Chapitre 3

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Blanc.

Partout.

Pourquoi pas du noir? Je sais que cela peut déprimer certaines personnes mais moi c'est le blanc qui me déprime. Je le vois depuis tant d'années. Ça en devient lassant.

Je n'ai pas fermée l'œil de la nuit malgré la visite de mes parents hier et celles des médecins qui veulent me rassurer. Il m'arrive de vouloir les supplier de me laisser m'en aller. Mais Mort gagnerait. Il en est hors de question.
Solitude: Pourquoi refuses-tu la venue de Mort? Qu'est-ce qu'il te retient ici?

Je n'en sais rien pour être honnête.
Solitude: Tu vas retourner chez toi et reprendre ta vie de malheur. Pourquoi te faire tant de mal?

J'ai déjà dit que je veux juste qu'on me foute la paix quand je veux réfléchir, dégage de mon lit. Ou.... Et de ma tête. Je... Oh casse-toi!
Solitude: Tu sais que tu ne te débarrasseras jamais de moi. Tu le sais plus que n'importe qui. Personne ne s'intéresse à toi.

C'est faux. Mes parent m'aiment.
Solitude: Quel avenir! Rester avec Papa et Maman jusqu'à ce que tu vieillisses et que Mort vienne te chercher. A moins que tu n'auras pas le temps de vieillir. Et puis regarde toi. Tu pleures. Tu es juste faible. C'est pour ça que je suis là.

Sors d'ici! Je veux plus te voir!
Solitude: Tu es condamnée. Ton sort est déjà scellé. Plus qu'à attendre que tu l'acceptes.

Les larmes roulent sur mes joues. Et elle a raison. Je suis faible.

Solitude se dirige vers la porte blanche de ma chambre. Je suis condamnée. Ces mots me frappent en plein cœur. Mort viendra me chercher. J'en suis consciente. Mais une petite voix vive et fluette me répète de me battre et de supplier Mort de venir le plus tard possible. Mais, suis-je assez forte?

Mes parents sont entrés en même temps que Solitude partit. Je vais retrouver le noir de ma chambre.

Enfin.

Maman: Comment vas-tu chérie?

Bien... Enfin je crois.
Maman: Mais tu pleures? Pourquoi? Ça ne va pas?

Elle est sourde? Je vais bien! Elle ne m'entend pas? Oh... C'est vrai que je ne parle pas. Mes conversations avec Solitude se font comme par télépathie pour moi. Il m'arrive souvent d'oublier d'utiliser ma voix. Mais cela arrive à tout le monde. Enfin, je suppose.
Moi: Non, je vais bien. Ne t'inquiète pas.

J'essuie vivement les larmes qui se déversent sur mes joues et tente de faire un sourire le plus convaincant que possible.

Mon père va prendre mon sac d'école qui se trouve sur le fauteuil à ma gauche et se redirige vers la porte blanche.

Cette couleur me fait vraiment mal aux yeux.
Papa: Je vais remplir les papiers. L'infirmière va venir faire un petit bilan pour être sûr que tout va bien. Mais tu as l'habitude, tu le sais déjà ça. Je reviens.

Je me retrouve dans cette pièce trop lumineuse avec une personne trop heureuse à mon goût.
Maman: Si tu veux, on va manger chez l'italien en bas de la rue ce soir. On mangera pizza! Ça te tente?

Je n'ai pas le choix. Si je répond négativement elle va s'inquiéter.
Maman: On ira même au cinéma! Il y a une nouvelle comédie musicale qui à l'air top!
Moi: Super...

Je sais qu'elle exagère. Elle a la gorge nouée. Elle fait comme si tout va bien avec ce stupide sourire et ces belles paroles tout ça agrémenter d'un ton surjoué. C'est ridicule.
Moi: Je dois retourner au lycée? Et à l'internat?
Maman: Tu te reposes à la maison demain. Mais tu retournes à l'internat et en cours après demain. D'accord?
Moi: D'accord.

On m'a forcé à aller à l'internat. Le proviseur dit que c'est une bonne idée pour m'intégrer. Encore une fois, c'est ridicule. C'est encore pire qu'avant.

Que cette infirmière arrive. Le contraste de mes draps blancs et de pensées noires m'aveugle.

C'est après dix longues minutes de conversation sur le temps dehors et les collègues de ma mère que l'infirmière arrive enfin.

Elle fit les derniers tests nécessaires et après un quart d'heure elle dit que je peux définitivement sortir.

J'ai presque ris lorsqu'elle m'a dit «définitivement». Comme si je ne reviendrai jamais.

Après ça, je sortis enfin.

Je suis libérée.

Pour aujourd'hui.

La soirée fut très longue et riche en faux sourires et paroles rassurantes. Que de mensonges. Je suis sous ma couette à fixer mon plafond depuis bien une heure. Le sommeil commence peu à peu à me gagner. Demain est mon dernier jour de repos avant de retourner dans l'enfer du lycée. Le paupières lourdes, je finis par enfin dormir, le peur au ventre de revoir cette lueur, de revoir Mort. Aujourd'hui a été trop calme pour que rien ne m'arrive.

«Une immense forêt s'offre à moi. Seule sur un chemin de terre qui s'étend en face mais aussi derrière moi. Je n'en vois pas le bout. Le soleil est encore bien haut dans le ciel mais personne dans les alentours. Pas même un oiseau.

Je me suis perdue? Comment je me suis retrouvée là?

Si je veux pouvoir rentrer chez moi il faut que je marche. Je pris la décision d'avancer sur le seul sentier possible. Prudente, j'avance en évitant les plus gros cailloux. De longues minutes passent et pourtant j'ai l'impression de ne pas avoir bougé. L'angoisse commence à me gagner.

Automatiquement sans que j'eus besoin  d'y réfléchir plus longtemps, je me mis à courir. De plus en plus vite. Malgré la douleur qui nait dans mes cuisses, je continue.

Je veux partir.

Je veux rentrer. Le vent glacial et se sentiment si dérangeant d'être piégé m'arrache quelques larmes. Je finis par ralentir pour chercher de l'air. Haletante, je m'arrête. À chaque inspiration ma gorge me brûle. C'est lorsque que je leva la tête que quelque chose me frappa. En plus du fait que le soleil descend de plus en plus bas dans le ciel, les majestueux arbres n'ont plus aucune feuilles. Je suis à présent entourée d'arbres nus comme en hiver et tout devient sombre.

Le froid me tenaille. Mais je n'ai plus le choix, il faut que je continue. Une heure? Ou deux? Je ne sais pas depuis combien de temps je marche. Mais le soleil termine sa course et me laisse dans le noir avec pour seule lumière, la lune. Un mauvais pressentiment me traverse.

Est-ce réel ou un rêve?

Je ne sais plus. »

Mais ce sentiment d'angoisse et de terreur est bien vrai.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 17, 2022 ⏰

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