Chapitre 4

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Marc ramena son regard sur Lys, et lui essuya de ses pouces, le coin de ses yeux, pour chasser les nouvelles larmes. Ouvrant par la suite la bouche, il lui demanda :

- « Où étais-tu la dernière fois que tu as vus tes parents ? »

- « Près d'un grand magasin avec tout pleins de décorations. Maman parlait avec papa, et moi, j'ai vu un autre grand magasin où il y avait tout pleins de chocolat derrière une vitrine. J'adore le chocolat. Mais maman ne veut pas que j'en mange trop, c'est pas bon pour la santé. J'ai donc voulu aller voir de plus près, et j'ai lâché la main de maman, avant de courir vers le magasin. Il y avait beaucoup de bruit, et beaucoup de personnes. J'ai cru entendre maman m'appeler, donc je me suis retournée, mais je ne la voyais plus. Papa aussi avait disparu. J'ai cherché, mais je me suis perdue. »

La fin de sa longue tirade se termina par une pluie de larmes sur ses joues rondes, et rougis par le froid. Marc en eu un pincement au cœur. Cette petit Lys lui rappelait sa fille. L''homme secoua vigoureusement sa tête parsemée de cheveux d'un noir d'encre. Ce n'était ni le lieu ni le moment aux lamentations. Cette petite était perdue, et avait besoin d'aide. Et Marc comptait bien l'aider. Prenant les deux petites mains gantées de Lys dans les siennes, il lui dit, droit dans les yeux :

- « Lys, je te promets que nous allons retrouver tes parents, soit en sûr. Mais pour cela, il va falloir sécher ses larmes, car je me fait vieux, donc ma vision s'amenuise comparé à la tienne. Avec tes yeux de lynx, tu vas pouvoir repérer ton papa et ta maman facilement, mais seulement s'ils ne sont pas gênés par des larmes. Qu'en penses-tu ? »

Un petit hochement de tête lui répondit, et la petite se frotta énergiquement les yeux pour faire disparaître toute trace de larmes. Marc sourit. Lys aussi.

- « Bien.. » Marc se redressa de toute sa hauteur. « Lys, nous allons faire le tour du marché afin de retrouver ce magasin de chocolat et de décoration d'accord ? Ce sera notre base de recherche. » Termina-t-il avant de prendre sur ses épaules la petite fille.

Celle-ci poussa un petit cri de joie face à la vue qui s'offrait alors à elle. Elle voyait tout, absolument tout. Surplombant chaque passant de deux bonnes têtes, elle pouvait voir tout le marché, et même les rues adjacentes. Mais parmi la multitude de têtes présentes, aucunes n'étaient celles de ses parents. La voix de l'homme l'a fit sursauter :

- « Ouvre bien les yeux surtout, tes parents te cherchent et nous, nous les cherchons. Cela va être du gâteau de les retrouver, crois-moi ! »

La petite fille commençait à beaucoup aimer cet homme imposant. La première fois qu'il s'était approché, elle avait cru voir son père. Mais ce n'avait pas été lui. Pourtant, elle s'était précipitée vers cet homme. Et, protégée par son corps et son vêtement, sentant le bois brûlé et la terre humide, la petite fille s'était calmée. Il avait été gentil par la suite. Et maintenant, il l'aidait. Sa maman lui avait toujours dit de ne pas parler aux inconnus, mais Lys ne comprenait pas pourquoi, car si tous les inconnus était comme Marc, alors ils étaient tous très gentils. Pourquoi donc ne pas leurs parler ? La voix de Marc la sortit une nouvelle fois de ses songes :

- « Pas trop froid en haut ? »

- « Non, non ça va. » Répondit doucement Lys, qui se remit aux aguets.

Tandis que le duo partait, les passants, restés en retrait, ne dirent mots. Cela soulagea l'homme, qui avait déjà un peu trop attiré l'attention sur lui. Il mit ainsi cap vers le seul magasin de chocolaterie proche du marché. Et aussi de la commune. Leur inspection dura une bonne demi-heure, sans résultats. Marc ne se décourageait pas, et essayait de stimuler au mieux la plus jeune. Enfin, alors que les rues se vidaient et que la place du marché devenait plus abordable, les deux comparses entendirent des cris et des bruits de pas précipités. Quand Marc se retourna vers l'origine du bruit, Lys, sur ses épaules, hurla :

- « PAPA ! MAMAN ! »

Tout en faisant descendre l'enfant de son perchoir, Marc observa le couple qui s'approchait. Ils étaient tous deux bruns. « Adieux préjugés » Pensa Marc en se redressant. Lys courut à son tour à leur rencontre, pour se jeter dans les bras de ses parents. Tous trois étaient en pleurs. Un immense soulagement se voyait sur les visages des deux compagnons. Ils avaient eu une frayeur terrible quand Lys avait lâché la main de sa mère pour disparaître dans la foule. Puis ça avait été la panique. Ne la retrouvant pas, ils avaient cru au pire. Or, tel un miracle, ils l'avaient enfin aperçu, sur les épaules de cet homme.

La scène réchauffa le cœur de Marc. Tout était bien qui finissait bien. Le père releva soudain ses yeux d'un bleu vert, vers Marc, qui lui sourit, avant de tourner les talons. Son ventre criait famine, comme chaque jour, et à la suite de cet incident, il n'avait pas encore trouvé de quoi se sustenter. Il aurait pourtant tant voulu dire au revoir à cette petite Lys, à qui il s'était attaché. Cette petite avait été une véritable pipelette, lui racontant des anecdotes sur elle, sur sa vie, son école, et bien d'autre encore. Comme si tous deux s'étaient depuis toujours connus. L'innocence enfantine. Marc en était envieux. Certains adultes d'aujourd'hui ne prenaient même plus la peine de s'adresser aux autres, même pour de simples politesses, tel que « Bonjour ». Alors que Marc soupirait de lassitude, une main s'abattit sur son épaule gauche, le faisant stopper net. Se retournant, il vit que la personne devant elle n'était autre que le géniteur de la petite Lys.

- « Monsieur, permettez-nous de vous remercier de nous avoir retrouvé et rendu notre fille. »

- « Éric, va donc lui offrir un café, allez-vous réchauffer, et venez à la maison dans 1 heure. » Intervint soudain la femme en s'approchant. Elle avait essuyé ses larmes, et un sourire avait naquit sur ses lèvres roses. La petite Lys était dans ses bras, enfin calmée, et regardait intensément Marc.

Celui-ci n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, que la femme partait déjà, emportant avec elle, la petite fille, qui se retourna pour regarder son père et Marc, restés sur la place.

- « Quand elle a décidé quelque chose, personne ne peut la dissuader. » Rigola le prénommé Éric, en se tournant vers Marc, et lui tendit une main en se présentant : « Comme vous avait dû l'entendre, je m'appelle, Éric. Enchanté. »

- « Marc, de même. » Répondit l'homme, déstabilisé par ce revirement de situation.

- « Vous venez ? » Conclut l'homme en faisant signe à Marc de le suivre.

Il n'eut d'autre choix que de lui emboîter le pas. Et de toute façon, il n'avait rien d'autre à faire. De plus, l'idée d'un bon café ne lui déplaisait guère. Cela faisait bien trop longtemps qu'il n'en avait bu. Dans sa bouche, la goût âpre, chocolaté et sucré s'immisça. Ses papilles avaient gardé en mémoire le goût du café qu'il prenait autrefois chaque matin. Alors que Marc était perdu dans ses pensées, le duo arriva devant un petit café, à la devanture vieillie et à la pancarte d'un bois terni par le temps. Marc releva la tête vers celle-ci, qui annonçait : "Chez Madeline".

- « C'est notre café préféré avec ma femme, Yuri. Et la patronne fait de délicieux cookies ! » Dit Éric, un petit sourire aux lèvres, avant d'ouvrir la porte. 

Un Noël particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant