Up and Down

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Le jeune Harry Potter ferma les yeux lorsque le choixpeau effleura sa tête. Aussitôt, sa nuque fut alourdie par le feutre vivant qui se mit à remuer.

« Ah, bien, du courage, beaucoup de courage. Et de l'ambition, un grand désir de faire ses preuves, oui... mh...

- Pas à Serpentard, suppliait, l'enfant, pas à serpentard.

- Pas à Serpentard ? Es-tu sûr ? Serpentard t'aiderait pourtant sur le chemin de la grandeur.

- Pas à Serpentard, pitié, pas à Serpentard.

- Quelle idiotie ! Et où voudrais-tu aller ? Gryffondor peut-être ? Allez, ne sois pas stupide et laisse-moi faire mon boulot ! »

Avant qu'Harry n'ait pu répliquer, le Choixpeau hurla « Serpentard ! », générant un remous d'applaudissements à la table la plus à sa droite. Le jeune garçon était livide lorsque Minerva McGonagall ôta le choixpeau de sa tête, pour le pousser vers la longue tablée avec un peu de sécheresse et un œil indéchiffrable. Levant les yeux vers la table des professeurs, Harry put lire dans les regards une certaine consternation. Seules deux onyx flamboyantes ne le lâchaient plus. Un homme entièrement vêtu de noir aux longs cheveux d'ébène l'observait avec un intérêt si intense que l'enfant sentit un long frisson dévaler son échine. Il détourna le regard pour aller s'asseoir en face du blondinet auquel il avait refusé de serrer la main plus tôt, en sentant encore sur sa nuque la brûlure des yeux de l'adulte.

« Alors Potter, tu sais vraiment qui fréquenter ? » L'inquisition narquoise de Malefoy dissipa l'étrange impression qui naissait dans ses entrailles.

« Désolé pour tout à l'heure, j'ai été surpris par ta façon de t'adresser à R... Weasley, c'est tout. » Tenta Harry qui n'avait véritablement pas envie de se disputer avec son camarade de classe à présent qu'il était plutôt clair qu'ils passeraient un certain temps à fréquenter les mêmes lieux. L'enfant blond leva un sourcil, ne s'attendant pas vraiment à ce revirement de situation. Un petit sourire satisfait étira ses lèvres tandis qu'il tendait à nouveau la main à Harry.

« C'est oublié ! Mais dis-moi plutôt pourquoi tu fréquentais Weasley. Tout le monde sait pourtant qu'il faut les éviter comme la peste.

- Ah bon ?

- C'est évident ! Comment peux-tu ne pas savoir ça ? »

Le garçon lui tendait une perche, Harry la saisit, se sentant soudainement un peu plus en confiance.

« J'ai grandi dans le monde moldu en fait... Je ne savais même pas que Poudlard existait il y a un mois, alors connaître les Weasley... »

Toute la tablée qui s'était mise à écouter la discussion semblait choquée.

« Comment ont-ils pu confier Harry Potter à des moldus ? S'étonna Marcus Flint qui écoutait de loin la conversation.

- ça n'a aucun sens ! S'exclama Théodore Nott.

- C'est stupide ! Renifla Pansy Parkinson. »

Drago tendit la main par-dessus la table, frôlant au passage un gobelet, et posa la paume sur l'épaule du jeune Harry. Sa voix s'était faite étonnamment solennelle.

« Nous, élèves de la maison Serpentard, allons t'apprendre tout ce qu'il te faut savoir ! En un rien de temps, tu auras rattrapé tout ton retard, et tu seras incollable sur le monde de la Magie. »

Autour de lui, plusieurs têtes furent gravement hochées. Harry Potter était trop précieux pour la maison de Salazar. Chacun savait que c'était une fierté de l'avoir parmi eux, et qu'ils devaient faire en sorte qu'il devienne le meilleur représentant que la Maison ait eue. La preuve, leur directeur de maison, Severus Rogue, ne les lâchait plus du regard, enveloppant de la flamme de son intérêt le jeune garçon. C'était un signe. Sans qu'Harry ne comprenne comment, le message se diffusa comme une traînée de poudre tout le long de la tablée, et il vit bientôt des regards bienveillants et encourageants tout autour de lui. La jeune Rose Slughorn, préfète de cinquième année, se proposa de l'aider à perfectionner son maintien en société tandis que Marcus Flint lui assurait qu'il pourrait venir tester le Quidditch si ça l'intéressait. Drago, les yeux brillants, s'enorgueillit de lui apprendre les bases de la société magique. Le jeune Harry ne savait plus où donner de la tête, mais une étrange chaleur lui montait au cœur. Il avait une maison.

Lorsque le dîner se fut achevé, les préfets rassemblaient leur ouailles pour les conduire dans la salle commune des Serpentard. L'étrange bonhomme vêtu de noir les y attendait. Sa voix sonnait sèchement aux oreilles des, désormais, première années de serpentard. Severus Rogue, le directeur de leur maison. Tous les élèves étaient réunis, comme de coutume, du plus jeune au plus âgé. Chacun était là pour écouter la roussette des cachots.

« Jeune gens, j'attends de vous un comportement exemplaire pour ne pas souiller la réputation de la noble maison de Serpentard. Vous n'êtes pas autorisés à troubler l'harmonie des quartiers de la maison : pas d'insultes, pas de violence. Entraidez-vous. Si vous voulez entretenir une rivalité, rendez-la constructive, et entretenez la avec les autres maisons. Toutes les règles que vous devrez respecter sont affichées au dessus de la cheminée. Sachez que tout manquement sera sévèrement puni. Et à présent, Potter, Smiths, dans mon bureau tous les deux. »

Les deux sus-nommés pâlirent. Harry et une fillette à la longue chevelure brune elle aussi en première année emboîtèrent le pas du professeur sous les regards consternés des premières années que les autres eurent tôt fait de rassurer. Tous les ans, il avait à cœur de superviser personnellement l'intégration à l'école des trop rares sorciers nés moldus de sa maison. Potter ne l'était pas, mais Albus Dumbledore lui avait dit qu'il avait grandi dans le monde moldu, et Hagrid avait laissait entendre que le gamin ne connaissait rien à leur monde... Aussi fallait-il prendre le taureau par les cornes. Il les fit s'asseoir devant le bureau, le contourna et s'y installa, le dos droit.

« Bien, le Directeur m'a averti que vous aviez tous les deux grandit dans le monde moldu. Aussi ne devez-vous pas connaître le fonctionnement de notre société. J'ai donc ceci pour vous. »

Il remit à chacun d'entre eux un petit fascicule. La trentaine de pages petit format condensait tout ce qu'il fallait savoir sur le monde de la Magie. Il avait tenu à rédiger lui-même la brochure à destination de ses seuls Serpentards avant de la faire reproduire par un imprimeur du Monde de la magie.

« Lisez-la, et n'hésitez pas à poser des questions à vos aînés. Ils seront ravis de vous aider pour peu que vos interrogations soient pertinentes. »

Les deux enfants hochèrent la tête en prenant la brochure et en remerciant leur professeur. Celui-ci les congédia d'un geste de la main et leur intima l'ordre de retourner à la salle commune. Si la jeune fille s'exécuta, Harry semblait hésiter un peu sur le pas de la porte.

« Monsieur Potter ?

- Professeur, comment cela se passe-t-il pour les vacances ? Peut-on rester à Poudlard, ou bien... ?

- Vous pouvez rester, oui. Poudlard ne ferme que l'été. »

Le visage de l'enfant sembla se décomposer dans la pénombre, aussi Severus Rogue l'observa-t-il avec une attention accrue.

« Pourquoi, Monsieur Potter ? Y a-t-il quelque chose dont vous souhaitiez me parler ?

- Euh... non, merci professeur. Bonne nuit professeur, répondit-il, rougissant et faisant volte-face.

- Attendez, Monsieur Potter. »

La voix pressante de son enseignant le fit s'immobiliser. Un pas derrière lui, une main refermée sur son épaule pour l'attirer à l'intérieur du bureau tandis que se refermait la porte derrière l'enfant. L'homme s'accroupit près de lui pour se mettre à son niveau, dardant le visage de l'enfant de ses prunelles noires inquisitrices.

« Que ne me dites-vous pas, Harry ? »

Une puissante onde de choc se répercuta dans le corps de l'enfant, dévorant son estomac d'une flamme qui embrasa tout son être. Jamais l'enfant n'avait ressenti une telle volupté d'entendre son prénom roulé entre des dents étrangères. Et ces onyx sombres et tortueux qui le dardaient semblaient faire trembler tout son être d'une pulsion sauvage qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. L'enfant, perdu, se laissa approcher par Severus Rogue, et frissonna lorsque la bienveillance d'une main se posa sur son épaule. Pressante.

Feel like GoldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant