Rapport n°10 : Hara Emiko

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- Dear Dream -

Au loin, j'entendis les rafales du vent, aujourd'hui sera chaotique, aujourd'hui sera un jour si commun. Les bourrasques infernales étaient d'une puissance que je ne pouvais douter, d'aucune chimère, elles étaient imaginées. La tempête s'ébranla. Tout un monde bascula dans l'apocalypse. Et je fus terrifiée à l'idée de mourir. En ce jour si funeste.

Un écho en moi me criait de survivre, de continuer, de souffrir un peu plus. L'instinct de survie était parfois d'un impérialisme inouï. Je n'avais, cependant, plus d'âme. Alors il fallait sauver le maigre corps qui flottait dans le vide.

« Vous avez offert votre corps, votre virginité pour votre simple ambition et la honte vous a envahi. »

Je ne savais comment il était au courant de mes erreurs. Cet homme lisait dans les âmes avec tant de facilité. Mais alors que toute ma souffrance voulut s'éclater en moi, un bruit assourdissant se laissa entendre. Alerter, il se leva, le visage confus. C'était la première fois que je le voyais ainsi. Je voulus pleurer en larmes pensant que les secours venaient à moi. Son plan échouait mais je ne parvenais à prendre plaisir à cela. Il partit en courant dans ce qui semblait être un tunnel lorsque Chittaphon arriva.

« Vite ! Il va revenir ! »

Je fus si troublée que je ne puis bouger. Sa voix semblait revivre. Il me détacha les poignets, mon torse et mes chevilles. Il m'attrapa la main et me fit courir à vive allure dans ce tunnel étrange où l'écho de nos pas se mêlait au fracassement de l'eau croupie qui dansait à chaque claquement de nos pieds. Mes forces perdues criaient leur douleur mais je devais les calmer et avancer. Il finit par me lâcher pour ouvrir la porte. Je ne voyais l'issue de cette pièce. Elle était plongée dans le noir comme engloutie dans les ombres du mal.

« Entre, dépêches-toi. »

Je ne réfléchis guère – je n'en étais capable – et entrai dans ce néant. Seulement, je restai statique, ne sachant où aller. J'entendis Chittaphon fermer la porte puis il vint poser ses mains gelées sur mes bras frêles pour me projeter vers l'avant et me faire courir.

« Nous n'avons pas le temps. »

Par la suite, une autre porte fut ouverte. Je vis alors de grandes machines dépravées, rouillées et hostiles. Je compris alors que nous étions dans les anciens égouts de Séoul. La porte avait donné sur une balustrade où je pouvais tout voir comme une reine. Cependant, mes vertiges pouvaient me faire chuter. Chittaphon descendit par les escaliers, je le suivis. Les marches étaient en acier alors elles restaient utilisables bien que poussiéreuses. L'eau s'égouttait sur quelques machines. Une fois en bas, nous courions lorsque au loin, j'entendis la voix colérique et agacée de Jungwoo ; l'ange était devenu un démon.

« Il va te tuer. Dis-je à Chittaphon. »

Il semblait étudier mes propos avant de reprendre sa route. J'en fis de même tout en entendant la mélodie du vacarme chanter sa colère. Au loin, les portes s'agitaient. Mon cœur battit à une vive allure comme s'il ne l'avait fait depuis des lustres. Je sentis mes muscles s'étirer et un semblant d'espoir revint, apporté par l'adrénaline. Et soudain, Chittaphon ouvrit une lourde porte et s'arrêta. La pièce était petite et éclairée par une faible ampoule.

« La sortie est derrière la porte, vas-y. »

Je m'approchai et sentis mes yeux briller. Je pensais alors que si je franchissais cette porte, Chittaphon n'allait pas survivre. Mais la volonté de vivre m'empêcha de me préoccuper de cela. Alors j'ouvris la porte et sentis mon cœur s'arrêter. Il était juste derrière, un sourire malsain aux lèvres. Sa beauté m'aveuglait une dernière fois. Ma respiration se coupa et une lame froide vint trancher ma gorge.

« Vous avez échoué, nous avons gagné. »

Et alors mes genoux se jetaient à terre, Chittaphon se plaça devant moi, un sourire inquiétant aux lèvres. Ils avaient joué la comédie et j'allais mourir. Tous deux me regardaient alors que je suffoquais, le corps tombé sur le sol froid. Mon sang giclait et fuyait cette chair de honte. Je ne m'étais plus qu'une âme mourante. Je voyais le ciel bleuté s'ouvrir à mon esprit. Je voyais la lumière des fines étoiles briller sur mes iris et se poser sur celles-ci, me berçant de leur chant. Mais derrière la blanche lumière, je vis les créatures de l'enfer emporter mon corps mort.

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