Feel like Gold

Vows

Le manoir Prince résonnait des soupirs d'Harry. Assis en tailleurs, un simple T-shirt sur les épaules, il laissait les mains expertes de Severus lui masser les omoplates et soulager les tensions de ses muscles. Des vagues de bien-être filaient le long de sa colonne vertébrale tandis que de profonds frissons de contentement couraient à la surface de son derme. Les mains de son amant étaient chaudes, puissantes, le jeune homme le sentait à travers le tissu de son vêtement. Il se sentait bien, ainsi manipulé avec expertise, et ne pouvait se résoudre à quitter les douces attentions dont il faisait l'objet.

« Bon sang, qui aurait pu croire que tu massais aussi bien, Severus ?

- Toujours pas toi, manifestement : tu t'extasies à chaque fois.

- Si tu continues à masser aussi bien, je ne pourrai plus me passer de toi après les entraînements de Quidditch.

- Et si je m'améliore, tu ne pourras plus te passer de moi du tout ? »

Le sourire dansait dans la voix de Severus, aussi Harry laissa-t-il échapper un rire heureux. Il s'était rarement senti aussi bien de son existence. Son professeur avait pour ainsi dire changé le cours de sa vie, et l'adolescent ne voulait pas qu'il en fût autrement. Entre ses bras, il avait découvert la douceur, l'amour, la passion. En présence de Severus, son enfance ombragée n'était qu'un lointain souvenir. L'homme devenait peu à peu le centre de sa vie.

« Et alors, reprit le jeune homme, l'Ordre, ça a donné quoi ?

- Eh bien tout le monde s'inquiétait pour toi. Ton parrain m'a menacé plusieurs fois et te propose d'aller passer quelques jours chez lui si tu le désires. Albus aurait été fort aise aussi que tu reviennes à Poudlard un peu avant la rentrée afin que je puisse, je cite, reprendre mes activités d'espion.

- Peu de chance que ça arrive si je me fie à ce que t'a rapporté Malefoy.

- En effet. »

Le silence revint. Severus, pourtant, sentait que quelque chose troublait l'adolescent.

« Harry ?

- Je n'ai pas envie de revenir à Poudlard, Severus.

- Pas tout de suite ou pas du tout ?

- Pas du tout. Je... Dumbledore me fait peur.

- Une marque de sagesse. Il faudrait être fou pour ne pas le craindre. Mais si tu avais la possibilité de retourner à Poudlard sans être inquiété par Dumbledore et sous ma protection, le désirerais-tu ?

- Cela ne sera-t-il pas dangereux pour toi de revenir dans les murs alors que Tu sais qui sait que tu as trahi ?

- Pas si j'en fais mon affaire. Alors ?

- Si je puis être sous ta protection, je te suivrai n'importe où. »

Les mains quittèrent le dos d'Harry, laissant à la surface de sa peau une intolérable sensation de perte. Le jeune homme esquissa un geste pour se retourner lorsqu'il sentit le torse de l'homme se plaquer contre lui. Il ne put s'empêcher de laisser s'échapper un soupir d'aise tandis que des bras puissants se croisaient sur son abdomen et qu'un visage se nichait dans son cou.

« Tu es le dernier héritier du titre de Lord Potter, tu es orphelin, et tu viens d'avoir quinze ans. Tu peux demander un protecteur qui t'apprendra ce que tu dois savoir. Il faut que ce protecteur soit lui-même un Lord... ce qui est mon cas. Tu seras sous la protection de ma maison. Pendant cinq ans tu me laisseras l'intendance de tes biens, de ton titre, de ta personne, en échange je m'occuperai de toi, t'apprendrai tout ce que tu dois savoir pour tirer ton épingle du jeu. Même Dumbledore qui est ton tuteur dans le monde de la magie ne pourra rien y faire. Et surtout... tu vivras avec moi à Poudlard. Personne ne pourra t'atteindre jusqu'à ton vingtième anniversaire. Le protectorat est une forme de magie pure et sacrée, plus vieille que Poudlard et que le Ministère de la Magie. »