Chapitre 3

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Fin de matinée, rien d'intéressant n'avait été trouvé. Le soleil était haut dans le ciel remplis de nuages, assombrissant les lieux. Pourtant, tout était bien éclairé. Tout en se promenant parmi les dédales de ruelles, Marc voyait des guirlandes lumineuses s'aligner çà et là, entourant les magasins, les lanternes et autres objets des quartiers. Clignotant ou non, elles étaient principalement de couleurs bleues, rouges ou blanches. Les petits bosquets étaient eux aussi décorés de petits lutins, de mini sapins de Noël ou encore de lumières. Marc ne savait plus où donner de la tête, devant ce kaléidoscope de couleurs et de lumières. Les images défilaient devant lui, de même que les passants et odeurs. L'homme arriva enfin devant la grande place, où se tient le marché de Noël, avec en son centre, un immense sapin de Noël décoré. Ouvert de jours et un peu dans la nuit, des tonnelles de luxes se sont élevées, tels des champignons, et il n'avait pas fallu longtemps avant que la place ne soit remplie de vendeurs et d'acheteurs, ou simplement de passants venus observer les ateliers de toutes sortes et de toutes variétés. On pouvait y trouver des vêtements, des vendeurs de marrons grillés ou d'autres aliments, des vendeurs de pierres polis ou de petites figurines de noël, mais aussi des peintres venus exposer leurs œuvres. Marc s'y attardait toujours longtemps, attirant l'attention des passants, qui le regardait des pieds à la tête, mal à l'aise. Être SDF avait aussi cet inconvénient. Tout le monde le regardait d'un œil penaud, dégoutté ou même de haut. Comme si être bien habillé et avoir de l'argent leur permettez de se mettre au-dessus de personnes tel que Marc. L'homme avait en horreur ce genre de personne. Tous étaient sur le même tremplins, égaux. Quoi qu'il en soit, le jeune homme évitait soigneusement la foule, mais ne pouvait résister à l'envie de regarder des gravures, des dessins ou des peintures. Il aimait l'art. Depuis toujours. Mais aujourd'hui était un jour à éviter. Aujourd'hui était la pire des journées pour sortir. Un brouhaha infernal s'élevait de la place. Une cohue humaine était regroupée autour des échafaudages. Une odeur de marrons grillés flottait dans l'air. Le ventre de Marc gargouilla une nouvelle fois, ce qui fit grimacer l'homme, qui se mit une main sur son ventre plat. Alors qu'il allait faire demi-tour pour fuir cette masse humaine, des pleurs le fit s'arrêter. Des pleurs d'enfants. Levant la tête, l'homme regarda tout autour de lui. Et c'est là qu'il la vit. Une petite fille, ayant quelques années de moins que ses enfants, se tenait debout, pleurant à chaudes larmes. Ses cheveux d'un blond cuivré, et indomptables encadraient son visage. L'enfant était entouré de quelques passant, qui semblaient essayer de la consoler. Quatre filles et un garçon pour être précis. Trop de monde autour de ce petit être apeuré. Aucun parmi eux n'avait les cheveux blonds, pouvant suggérer être le parent de l'enfant. S'étant arrêté à distance respectable, Marc observait le déroulement de la scène. Les pleurs de l'enfant redoublaient devant les vaines paroles des adultes. Les cris faisaient se retournaient de plus en plus de passants, interrogateurs. Cela mit mal à l'aise les personnes, qui se relevèrent. Ne supportant plus de rester spectateur, Marc s'approcha du petit comité. A l'instant même où il franchit le cercle des passants, la petite releva ses yeux directement sur lui. Des yeux d'un vert émeraude pur, qui déstabilisa totalement le jeune homme. Mais ce qui le déstabilisa plus encore, c'est quand l'enfant se précipita dans ses jambes en s'agrippant avec force à son long manteau. Il resta stupéfait quelques secondes avant de s'agenouiller auprès de l'enfant. Se concentrant sur la petite et non sur les regards surpris ou méfiants des passants, Marc posa sa main gauche sur la tête de l'enfant. Caressant doucement ses longs cheveux, il lui murmura des mots rassurants afin de calmer la petite, toujours en pleurs. Blottis contre son torse, et protégée du froid par les pans du manteau de l'homme, l'enfant se calma vite. Une fois que Marc n'entendit plus que de simples sanglots étouffés, le jeune homme recula pour faire face au visage enfantin, mouillé de larmes. Il prit alors un coin de sa manche dans sa main et essuya larmes et morves. Peu ragoutant, mais Marc avait vu bien pire, ses temps-ci. Il y fit donc abstraction, et une fois la tâche accomplie, demanda à la petite son prénom.

- « Lys. » Renifla celle-ci.

- « Moi c'est Marc, enchanté Lys. Mais que fais-tu ici toute seule ? Où sont tes parents ? »

Marc fit une pause en remarquant son questionnement absurde. Si cette enfant s'était retrouvée seule à pleurer toutes les larmes de son corps, ce n'était que pour une seule raison. Du moins, c'est ce que se dit Marc, avant de remarquer la réaction de la petite à l'entente du mot « parents ». Des perles de cristal étaient apparues au coin de ses yeux, et les bords de ses lèvres commencèrent à tressauter. La théorie de Marc fut confirmée. Cette petite s'était perdue. Vu la foule grandissante du marché, cela n'étonna guère le jeune homme qu'une telle chose puisse se produire. Mais maintenant, Marc se donna la charge de retrouver les parents de la petite. Il se le promit intérieurement. Il ne savait que trop bien le sentiment de perdre son enfant. Il ne voulait et ne souhaitait pas que cela arrive à quiconque aime son enfant. 

Un Noël particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant