Christmas' song

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Le jeune Harry Potter se promenait sous la neige. Ce premier hiver à Poudlard relevait presque du miracle. Pour une fois, il n'était pas obligé de passer les fêtes cloîtré dans son placard ! Il ne restait que peu de monde dans l'établissement, ce qui n'était pas forcément plus mal. Une fois n'était pas coutume, l'enfant se sentait à l'aise. Hedwige, sa chouette voletait joyeusement en larges cercles au dessus de sa tête, l'immaculé plumage se confondant avec la clarté du ciel. Les flocons tombaient à gros bouillons tandis que le jeune homme marchait. Un indicible sentiment de sécurité et de sérénité l'avait assailli. Ici, il ne risquait rien.


A sa grande surprise, la pire maison du monde selon l'opinion général s'était aussi révélée la plus accueillante. Malgré des débuts difficiles où la terreur de mal faire tenaillait en permanence l'estomac de l'enfant, celui-ci se sentait désormais tout à fait à son aise, soutenu par Drago, Théodore, Blaise, Pansy, Daphné. Le petit groupe s'était soudé dans la volonté d'expliquer aux deux enfants venant du monde moldu, Elisabeth Smiths et lui-même, la vie. Assidus, tous les deux étaient désormais bien au fait des rouages mystérieux du monde de la magie. Certaines choses continuaient de leur échapper, mais enfin, ils avaient fait de beau progrès.

Le vent s'était levé, charriant un tourbillon de neige autour de l'enfant. Celui-ci appela Hedwige dans la tourmente pour qu'elle vienne se poser dans ses bras. La protégeant du mieux qu'il le pouvait, l'enfant couru bon gré, mal gré, vers les grandes portes de l'établissement. Il s'y réfugié bien promptement, s'ébrouant, à demi-couvert de neige sous l'oeil amusé d'un spectateur qui s'était immobilisé en le voyant débarquer.

« Chassé du parc par la neige, Monsieur Potter ? » La voix du professeur était un mélange de douceur et de sarcasme. Harry releva la tête pour lui envoyer un sourire éclatant à Rogue. Ses joues rougies par le froid semblaient lui conférer un petit air gêné que démentait l'assurance étincelante de ses iris d'émeraude.

« Je crains bien que oui, la météo a été plus forte, evanesco. »

Il avait agité la baguette pour nettoyer la flaque qui n'avait manqué de se former au sol suite à son apparition impromptue, arrachant un semi-sourire à Severus Rogue qui brandit sa propre baguette et sécha sans un mot le jeune homme d'un geste sec du poignet avant de faire à nouveau disparaître le bouleau dans sa robe. Harry sembla émerveillé quelques instant, faisant pétiller plus encore ses prunelles, si la chose était possible.

« Merci, monsieur !

- Pas de quoi. Filez, maintenant, Monsieur Potter, le dîner ne va pas tarder à être servi ! »

Comme tous les repas de fêtes pensés par Albus Dumbledore, celui-ci s'avéra particulièrement fastueux. Puisqu'il ne restait que peu d'élèves sur place, parmi lesquels Harry et Marcus Flint pour les Serpentards, les enfants Weasley et Hermione Granger, quelques Serdaigles, quelques Pouffsouffles pour faire bonne mesure, et de trop rares enseignants, les tables avaient été rapprochées de façon à former une seule longue tablée où professeurs et élèves pouvaient se côtoyer, une fois n'était pas coutume. Harry s'empressa de s'installer à côté de Marcus Flint, se retrouvant ainsi face à Ron Weasley et Hermione Granger. Si cette dernière n'avait pas l'air de se soucier qu'il fût à Serpentard et continuait de lui parler avec gentillesse, ce n'était pas le cas du rouquin qui semblait devoir prendre perpétuellement sur lui pour se montrer sympathique. Il faisait pourtant des efforts, dieu seul savait pourquoi.

« Alors, Harry ? Ta famille te manque pas trop ? » Tenta-t-il de demander pour faire la conversation. Marcus Flint fit la grimace mais ne répondit rien. Il trouvait admirable qu'Harry tente encore de se montrer sympa avec Weasley... Enfin, il fallait garder espoir que le garçon revienne à la raison. Le jeune première année n'eut pas le temps de répondre, il sentir un frôlement à côté de lui. Levant les yeux, il tomba nez à nez avec la haute figure de son professeur de potions et directeur de maison qui, d'une phalange délicatement blanche indiquait la place voisine de l'enfant.

« Puis-je, Monsieur Potter ?

- Bien sur, avec plaisir monsieur ! »

A la surprise des Gryffondor, le petit sourire qu'afficha le maître des potions était tout sauf ironique. Une étonnante sympathie brûlait dans ses yeux... Sympathie qui ne semblait réservée qu'au seul garçon-qui-avait-survécu. Les orbes noires reprenaient leur dureté acérée à chaque fois qu'il croisait le regard d'autrui. Hermione nota mentalement l'étrange alchimie qui semblait lier l'homme et l'enfant.

La soirée fut délicieuse, les enfants bavassaient bravement jusqu'à la levée de la lune dans le ciel. Les adultes finirent par décréter qu'il était temps de retourner se coucher, et Severus Rogue se fit un devoir personnel de raccompagner ses deux élèves. Si Marcus Flint remonta vite se coucher, Harry resta quelques instants dans la salle commune, seul, à contempler les flammes pensivement. Pourquoi dont ce long frisson lui avait-il parcouru la colonne vertébrale lorsqu'il avait senti la main de son professeur entre ses omoplates dans une faible caresse ?

Il se posait encore la question le lendemain matin lorsque Marcus vint le tirer du lit.

« Debout Harry, il y a des cadeaux qui t'attendent en bas ? »

L'enfant papillonna des yeux, réellement étonné.

« J'ai reçu des cadeaux ?

- Ben... oui, évidemment ! »

Il fut plus encore étonné lorsqu'il vit la pile soigneusement déposée au pied du sapin. Marcus s'était déjà emparé de l'un des siens dont il défaisait le papier avec méticulosité. L'héritier Flint avait toujours été particulièrement précis dans ses gestes, ce qui en faisait sans nul doute un aussi bon joueur de Quidditch. Harry attrapa un petit paquet venant des Dursley et y découvrit une pièce scotchée à l'emballage. Égrenant un sourire en coin, il fut d'emblée rassuré : certaines choses ne changeraient jamais, et, Dieu merci, il y avait au moins une chose qui avait du sens dans ce Noël. Les Dursley le détestaient toujours, le monde continuait donc de marcher droit. Il attrapa un deuxième paquet de taille moyenne et défit doucement l'emballage argenté. Il y trouva avec surprise un long étui de chez Ollivander et l'ouvrit avec précaution. Une baguette y dormait, souple, dans un écrin de soie. Un petit mot et une photo l'accompagnaient. Avant même d'avoir lu le mot, Harry sut de qui venait le paquet. La photo montrait une jeune femme rousse, souriante et agitant la main à l'objectif tout en contraignant un adolescent pâle à la longue chevelure noire à rester dans le cadre. Lily Evans et Severus Rogue étaient alors âgés d'une quinzaine d'années. Ce furent les yeux embrumés de larmes qu'Harry déplia la note accompagnant le cadeau.

« J'ai pu récupérer les débris de la baguette de votre mère dans les décombres de votre maison la nuit où vos parents périrent. J'ai pris la liberté de la faire réparer chez Garrick Ollivander. Je n'ai malheureusement pas retrouvé celle de votre père. Gardez-la précieusement et prenez en soin, je suis certain qu'elle aurait voulu que vous l'ayez. J'ai très peu de photographies de votre mère, Lily Evans, mais j'ai retrouvé celle-là qui date de notre cinquième année. Joyeux Noël, monsieur Potter. »

C'était le plus beau cadeau que l'on ait pu lui faire, et Harry se sentait sur un petit nuage. Tellement heureux que même le paquet offert par Molly Weasley ou la cape d'Invisibilité de son père donné par Albus Dumbledore ne parvinrent à le faire détacher les yeux de la photographie et de la baguette.

Feel like GoldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant