Le chauffeur de taxi qui me conduit à la nouvelle pâtisserie, à une manière bien à lui de me faire oublier tout le reste.
— Avance, Connard ! Hurle t-il à tout bout de champ.
Ensuite, il me regarde à travers le rétroviseur et ajoute :
— Je ne voudrais pas que la beauté soit en retard.
Le tout assaisonné avec un accent épouvantable et des clins dil aussi lubriques qu'effrayants.
Il est encore tôt, pourtant New York est en pleine effervescence. J'ai atterri depuis une heure à peine est cette ville me sort déjà par les yeux. La circulation n'est pas en cause mais je ne sais pas, il y a chez Big Apple quelque chose qui me chiffonne. Peter doit être un des facteur de ce dérangement.
Depuis ma nuit avec William, je n'ai pas cessé de lui mentir. Le prétexte « je suis overbookée » est revenu trop souvent pour qu'il soit dupe. Il doit sentir que je suis différente ? Ou il est stupide. Car personnellement, cette nuit m'a changé. Je n'arrête pas de penser que c'était une monumentale erreur et en même temps je n'arrive pas à la regretter.
J'ai repoussé au maximum l'échéance pour parler à Peter mais malgré mon insistance et mes prétextes foireux sur le jetlag, Peter m'a convaincu de dîner chez lui ce soir.
J'ai réservé une chambre d'hôtel et programmé un taxi pour m'y raccompagner. Ce dîner sonnera le glas de notre courte relation. Métaphoriquement, la Cène de Léonard de Vinci pourrait nous représenter. Si on omet dix convives, nos liens avec Peter seront détruit après le repas à cause de Judas... William. Pardon, je m'égare. D'ailleurs, je suis aussi coupable que William dans cette affaire et Peter va payer les pots cassés de notre bêtise.
Je ne suis pas amoureuse de Peter, avec le temps j'aurais pu l'être. Hors je détruit toujours tout, je ne laisse jamais une chance à un homme aussi bien qu'il soit. J'ai connu d'autres Peter, sauf que mes vieux démons – ceux qui me poussent à lauto-destruction – ce sont chaque fois arrangés pour que je tombe sur un William ou qu'une peur panique de l'engagement se faufile dans ma tête. Quand cette dernière s'invite dans mon esprit je deviens une casse couille Number One. Tout est sujet à la discorde. À tel point que même le saint Graal des mec est obligé de me quitter.
Cette technique me vient directement de mon paternel. Charles est un expert dans la séparation miroir, comme je l'appelle. C'est lui qui veut rompre mais c'est son reflet qui le fait à sa place. En jouant encore et toujours la victime, bien évidement. Entendre ses petites amies me dire, lorsque j'étais tout juste en âge de comprendre, que le comportement ignoble de mon père les poussaient à prendre du recul, m'a grandement servi. Pendant qu'elles m'expliquaient comment il avait agit, au lieu de les plaindre comme elles l'espéraient, j'enregistrais chaque astuce et combine pour m'en servir un jour. Puisque très tôt, j'ai su que l'amour était une farce qui ne m'atteindrait pas.
— Vous voici arrivez, beauté. Je vous donne mon numéro personnel, peu importe l'heure, appelez moi je vous conduirais.
— Merci.
J'attrape à contrecur la carte afin de la glisser dans mon porte-feuille et sors de l'argent pour payer la course.
— Laissez beauté, vous paierez la prochaine fois.
Je ris, je pleurs, je soupire d'exaspération ? Je fais quoi ? J'ai un troisième il pour attirer ce genre d'énergumène ?
Je dépose plus qu'il n'en faut de billets sur le siège passager et descend en vitesse avec mon bagage à main.
— Il n'y aura pas de prochaine fois.
— C'est ce qu'elles disent toutes, beauté.
Je claque la porte sur son assurance déplacée puis j'admire la nouvelle devanture de la pâtisserie. Peter va devoir patienter, le travail avant le reste.
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Love Cake Tome 3
Chick-LitQuand Margot part à New York avec sa meilleure amie, elle ne se doute pas que le projet de leur nouvelle pâtisserie n'est pas le seul événement qui va boulversé son année. Entre la rencontre du beau et serviable Peter et l'insaisissable William (le...