ARIEL SE RÉVEILLA avec les tempes enflées et les jambes emmêlées dans l'édredon. Sa cervelle groggy de sommeil mit de longues secondes à comprendre ce qui l'avait arraché des bras de Morphée : la mélodie discordante de ces carillons démoniaques installés la veille. Lorsque ses oreilles et son cerveau furent enfin sur la même longueur d'onde, un cri provenant de la couchette inférieure finit de le réveiller pour de bon et son cœur manqua un battement.
En jetant un œil par-dessus la rambarde métallique de son lit, Ariel aperçut Camille rouler hors de son matelas en lâchant un hurlement pas plus dégourdi que ne l'étaient ses gestes pour atterrir sur le sol avec toute la grâce et la légèreté d'une enclume. Le mince rayon de lune argenté que laissait filtrer leur velux lui permit d'observer le blond ramper jusqu'au globe terrestre, qu'il s'empressa aussitôt de dévisser. Un tel effort au saut du lit eut au moins le mérite de le faire haleter.
— Tiens-toi prêt ! s'exclama Camille en jetant la partie supérieure du globe à Ariel.
Le brun laissa fuser un rire sec en tâtant la partie creuse de l'objet.
— C'est quoi encore cette invention du diable ? demanda-t-il en devinant du latex gonflé sous ses doigts. Des bombes à eau ?
Camille eut le culot d'arrêter tout mouvement pour prendre le temps de se retourner, d'aligner son visage dans le rai de lumière offert par la lune et d'adresser à Ariel un sourire roublard. Épaulé d'un superbe regard de jade rempli de malice.
— La furie nocturne officielle de ce bahut pourri déteste le caramel, dit-il en décrochant les ballons de baudruche scotchés aux parois du globe.
Camille coinça l'une des boules en caoutchouc entre son pouce et son index et la désigna d'un regard moqueur.
— Quand je veux dire qu'elle déteste ça, c'est qu'elle a – par exemple, au hasard hein – vomi quand un camarade de classe en primaire lui a confectionné une tarte fait à partir de carambars au caramel.
Ariel haussa un sourcil interrogateur, complètement largué. Il hésitait à se pincer la chair du bras pour vérifier qu'il ne rêvait pas. Il n'en eut pas l'occasion, car Camille haussa subitement le ton pour provoquer leur assaillant.
— C'est l'odeur qui l'a tellement écoeuré qu'elle a vomi. Sur les CHAUSSURES de GRÉGOIRE, qui était je cite « le soleil de sa lune » ! acheva-t-il dans un éclat de rire qui illumina son visage comme son anecdote illumina celui d'Ariel.
Un grognement enragé se fit entendre derrière la porte en bois. Puis, une voix féminine explosa :
— J'avais SIX ans ! Ça sonnait ROMANTIQUE !
La poitrine secoué d'un ricanement moqueur mais silencieux, Camille précisa :
— C'est du shampoing au caramel dilué dans de l'eau, oui.
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PERHAPS
Roman pour AdolescentsL'internat est un cauchemar pour beaucoup, mais tout change lorsqu'il le rencontre. Camille, un nom à consonance féminine appartenant pourtant à un adolescent aux cheveux blonds et aux yeux verts. Un sourire lui dévorant la moitié du visage, une mou...