▵ Chapitre XLVI ▵

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Tony disparait progressivement de ma vision tandis que les flammes viennent réchauffer l'ensemble de mon corps. La tête en arrière, je constate que le ciel auparavant sombre n'est plus qu'un lointain souvenir.

Des feux orangés rompent un instant le climat froid et apocalyptique identifiable jusque-là. Il n'y a plus que de vifs dégradés qui m'enfoncent dans les enfers où je ne reviendrais sûrement jamais. Je n'entends rien à part les craquements des étages qui ploient sous le poids des décombres.

Quelques braises s'échouent sur les parcelles de ma peau nue, laissée à l'air libre en raison des tissus qui n'ont pas succombé à la chaleur. C'est ma seconde chute en l'espace de dix minutes et celle-ci me sera à coup sûr fatale.

Soit je heurte violement le sol, soit je me fais engloutir par les flammes. L'une est rapide et efficace tandis que l'autre relève plus de la torture et de la douleur. À moins que je finisse transpercer par un tuyau ou un autre élément de ce genre.

Mes pensées se brouillent et à mesure que je m'enfonce dans les entrailles du palais, l'air devient irrespirable. Les fumées noires encombrent mes voies respiratoires et viennent cogner douloureusement mon cerveau en manque d'oxygène. C'est donc ça, la frontière entre la vie et la mort ?

Une ultime lueur vive brille devant moi avant que mes yeux se ferment. Mon corps se stoppe enfin dans sa course, retenu par quelque chose dont je suis incapable d'identifier. J'attends que la douleur se répande dans chacun de mes nerfs mais rien ne se passe. Suis-je déjà morte ?

Mon dos est parcouru par des frissons alors que je sens des mains s'y glisser. Je peine à redresser ma nuque mais lorsque j'entrouvre mes yeux, c'est comme un second souffle qui s'empare de tout mon métabolisme. Je le fixe avec le peu d'énergie qui me reste, perdue entre rêve et réalité.

Je m'attends à ce qu'il dise quelque chose, qu'un mot sorte de sa bouche mais rien ne vient. Il se contente de me dévisager quelques secondes avant de relever la tête vers le sommet de la tour. De nouvelles flammes naissent dans cette immense fournaise et les décombres manquent de nous écraser plus d'une fois s'il n'avait pas eu le réflexe de nous dégager de là à temps.

Mon héros resserre fortement son bras autour de ma taille tandis que de l'autre il fait pivoter son poignet vers des prises plus ou moins stables pour tisser ses toiles. Petit à petit, nous grapillons ce qui reste du palais. Enfin, c'est lui qui fait tous les efforts pour nous sortir d'ici. Je ne suis qu'un poids accroché au tour de son cou, plus aucune énergie traverse mes veines.

L'air ne parvient presque plus à mes poumons, eux-mêmes étouffés par les monoxydes et dioxydes de carbone rejetés par les braises. Les dernières structures architecturales du palais cèdent et encombrent de plus en plus la sortie au-dessus de nous. Mais il ne perd pas espoir et redouble ses efforts malgré les dégradations que perçoit son costume.

Au bout d'un moment, il cesse d'utiliser ses toiles pour venir escalader à la seule force de ses bras le reste d'une façade. L'oxygène est de plus en plus proche de nous, les inhalations de gaz toxiques ne seront bientôt qu'un vieux souvenir.

Malheureusement, la barre de métal sur laquelle nous sommes appuyés se tord sous la chaleur, nous faisant ainsi plonger à nouveau dans les entrailles du palais. Sous les vibrations de cet aléa, mes bras se détachent de Spiderman. Je chute un mètre plus bas avant d'être rattrapée de justesse par le héros masqué, déjà accroché à une nouvelle poutre.

Il reprend son parcours jusqu'à atteindre la sortie où il me hisse à la force d'un seul bras au-dessus de lui. Ses muscles sont tendus à leur maximum et lui demandent sûrement effort surhumain. En haut du gouffre, une main ensanglantée est tendue vers moi.

✨ D O U B L E   D E A L I N G (Peter Parker / Spiderman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant