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Hello le monde, ici Elle.

Un prénom de pronom, oui, je sais, ça donne des envies de moquerie. À l'école, c'était compliqué, mais je vous assure qu'on s'y fait.

Je suis une pure parisienne, et à Paris, les noms étranges, on a l'habitude. Alors finalement, ce n'était pas si compliqué que ça peut paraître. J'y ai vécu toute ma vie, seule avec ma mère, jusqu'à sa perte tragique, début juillet. C'était ma meilleure amie, ma confidente, ce que j'avais de plus cher. Mon monde est mort avec elle.

Mon père, quant à lui, a été un homme d'affaire, qui a vécu dans un étrange pays, petit et sous le régime de la royauté. Avec ma mère, ils avaient eu une romance sincère et passionnelle mais courte.

Mon père était aimant, un peu absent mais quand même aimant. Il ne m'a jamais oublié, pour les anniversaires, le nouvel an ou tout autre fête. Il a refait sa vie, il y a deux étés de cela, je suis même allé à son mariage, j'allais, pour l'occasion, dans son pays pour la première fois. Je dois dire que c'est magnifique, préservé de tout, une sorte d'îlot de paradis, beaucoup de verdure, une plage magnifique et des couchers de soleil à couper le souffle. C'est lors de ce voyage que j'ai rencontré sa nouvelle femme, et ses deux filles. De prime abord, elles m'ont semblée toutes assez douces et gentilles. Les jumelles, Ana et Gia sont très coquettes et féminines, ce qui est très loin de mon univers de skate, freerun et jeu vidéo. Mais les opposés s'attirent, non ?

Vous vous en doutez surement, depuis la mort de ma mère, je suis partie vivre chez mon père. J'ai dit adieu à tout, mes amis, mon quartier, ma ville, mon pays, j'ai quitté toutes mes attaches, mais sans ma mère, qu'importe où je devais vivre, un bout de mon cœur n'était plus là.

Arrivée là-bas, je ne suis pas sortie de ma chambre pendant un mois. Mon père a alors annulé ses vacances pour rester avec moi, sûrement alarmé par mon comportement.
Je dois avouer que c'était bien d'être avec lui. On était que tous les deux et j'ai enfin pu apprendre à le connaître.

Puis, est venu l'heure de la rentrée, les trois femmes sont revenues et mon père est retourné travailler.

Et moi ? J'avais eu mon bac, en France, l'année passée. J'ai donc pensé en avoir fini avec le système scolaire mais je me suis trompé. Ici, l'école se poursuit encore deux ans. Deux ans de lycée en plus. Un calvaire ? Oh que oui. C'est ce qui nous amène maintenant, le vingt-six septembre, jour de rentrée. Vous remarquerez que même la rentrée est étrange ici. Hier soir, ma charmante marâtre m'a gentiment apportée mon uniforme. Une jupe bleu assortie à un t-shirt aux manches longues. Diable, on est d'accord qu'en hiver, j'aurai un pull et un pantalon ? Je suis très frileuse, j'ai besoin d'être couverte, moi. 

Réveillée aux aurores par un coq, je suis incapable de dormir de toute façon, j'avoue avoir un peu peur de cette rentrée. Je n'ai jamais été très sociable, je n'en n'ai jamais eu vraiment besoin. J'ai toujours préféré la qualité à la quantité pour mes amis.
Habillée, je me regarde devant mon miroir, j'ai fait la coiffure préférée de ma mère, une jolie tresse, je la revois soudainement dans mes traits. On nous avait souvent dit que notre ressemblance était frappante, mais là, elle me donne surtout envie de pleurer. Rassemblant mon courage, je me décide enfin à descendre.
Dans la cuisine, mes deux « demi-sœurs » prennent leur petit déjeuner, elles parlent, enfin commèrent plus précisément.

« - Tu crois qu'il sera là dès le premier jour ? L'année dernière, il est arrivé au bout de trois semaines.

- Je n'en sais rien Gia, je m'en contre fiche d'ailleurs.

- Mais bien sûr, fais croire ça à qui tu veux, mais pas à moi. Je suis ta sœur. Tu l'as épié sur les réseaux toutes les vacances, tu l'aimes encore.

Elle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant