Sweet disaster

I.

Je sens quelque chose qui passe sur moi, j'ouvre les yeux lentement, réveillée par ce qui s'avère être un rat. Je met du temps à comprendre, puis me redresse d'un coup et le dégage d'un mouvement rapide de la main. Je fronce les sourcils lorsque je découvre que ma peau est rouge vive, parsemée de blessures et que mes vêtements sont déchirés. La douleur survient, vu le soleil tapant qui m'empêche de regarder le ciel, ce doit être des coups de soleils, de sacrés coups de soleils ; je touche légèrement les autres blessures, ou plutôt égratignures, cela m'a tout l'air superficiel et le sang est séché. Je sort de la voiture délabrée où je dormais, non pas sans ressentir la douleur de ces affreux coups de soleils, et je remarque que je porte une sacoche. La sacoche part elle aussi en lambeaux, je l'enlève en y sortant la seule chose que je peux y retrouver : une lettre.

« Rowan » est écrit sur l'enveloppe.

Quelque chose cloche. C'est le prénom d'une femme qui est écrit. C'est l'élément déclencheur qui me fait comprendre que je ne sais plus qui je suis. Je relève la tête et regarde autour de moi. Je ne connais pas cet endroit, la sacoche tombe de ma main, sous ma surprise. Je regarde tout autour, et je commence à paniquer, qui suis-je ? Où suis-je?

Même si je ne me souviens pas de ma vie, il est clair que je n'ai jamais été aussi perdue. Mais bizarrement, même si je ne me souviens plus de mon identité, je sais ce qu'il s'est passé ici, autrement dit j'ai vu les catastrophes qui ont laissé derrière cette apocalypse, et je sais comment ça marche maintenant, qui est aux commandes.

Je plie l'enveloppe non-ouverte et la range sous mon haut, dans ma brassière, là où personne ne la trouvera au cas où.

Je ne reconnais pas cet endroit mais il est trop en vue pour que j'y reste plus longtemps, je me demande même comment j'ai pu dormir sans que rien ne m'arrive. Je dois être suffisamment éloignée du QG de ceux qui dominent après l'Evenement. Je ne sais pas comment on les appelles mais je sais qu'ils traquent les individus encore à l'extérieur pour soit les tuer, soit les recruter. Je ne sais pas comment je sais tout ça mais je le sais.

Dans tout les cas, il faut que je me cache, maintenant. Je rejoins alors les bâtiments alignés à gauche, et rentre dans une petite épicerie. Il n'y a pas de lumière, normal, puisque c'est désert mais ce n'est pas vraiment pratique. Je prends dans mes bras le plus de sachets d'aliments possible, jusqu'à ce que j'entende du bruit de l'autre côté de la rue.

Je panique, ce sont des bruits de pas et, vu le bruit, ces personnes sont peut-être quatres ou cinqs... Ça m'étonnerait que ce soit des gens comme moi, qui ne cherchent qu'à survivre. Je remarque qu'en haut d'un des mur de la supérette il y a un espace où je pourrais me cacher dans l'ombre. Je lache les sachets et monte alors grâce à l'ancien rangement de magazines. Une fois en haut, j'essaye de faire abstraction des araignées et autre « choses » dont je ne sais même pas le nom. Il n'y a pas beaucoup d'espace, je suis accroupie et ma tête est recourbée.

Je met mes mains sur ma bouche pour camoufler ma respiration, je les entends qui sont très près...

La porte de la supérette s'ouvre et laisse place à deux hommes en noir. Ils sont vraiment imposants, avec de grosses bottes, une tenue épaisse, sûrement pas pour se protéger du vent, et ils portent un masque-lunettes à verres noir sur leurs yeux. Je me mord la main pour éviter de faire du bruit.

Ils commencent à piller le magasin, ils en sortent des sacs de la supérette, puis l'un regarde au plafond, fait le tour du magasin avec ses yeux. Il ne m'a pas vu, s'il te plaît ne regarde pas une autre fois! Il regarde une autre fois. Et cette fois-ci son regard s'arrête sur moi.

Clairement, que faire dans une situation pareille? Je pense que si je reste là haut, ils trouveront un moyen de me faire descendre, c'est certain. Bon ils ne sont que deux. Mais sûrement armés. Merde!