Chapitre 2

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Le soleil se leva. Marc, encore groggy, recroquevillé par terre, essayant en vain de se tenir chaud, ouvrit un œil. Le referma. Puis ouvrit les deux. Devant lui, le ruisseau de la commune reflétait les couleurs ocre de l'aube et s''écoulait toujours aussi doucement. Marc se perdit dans sa contemplation, avant de lever le regard vers le ciel. Des nuages blancs le parsemaient, et le soleil, caché, projetait ses rayons au travers des nuages dans des couleurs allant du rose au mauve en passant par un jaune doux. « Un magnifique tableau de couleurs. » Pensa Marc, émut. Depuis qu'il s'était retrouvé SDF, Marc avait appris à s'extasier devant tout ce que la vie, et le monde lui offrait. Chaque matin était un ciel différent. Un aspect différent. Un sentiment différent. Et il appréciait chaque minute d'observation. Marc se leva soudain pour bouger. Il devait se réchauffer. Il ne sentait quasiment plus ses doigts de pieds, gelés de froids. En observant les alentours, il découvrit que tout ses camarades étaient déjà partis, à l'exception de Paul, assis contre le tronc d'un chêne, la tête penchée en avant. Marc prit soudain peur. S'avançant d'un pas rapide vers son ami, il lui secoua l'épaule doucement. Aucune réponse. Puis plus fort. Un grommèlement se fit alors entendre, puis Paul releva sa tête. Les yeux à moitiés ouverts, il tourne son regard vers un Marc soulagé.

- « Désolé petit père, fausse alerte. Mais le jour se lève, il va bientôt être temps de partir. »

- « Gn'core cin' p'tite min'. » Grommela Paul avant de bailler profondément et de refermer ses yeux.

Marc secoua sa tête. Paul était toujours le dernier levé, grand dormeur qu'il était. Enlevant la petite couverture sale sur ses épaules, l'homme la déposa sur son ami pour le couvrir du mieux qu'il pût. Une fois l'action accomplie, Marc se releva pour rallumer le feu. Il dû s'y reprendre à trois fois avant qu'une petite flamme jaillisse. La chaleur se prodigua. Marc laissa ainsi son ami, toujours endormie, un petit feu crépitant à ses côtés. Marc observa une dernière fois les environs. Personne. Il partit donc arpenter les ruelles de la commune, encore endormie.

L'aube touchait à sa fin. Les boulangeries ouvraient. Des délicieuses odeurs de pains chauds et de confiseries parvinrent jusqu'au nez de Marc. Il en saliva de plaisir. Son ventre gargouilla d'envies. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas mangé de chocolatines ou de croissants, ni même un petit gâteau que ce soit. Parfois, ils arrivaient à prendre du pain dure et souvent moisis dans des poubelles, mais cela n'était pas la même chose ni la même sensation, ou encore moins le même goût, qu'un bon pain sorti du four. Mais ce soir était le réveillon de Noël, ce qui signifiait que d'important restes seront jetés dans les poubelles, comme chaque année. L'année dernière, ses camarades et lui avaient trouvé un reste de dinde grosse comme un ballon de foot, à moitié mangée. A cinq, cette délicieuse trouvaille n'avait pu leur durer malheureusement qu'une semaine, faute de conservation. En faisant d'autres poubelles, ils avaient trouvé des restes de toutes sortes, allant de la bûche de Noël écrabouillée à des légumes sautés. Pendant quasiment toute la fin du mois de décembre, jusqu'au milieu janvier, ils avaient pu, enfin, avoir des repas qu'ils nommeraient de « décent ».

Aujourd'hui, le matin du 24 décembre, Marc allait rendre une petite visite aux poubelles des restaurants. 

Un Noël particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant