toute la suite dépendait uniquement de Louis et il ne pouvait qu'attendre et espérer qu'il attrape sa main tendue vers lui. Il renverrait un avion, un par jour, jusqu'à ce que Louis lui réponde, qu'importe si ça devait durer tout le mois de décembre, il voulait et allait renouer avec lui, il allait entrer dans sa vie, aimer Louis, et lui montrer qu'il le méritait cet amour, ce bonheur qu'il se refusait. Oui. C'était ce qu'il ferait. Il allait devenir sa raison de sourire, il allait lui retirer sa culpabilité, sa peur d'aimer, sa peur du changement, ses peurs, ses tocs.
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Un Avion En Papier Pour Noël [Larry]
FanfictionLouis et Harry se sont connus avant, dans ce qui ressemble à une autre vie tant ça semble loin d'eux. Le jour de leurs adieux, en un Noël froid et montagnard, ils font un vœu : celui de se retrouver un jour.