Minuit

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Je suis debout, face à l'océan, et je regarde le soleil se coucher. Cette scène me semble étrangement familière pourtant je ressens un sentiment de plénitude qui m'envahit tout entière. Je ferme les yeux, savourant la chaleur du soleil sur ma peau avant que celui-ci n'aille éclairer l'autre moitié de la Terre. Un gémissement s'échappe de mes lèvres alors que la douce chaleur commence à devenir une brûlure féroce. Les yeux toujours clos, j'essaye de me reculer, de me réfugier à l'ombre des arbres dont je sais qu'ils bordent la plage. Pourtant mes pieds restent figés dans le sable. Qui devient glacial. Ce froid mordant envahit mon corps par le bas, coulant à travers mes veines. Il vient contraster avec la chaleur intense qui brûle dans le haut de mon corps, faisant perler des gouttes de sueur sur mon front et mes yeux. Soudain je ne peux plus résister et j'ouvre mes yeux en grand. L'effroi me saisi : le soleil se rapproche rapidement de moi jusqu'à devenir immense et envahir tout mon champs de vision. Je suis aveuglée par la lumière éclatante qu'il diffuse et pourtant je le vois qui fonce sur moi encore. Je tends les bras en avant comme si je pouvais stopper l'avancée de cette gigantesque boule de matière en fusion. Brusquement, je suis engloutie et je sens ma peau brûler, la douleur devenant insupportable tandis qu'à l'intérieur de moi mes veines diffusent un venin glacé qui me brûle tout autant. J'essaye de crier mais mes cordes vocales sont entrain de partir en cendres. Pourtant un cri retentit soudain, vrillant mes tympans. Alors que je continue de me consumer je réalise que ce n'est pas le mien et qu'il semble avoir un sens. Brusquement je comprends :
"Abigaël!".

Je me réveille en sursaut, de la sueur perlant sur mon front. Je m'étais endormie sur le sable refroidissant. Tout cela n'était qu'un simple cauchemar. Tout sauf le cri que j'entends encore. Haletante, je cherche autour de moi d'où il peut bien provenir. Je vois Clément et Benoît vers la forêt tandis que de la lumière s'échappe des fenêtres de la cabane, me permettant de voir deux ombres s'agiter à l'intérieur. Je devine que c'est Thibault et Rachel. Confuse, je cherche Bastien des yeux et me rends compte qu'il se tient juste derrière le feu, réduit à l'état de braises ardentes, me tournant le dos. Il doit sentir mes mouvements car il se tourne vers moi et me sourit. Pourtant je le connais bien et je vois de l'inquiétude dans se sourire, accentuée par la lumière rougeoyante des braises.
- Qu'est-ce qui se passe?
- A tu t'es réveillée. Abigaël a disparue mais on osait pas te réveiller alors les autres se sont séparé pour la chercher pendant que je restais avec toi.
- Comment ça Abby a disparu?! Qu'est-ce qui c'est passé?
- Justement on en sait rien. Nous étions tous entrain de discuter sur le bord de l'eau, j'ai remarqué que tu t'étais endormie et ça nous a bien fait rire. On ne s'est pas rendu compte de suite qu'Abby n'était plus là, tu la connais, elle est très discrète, et lorsqu'on a remarqué qu'elle n'était plus assise avec nous, personne n'aurait pu dire depuis quand.

Pendant son explication Bastien se passe la main dans les cheveux à plusieurs reprises sans oser me regarder. Comme s'il essayait de nier sa responsabilité dans la disparition d'Abby. Je sens la colère monter en moi fasse à son attitude qui me parait être celle d'un lâche. Je me redresse et me dirige à pas rapide vers la cabane. Bastien me suit, penaud. Nous arrivons sur le pas de la porte, provoquant la surprise de Thibault et Rachel. De l'espoir passe brièvement sur le visage de cette dernière mais il laisse place rapidement au désarroi.

Nuit écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant