Préambule

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J'avais mal, je respirais et j'avais mal. Mes mains tremblaient de façon incontrôlable, un picotement continu paralysait ma cage thoracique. Mes jambes étaient flasques, flageolantes, je luttais contre la gravité. J'avais chaud, des sueurs froides dégoulinaient le long de mon échine. Je hurlais, je m'époumonais, mes poumons se vidaient et impossible de les remplir à nouveau. L'espace infini qui m'entourait me semblait beaucoup trop étriqué. J'avais l'impression de mourir et personne n'était là pour m'aider.

Je pressai les paupières aussi fort que je le pouvais. Un bourdonnement sourd anesthésia mes émotions.

Aujourd'hui est un jour spécial, nous sommes le quatre septembre, c'est après deux mois de vacance que les établissements scolaires ouvrent à nouveau leurs portes.

Sans savoir pourquoi, je me laissais complètement envahir par l'angoisse, que j'accueillais presque comme une vieille amie.

J'ouvrais les yeux, il y avait devant moi l'étroit couloir vide de notre appartement. Ma mère apparue dans la seconde.

Je me forçais à expirer lentement, j'essayais de calmer ce volcan qui me brûlait de l'intérieur. Et je m'accaparais de mon masque avec une telle aisance que personne, même pas ma propre mère, ne pouvait remarquer la lueur luisante dans mes yeux.

Il y avait un antagonisme incompréhensible entre le monde et moi. Toute ma famille pensait que j'étais l'écorchée vive la plus pessimiste de la Terre; je ne me souvenais pas avoir déjà enlacer quelqu'un, je regrettais chacun de mes faits, je pleurais tout le temps, je perdais mon temps dans des choses futiles, j'avais peur de sortir de chez moi et je pleurais encore et encore. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été comme ça.

Une autre année de cauchemar se réitérait. Je me tenais debout devant la porte d'entrée, prenant d'une main craintive mon sac déposé sur une chaise dans le hall. Une boule pressait mes intestins, une autre serrait ma gorge. Mon regard était perdu, je semblais ailleurs. Dans ma tête j'avais passée toutes mes vacances à créer le début d'une bonne discussion pour ce jour crucial, j'ai imaginé mes futurs amis, mes nouveaux profs et peut-être mon premier petit copain. J'avais beau penser positivement, j'étais persuadée que cette épopée n'allait jamais m'arriver, ma famille avait peut-être raison finalement.

Ma mère marchait lentement vers moi, elle tentait tant bien que mal de paraitre positive, mais son rictus défaillant et ses mains crispées ne m'avaient pas échappé. Hésitante, elle se pencha vers moi et colla un baiser sur ma joue.

- Alors c'est déjà le jour J, s'exclama-t-elle.

Elle essaya d'étouffer son soupir tremblant avant de se racler la gorge pour casser le silence, je restais à son écoute tout en étant absente.

- Allez, essaye de te mêler un peu aux autres. Bonne journée ma chérie !

- Merci, maman...

Un rictus pesant resta sur mes lèvres quelques secondes. Je tournai les talons et cacha mon visage crispé vers la porte avant que mes larmes ne me trahissent. Je pris la poignée dans ma main, ouvrai la porte et descendis les quelques marches qui se tenait devant notre modeste appartement.

Je l'ai seulement dit à la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant